L'amant des autres [Terminée]

Chapitre 23 : Encore une semaine loin de lui

De chez Joeffrey, Stéphane n'avait pas pris la peine de repasser chez ses parents. Il était monté dans un train, et s'était enfermé dans son studio. Il avait besoin d'être seul pour réfléchir, loin des cris des disputes de ses géniteurs.

Les révélations de son petit noiraud en début de soirée avaient bousculé nombre de ses croyances à son égard. Il se demandait pourquoi il ne lui en avait jamais fait part depuis qu'ils se connaissaient. Certes, ça n'aurait peut-être rien changé aux choix qu'il avait faits pour sa vie professionnelle, mais peut-être aurait-il envisagé les choses sous un autre angle, peut-être aurait-il pu passer plus de temps avec lui, à juste le cajoler au lieu de coucher avec lui dès que l'occasion se présentait. Même si, il en était certain, le plus petit trouvait son compte dans leurs arrangements, il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il avait profité de son besoin pour satisfaire ses propres désirs. Il avait pu le voir tout au long de la semaine, Joeffrey se contentait très bien d'être juste dans ses bras, sans sexe.

Y repenser lui fit d'autant plus mal qu'il était à présent seul, alors qu'il aurait encore pu passer cette nuit et la suivante contre lui.

Mais il y avait cette histoire avec Grégory, cette idée étrange que leur avait soumise Joeffrey. Il n'avait pas dit non, parce que ça aurait voulu dire le perdre. Mais de là à dire oui, à accepter de le partager. Bien que, comme l'avait dit l'autre, lui le partageait déjà avec Antoine, James et Fred. L'avantage de cette idée était donc qu'il n'aurait plus à le partager qu'avec un seul autre mec. Le problème restant le mec en lui-même.

Il avait conscience que c'était arbitraire, mais il ne pouvait pas le voir en peinture, et ça datait d'avant même qu'il ne parle mal au noiraud la première fois. Quand il y réfléchissait, qu'il était honnête avec lui-même, sans chercher à se donner le beau rôle ou à masquer ses préjugés, il devait admettre qu'il lui trouvait un côté ''bas de gamme'' avec son éternelle tenue de sport, et il n'aurait pas été surpris d'apprendre que le jeune homme venait d'une famille bien moins aisée que les leurs. Pourtant, le simple fait qu'ils appartiennent à la même université, dont les frais étaient élevés et qui n'acceptait ses étudiants que sur dossier, laissait penser qu'il n'était pas si démuni ni pauvre, ne serait-ce qu'intellectuellement. Il n'empêche, il devait l'admettre, il se pensait supérieur à Grégory, et ce sur bien des points.

Mais c'est à lui et à ce mec que Joeffrey avait fait son offre, et l'autre avait déjà accepté. En repensant au spectacle qu'il avait interrompu dans la cuisine, il se doutait que son rival devait être en train de profiter de son absence, et ça le mettait en rage.

Cependant, il devait lui reconnaître une chose : il prenait soin de Joeffrey. Il l'avait secouru, était resté à ses côtés quand il lui avait fait faux bon. Oui, même si ça lui faisait mal de l'admettre, Grégory avait tout l'air d'être un mec bien. Ce qui, en un sens, n'arrangeait pas ses affaires. S'il avait été question d'un crétin, un menteur, manipulateur... Il n'aurait eu aucun problème pour l'évincer. Mais en dehors de sa propre aversion pour lui, il n'avait rien à lui reprocher.

Au final, la question était simple : était-il prêt à supporter Grégory pour avoir Joeffrey ?

Et puis, il y avait cet autre point dont Joe leur avait parlé : ses cauchemars et ce frère jumeau tout droit sorti d'un chapeau, ce Thomas. Et s'il était prêt à avaler cette histoire, une chose le mettait en rogne : sur ce sujet, une fois de plus, le noiraud n'avait pas eu assez confiance en lui pour lui parler avant aujourd'hui, mais il était clair que Grégory était au courant. Ensuite, peut-être n'avait-il jamais assez insisté pour le connaître mieux. N'était-ce pas le reproche que Joeffrey lui avait fait ces dernières semaines ?