"...car c'est de tes mains salvatrices, maternelles et bienveillantes que tu protégeas la vie des tiens, mettant ta propre existence en péril maintes et maintes fois. Tu héritas du noble et sage prénom de tes ancêtres, que tu sus mettre à l'honneur par le biais de tes actions, toujours guidées par la bonté sans limite qui habite ton cœur et ton âme, jusqu'à tes derniers instants que tu dédias sans peur ni hésitation à la cause de la justice, de la liberté et de la fraternité. Puissent les déesses saluer ton incommensurable courage, et puissent ta loyauté et ta force nous inspirer, nous tes frères et sœurs, afin de pouvoir perpétuer ton noble combat. Que ta mémoire soit honorée par delà le temps et l'espace, comme elle le mérite si humblement."
Lucia sortit lentement son unique main blanche de sous son manteau noir et s'agenouilla devant la fosse creusée devant elle, dans la vaste Prairie des Ramages, sous un cerisier bourgeonnant.
"Que La, de ses mains sensibles, palpe ton âme pure et l'extraie de ton corps inanimé, récita-t-elle en posant sur le linceul au fond du trou un petit objet qui pouvait s'apparenter à une lampe à huile en terre cuite et en bois gravée de symboles fins. Que Ra, de ses oreilles omniprésentes, oie ta venue et t'accueille dans l'Au-Delà dans un doux silence que le seul bruissement de ton âme pénétrante perturbe."
Elle posa une deuxième petite sculpture aux côtés de la première, aux décorations et à la forme différentes. Debout en retrait derrière elle, entourée de mes compagnons d'armes tout de noir vêtus, je me souvenais de ces divinités sheikahs dont Paya, au village Cocorico dans ma temporalité d'origine, m'avait parlé et conté les légendes. Que cet instant me paraît lointain désormais.
"Que Sa, de ses narines affutées, sente le parfum de bienveillance qui émane de toi et qui nous a tous embaumé lorsque nous étions à tes côtés."
Nouvelle offrande.
"Que Ka, de sa langue gourmande, goûte la saveur sucrée de ces valeurs que tu n'as jamais oubliées ou méprisées, et savoure l'arôme harmonieux de ta sagesse. Et enfin que Ma, le puissant esprit de la vue, de son regard clairvoyant scrute chaque parcelle de toi et examine chaque seconde de ton passé pour constater ta légitimité à rejoindre, sur un pied d'égalité, le panthéon de ces légendes qui ont façonnées ces terres par le passé, dont tu descends et que tu as égalé aujourd'hui avec noblesse."
Lucia déposa précautionneusement au fond de la fosse les 2 derniers petits objets, puis se releva humblement et sans un mot.
"Que ton arrivée aux côtés de l'Alpha soit douce autant que ton cœur fut bon, Impa Miz'Kyosa."
Les mains de Zelda se crispèrent, jointes au niveau de son ventre, et sa tête s'affaissa un peu plus entre ses épaules. Ses yeux déjà rouges et humides se remirent à pleurer, et elle étouffa un sanglot déchirant en serrant la mâchoire.
Lucia expira longuement dans un soupir tremblant, releva la tête et se mit à entonner :
Repose au fin fond des temps
Là où rien n'existe que douceur et silence
Chantez, esprits fantômes, et danse
Toi que nous avons perdu et qui court avec le vent
Repose au fin fond des temps.La mélodie de ce chant était lente et apaisante, et malgré la mélancolie évidente qu'il laissait transparaitre, l'air ne se voulait pas fataliste, pesant ou malheureux.
Leve releva lui aussi le menton, s'approcha à hauteur de sa camarade, posa sans brusquerie sa main sur l'épaule gauche atrophiée de la jeune femme et, en se mettant à battre le rythme avec son talon sur la terre, chanta avec elle :
Repose au milieu des ombres
Dans les flammes, les cendres, les cités endormies
Songez, esprits fantômes, et ris
Toi qui nous vois vivre sans toi et rêve que la nuit tombe
Repose au milieu des ombres.
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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 7.Par Delà la Souffrance
FanfictionL'erreur est un point de non retour. Les regrets sont inutiles, car ce qui est fait l'est et le restera. Dans le chaos, ton humanité et ta pitié te seront inutiles : oublies les. Il ne te restait plus que ta volonté de te battre, ta détermination à...