La Pivoine Violette

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Je perdis l'équilibre et me rattrapai maladroitement sur le bureau de mon étude en trébuchant. Une deuxième larme s'écrasa alors sur le sol, un sol complètement différent.

Mes bras soutenaient mon corps tremblant dans cette salle désordonnée, désordre causé par le petit Gardien à sa sortie de la boite. Par Farore...

"Votre Altesse...?"

Je voulus faire volte-face vers mon interlocuteur, mais je me l'interdit au dernier moment pour cacher mon trouble.

"Ou-Oui...?

- Je... J'ai entendu un bruit sourd, je voulais m'assurer que vous allez bien...

- T-Tout va bien, je vous remercie, répondis-je à la timide voix féminine en gardant le dos tourné et le visage baissé.

- Vous semblez frêle, êtes-vous souffrante ? Je peux vous faire porter un remède, si vous le voulez...

- Pas la peine merci... Je vais bien.

- Je... D'accord. Dans ce cas, la Reine me charge de vous rappeler le dîner de ce soir, en présence des hauts fonctionnaires sheikahs pour fêter l'anniversaire de Dame Impa..."

Mes pupilles se dilatèrent et mon cœur s'accéléra dans ma poitrine. Je dû expirer plusieurs fois pour réussir à articuler correctement :

- J-J'y serais, merci..."

La domestique s'inclina puis ferma délicatement la porte de mon étude avant que le bruit de ses talons ne s'atténuent puis disparaissent.

Je finis alors par me redresser et me laissai tomber dans le fauteuil à côté de mon bureau.

La salle était redevenue comme je l'avais connue avant de basculer dans celle faite de marbre, d'obsidienne et de quartz rose de la dimension de Zelda...

Zelda...

Je tournai la tête à droite, vers le miroir en pied accroché au mur : la dernière fois que je m'y étais tourné, je l'avais vu pour la première fois. Habillée de velours et de parures, son visage d'apparence si juvénile poudré et coiffé. Maintenant s'y reflétait une jeune adulte avachie et négligée, habillée d'un simple justaucorps noir et dont les cheveux blonds vénitiens sales noyaient un visage marqué et haletant.

En levant les yeux vers la lucarne par laquelle je m'étais échappée du château d'Astor, je remarquai les rayons crépusculaires de l'hiver tomber sur la pierre grise du sol.

C'est sous un soleil d'été que je me suis levé...

Je secouai la tête pour enlever toutes ces pensées de mon esprit et alla me changer.

_o0o_

Alors que j'ajustai les bracelets dorés qui encerclaient mes coudes devant la glace, je ne pouvais m'empêcher de regarder ma cicatrice sur la pommette gauche. Elle ne semblait pas se guérir... à juste titre, elle devait m'être fatale. Elle serra comme un rappel perpétuel, une trace indélébile de cette année hors du temps qui m'a changé à jamais.

Il n'y avait pas que cette cicatrice qui me changeait. Mes cheveux considérablement plus longs, ma peau plus hâlée et creusée et ma carrure radicalement différente me rendaient méconnaissable.

Qu'est ce que je vais raconter à tout le monde...?

"Votre Altesse ? demanda la voix de toute à l'heure à travers la porte de mes appartements. Les invités sont arrivés, vous êtes attendue...

- J'arrive tout de suite, merci."

_o0o_

En descendant les escaliers du château, j'entendais les rires et les discussions de plus en plus proche des invités dans la Grande Salle. Je regardai toute autour de moi comme si je découvrais les lieux pour la première fois : revoir ce lieu richement décoré des enseignes d'Hyrule et respirant la sérénité me bouleversait autant qu'il m'enchantait. En arrivant dans la salle, je repérai immédiatement ma mère. La revoir après tant de temps (et me remémorer la mort de son alter ego) me chamboula, et je m'approchai fébrilement d'elle.

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 7.Par Delà la SouffranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant