La Fin d'une Ère

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"Zelda !!! Oh par Farore c'est bien toi !"

Lucia venait d'apercevoir mon cheval qui s'approchait du château. Un deuxième sans cavalier nous suivait, maintenu par les rennes tandis que Zelda était resté cramponnée à ma taille durant tout le trajet, recroquevillée derrière moi. Lucia laissa tomber ce qu'elle avait dans les bras et courut vers nous.

"Zelda !!! Mais où t'étais passé bon sang ?!  J'étais morte d'inquiétude quand Nezuko m'a appris que t'avais disparue ! Qu'est-ce qu'il s'est passé, tu n'as rien ?!"

La concernée se laissa lentement glisser contre le flanc de la monture sans répondre et aussitôt l'ex-Yiga la serra contre elle comme si sa vie en dépendait.

"J'étais à deux doigts de lancer des recherches dans tout le royaume ! J'ai cru que des sbires de Ganondorf avaient survécus et qu'ils t'avaient enlevé, j'ai eu si peur ! Qu'est-ce qu'il s'est passé, dis moi !

- Elle va bien Lucia, ne t'en fais pas, répondis-je à la place de mon autre moi en descendant de mon cheval et en le confiant à un écuyer qui venait à notre rencontre. Mais elle a besoin de repos... et de réconfort."

Lucia me dévisagea, incrédule, et baissa le regard sur sa protégée toujours logée dans ses bras, dont l'expression (enfouie dans le bustier lavande) était invisible.

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"S-Sachez tout d'abord... que ce fut un réel honneur de me battre à vos côtés."

Tout les regards étaient tournés vers moi, et le silence était total. Tous les survivants de la Résistance étaient présents, et m'écoutaient sans rien dire. Beaucoup étaient blessés, certains m'étaient moins familiers que d'autres, mais la plupart de mes connaissances de ce monde se trouvait au dernier rang.

Le rang des stèles blanches.

"Vous avez tous été des modèles de vaillance, de sagesse et de loyauté qui m'ont inspirés et qui m'inspireront toute la vie. Malgré mon intrusion, vous m'avez accepté dans vos rangs avec la plus belle des bienveillance, et c'est avec la plus belle des gratitude que je les quitte aujourd'hui."

A mes côtés, Pru'ha, Faras, Eden et Lucia ne savaient que faire. Les scientifiques regardaient le sol en se mordant les lèvres et en jouant avec les mains, tandis que l'ancienne Adjudante et Eden osaient me regarder en face, mais le tremblement de leurs mains les trahissait. Une douce brise estivale soufflait sur la plaine, éclairé par un soleil couchant, qui bordait le château, et l'eau des douves qui passait à quelques mètres de nous bruissait faiblement...

"Ma présence ici n'a été dû qu'à une erreur causée par mon imprudence, mais la punition que j'en ai reçu m'a rendu plus forte et plus grande, et pour cela je ne vous oublierai jamais. Je remercie les déesses de vous avoir mis sur mon chemin, et je m'excuse pour tout les tords que j'ai pu causer à chacun d'entre vous. J'espère que vous saurez me pardonner, et que vous me garderez dans vos cœurs avec autant d'amitié que j'en éprouve pour vous. Un immense merci, un immense pardon et un humble adieu à vous tous, mes frères et sœurs hyruléens. Que la Triforce veille sur vous tous."

Je m'inclinai profondément devant la petite foule, qui me rendit mon salut avec dévotion.

Je me tournai alors vers mes quatre acolytes, qui s'avancèrent lentement.

Pru'ha sortit alors de sa poche un petit disque qu'elle pointa devant nous. Elle inséra trois de ses doigts au verso du petit appareil, et fit pivoter un des rouages de l'étrange outil. Un petit compartiment sortit alors du disque, et la scientifique se tourna vers moi.

"Il... Il faut que vous mettiez votre ADN là dedans..."

Je m'avançai alors, enroula mes doigts autour d'une petite mèche de mes cheveux et tirai d'un coup sec avant de déposer les quelques fils d'or dans le petit tiroir qui se referma instantanément.

"Le Convertisseur va analyser vos gènes, m'expliqua faiblement Faras, et ouvrir un portail vers le monde d'où provient cet ADN..."

A ses mots, le disque émit quelques cliquetis qui le fit trembler et, d'un seul rayon lumineux, un portail luminescent de taille humaine apparut devant nous.

"M-Merci à vous deux. Chez moi, c'est vous qui m'avez fait venir ici, et là c'est encore vous qui exaucez mes souhaits.

- Je... Nous... De rien, Altesse."

Pru'ha et Faras inclinèrent la tête, crispés. Je me tournai vers Lucia, qui ne me quittait toujours pas des yeux, le regard infiniment triste.

"Lucia... M-"

Mais l'ex-Yiga ne me laissa pas le temps de finir ma phrase et me prit brusquement dans ses bras.

"Merci à toi, Raphaëlle. Merci d'avoir cru en moi dès notre première rencontre, merci pour Zelda, merci pour la Résistance... merci pour Io, Impa et tous les sheikahs.

- J-Je t'en pris... J'ai tout de suite sût que tu étais quelqu'un de bien...

- Eh bien tu as bien été la seule, sans toi j'aurais surement fini hachée par Zelda elle même...!"

Elle émit un rire crispé et enroué, avant de resserrer plus son étreinte.

"Je remercie ton imprudence de t'avoir conduite jusqu'ici, tu sais...

- Aha oui, moi aussi..."

Je lui rendit son étreinte en respirant pour la dernière fois son odeur d'huile d'amande et de cuir.

Nous finîmes par nous séparer, et la jeune femme sourit tristement.

"J... J'aurais envie de te dire de revenir, mais...

- Ne fermons pas de porte, on ne sait jamais.

- Ouais... ouais t'as... raison.

- Prends bien soin du peuple sheikah, Lucia. Tu as les épaules pour. Et de Zelda, aussi. Je ne m'en fais pas pour elle, tant que tu es là, tu sauras la protéger.

- Je tâcherai, oui...

- Je te l'ai sûrement déjà dis, mais Impa et Io seraient fières de toi.

- Arrête, tu vas me faire chialer...!"

Lucia s'essuya maladroitement le visage en riant faiblement, et je souris en la regardant, avant de me détourner.

"Raphaëlle ! ajouta maladroitement la jeune femme, hésitante. P-Passe lui le bonjour. ...à Impa. Dit lui que... je pense à elle, et que je ne l'oublie pas."

D'abord interloquée, je finis par sourire en acquiesçant, incapable de parler. Puis je m'avançai vers Eden, qui s'inclina devant moi.

"Depuis quand êtes-vous de nature docile et respectueuse, Monsieur Astor ?

- Tu... tu vas me manquer Raph'. Je n'avais pas réalisé jusque là. Considère ça comme une marque de respect... et de pardon pour tout ce que je vous ai fais subir... à toi et à la Ch... à Impa.

- Merci mille fois Eden. Je ne t'oublierai pas. Que comptes-tu faire à présent ?

- Je ne sais pas encore. Je vais aider à la reconstruction du royaume, je pense. Et puis le village d'Ecaraille m'a proposé un logement pour me remercier de ma contribution lors de l'Assaut Final, et vu que j'ai horreur du froid... Mais un jour, je retournerai sur les traces de mon père, en son honneur.

- Que les déesses t'accompagnent, dans ce cas.

- Merci... toi aussi."

Le jeune homme me tendit la main avec un sourire triste mais franche. Je lui rendis en serrant ses doigts rêches et pâles dans les miens, puis me détournai vers le portail crépitant. En m'approchant, je sentais déjà l'odeur de velours, d'encre et de pivoine de mon étude. L'endroit où j'ai basculé d'un monde à l'autre.

En jetant un dernier regard vers ce Hyrule sur lequel la nuit tombait et que je laissai derrière moi, mes yeux se posèrent sur une des fenêtre du château, dont la distance et les reflets pourraient me faire douter... mais je savais qui se trouvait derrière. Elle ne dormait donc pas, malgré ses dires.

Au revoir Zelda... N'oublie pas ce que nous nous sommes dis. Notre promesse.

Et alors qu'une perle salée s'écrasait sur l'herbe, seule trace qu'il restera de mon passage, mon pieds traversa le portail.

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(1240 mots)

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 7.Par Delà la SouffranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant