Chapitre 1 : Grégory

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Grégory jeta son téléphone sur son lit. Sa mère lui avait à nouveau envoyé un article où un pseudo-médecin expliquait en quoi l'homosexualité était une maladie psychologique, et qu'il était possible d'en guérir. Alors, à nouveau, il se dit que le financement de ses études par cette femme ne valait pas les souffrances qu'elle lui faisait endurer, et qu'il ferait mieux de bloquer son numéro pour lui échapper.

Mais ses études, son diplôme, il y tenait. Ils étaient pour lui la porte de sortie vers une vie meilleure, moins compliquée sur le plan financier, une vie où il ne dépendrait plus de sa génitrice, où il pourrait aider son père à élever Sophia. En regardant la photo de son père avec sa jeune sœur et lui, posée sur sa commode, il soupira. Le cadre, plus petit que la photo originelle, lui avait permis de rayer sa mère de l'équation.


Sur le lit, l'appareil carillonna. Le brun sourit. Ce n'était pas le son qu'il avait attribué à tous les appels et messages de sa génitrice. Il attrapa son smartphone, et ouvrit l'application de chat.

De Piero42 : T'es libre ce soir ?

De Greg27 : T'as besoin de te faire prendre ?

De Piero42 : Tu sais que j'adore quand tu me la mets ! Alors, dispo ou pas ?

De Greg27 : Ouais mais pas avant 23h.
Faut que je sois sûr que ma frangine dorme.

De Piero42 : Ça veut dire que je ne pourrais pas crier ?

De Greg27 : C'est ça ou rien. A toi de voir.

De Piero42 : Je viens. A tout à l'heure bébé !


Il referma l'application et s'allongea sur son lit. De l'autre côté de la fine cloison, il pouvait entendre sa cadette chanter les paroles d'une chanson qu'à coup sûr elle ne comprenait pas. Ou, si elle les comprenait, alors il avait de la peine qu'elle ait aussi peu d'estime pour elle-même et les autres femmes. Car plus misogyne et rabaissant que ce texte, il avait rarement entendu. Mais d'autres paroles lui parvinrent, homophobes cette fois, et il craqua. Cherchant le texte et sa traduction sur le net, il envoya le lien dans la chambre voisine, et, quelques minutes plus tard une furie aux boucles artificielles aussi brunes que lui déboula dans sa chambre.

_ Z'zuis dézolée ! » zozota-t-elle à cause de son appareil dentaire.

_ T'as le droit d'écouter ce que tu veux, Soph'. Fait juste un peu gaffe aux paroles. C'est de la merde, là !

_ Z'ai vu. Mais Brian, il adore ze zanteur.

_ Si j'entends ce mec te parler comme ça, je lui pète les dents !

_ Non ! Zi tu fais za, il voudra plus être mon zéri !

_ Un connard comme ça, on s'en passera ! » regarda-t-il le plafond en croisant les bras derrière sa tête.

_ Z'est pas parze que toi, t'as pas de zéri, que z'ai pas le droit d'en avoir un ! En pluz, Brian, il est trop beau !

_ Retourne dans ta chambre, Soph'.

_ Papa rentre quand ? » s'enquit l'adolescente.

_ Jeudi, normalement.


La jeune fille regagna sa chambre et, deux heures plus tard, alors qu'il relisait ses cours, son aîné l'entendit éteindre sa lampe de chevet. Il était temps. Son plan cul n'allait pas tarder à arriver.

De Piero42 : Je suis en bas !

Gregory ne prit même pas la peine de répondre, et alla appuyer sur le bouton de l'interphone. Quelques instants plus tard, de petits coups à la porte retentirent, et il ouvrit à un jeune homme blond, qu'il attrapa par le bras, fit entrer, et plaqua au mur pour l'embrasser tout en refermant la porte.

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant