Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 7.Par Delà la Souffrance

Parallélisme

Zelda papillonna des yeux et regarda le ciel noir. Décidément, elle n'arriverait pas à dormir plus d'une heure...

Son regard se posa aussitôt sur un emballage long et fin, d'où dépassait une fusée bleu nuit. L'épée de légende. Zelda soupira et se redressa, s'extirpant des plusieurs couches de couvertures qui lui offraient un semblant de chaleur dans cette nuit glaciale.

Lucia montait la garde en attisant les braises qui restaient, enveloppée dans son poncho gris. Elle leva la tête en voyant sa protégée redressée, et lui sourit discrètement.

"Déjà réveillée ?

- Oui, je n'arrive pas à trouver le sommeil...

- Rapproche-toi du feu, la température a encore baissée ces dernières heures.

- Je ne savais pas que c'était possible..."

La jeune fille s'avança aux côtés de la femme sheikah près du foyer et tendit ses mains vers les braises chaudes.

"Tu veux pas dormir un peu ? Tu dois être crevée... demanda-t-elle à l'ex-Yiga.

- Ne t'en fais pas pour moi, je tiens le coup. Et puis Impa m'a donné pour mission de te protéger, et je l'accomplirai coûte que coûte."

Zelda ne sut quoi répondre à cela, et se contenta de se rapprocher un peu plus du foyer. Elle détourna le regard, qui se reposa instinctivement sur la lame purificatrice enveloppée de couvertures. Lucia le remarqua, et brisa le silence :

"Alors c'est vraiment l'épée du Héros... Comment t'en ais-tu emparé ?

- Je... C'est quand les hommes d'Astor m'ont lâché... Une sorte de force inexplicable m'a attiré vers le fond de la pièce... Sans savoir ce que je faisais, j'ai couru vers l'arme, exposée dans les escaliers. Je ne l'avais même pas vue, je ne savais pas qu'une épée était ici, c'est comme si une partie inconsciente de moi l'avait toujours su...

- "L'avait toujours su"... répéta son interlocutrice, pensive. Quand je vivais encore à Cocorico, le chef du village, le père d'Impa, contait souvent l'histoire du Héros aux enfants. Il répétait que tous les Héros n'étaient en réalité qu'une seule et même âme d'origine divine de plusieurs dizaines de millénaires, et qui se réincarnait dès qu'on avait besoin d'elle dans le corps d'un jeune chevalier au cœur pur et au courage démesuré.

- Une seule et même âme...?"

Zelda baissa les yeux sur ses mains pâlies et gelées par le froid. Si ce que disait Lucia était vrai, son âme serait celle des anciens Héros...? Son père ferait-il parti intégrante d'elle, dans ce cas...? Mais pourquoi aurait-elle été choisie, elle qui n'était ni chevalier ni particulièrement courageuse, comme héritière de ce pouvoir séculaire ?

Lucia ne quittait pas sa pupille des yeux. Elle la sentait troublée et seule, comme une enfant perdue, ce qu'elle comprenait parfaitement compte tenu des nombreux événements traumatisants de la veille. Elle arrivait de plus en plus à se projeter en cette jeune fille, et cela lui faisait de la peine de la voir ainsi. Elle arrivait à ressentir sa douleur, et pour rien au monde Lucia ne souhaitait cela à quelqu'un. Elle se souvint soudain du moyen qu'utilisait jadis sa mère pour apaiser sa sœur malade, et qui lui redonnait toujours le sourire.

"Selon une très vieille légende, commença alors la guerrière en reposant son regard sur les braises, après que la vigoureuse Din ait créé la terre et que la sage Nayru ait instaurée l'ordre et l'harmonie, la vaillante Farore se pencha à son tour sur notre monde. De ses mains fertiles, elle donna naissance aux deux premiers être vivants de notre univers : un jeune garçon aux cheveux blonds comme les blés, et une jeune fille aux prunelles aussi pures que les lagons."