ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ǫᴜɪɴᴢᴇ

61 13 28
                                    

An 3040, 18 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

An 3040, 18 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill

          La première chose qui le frappa à son réveil, hormis son estomac qui se tordait dans son ventre et son corps entier qui le lançait, ce fut qu'il n'était plus dans l'immense – ou petite ? – pièce obscure. Taehyun laissa ses yeux fatigués s'habituer à la faible luminosité du nouvel endroit tandis que ses souvenirs lui revenaient. Il était sur le vaisseau de Yeonjun, sur le vaisseau de son ennemi. Du criminel le plus recherché de la Fédération. Il était resté pour sauver Soobin. Est-ce qu'il allait bien ? Le blond baissa le regard. Et se rendit compte qu'il était attaché à un étrange siège par les poignets et les chevilles. Des liens de métal le gardaient prisonnier de ce fauteuil inconfortable. Il était donc passé d'une cellule de détention infernale à ça ? A cette pensée, ses doigts tremblèrent au bout des manches blanches de sa tenue à sangles. Il avait enduré quelques jours – ou seulement quelques heures ? – d'une torture inimaginable, dans un lieu totalement noir, sans eau ni nourriture. Ni repères. Il y avait perdu l'esprit. Ses doigts portaient encore le sang séché qui avait dû couler de son nez.

Il laissa son regard vaguement détailler la pièce, sans vraiment remarquer les détails des murs, uniquement les couleurs. Il voyait légèrement trouble, ses paupières étaient lourdes, son esprit peinait à se reconnecter à la réalité. Et sa gorge le piquait. Il avait soif. Et faim aussi. Et il sentait l'air tiède s'infiltrer dans le col de son vêtement. Il sentait les liens de métal contre ses chevilles, contre ses avant-bras. Soudain, il ouvrit grand les yeux. Toutes les sensations qu'il avait perdues alors qu'il était enfermé dans la cellule de détention, il les avait retrouvées. La soif, la faim, le picotement de ses genoux et la douleur de son nez cassé. Il sentait ses doigts trembler au bout de ses manches, il sentait le tissu de la combinaison blanche contre la peau nue de son torse. Il ressentait. De nouveau. Il était vivant.

― Je suis désolé que tu aies vécu ça...

Taehyun sursauta violement. Il se pensait seul dans cette pièce noire, blanche et rouge. Mais, derrière lui, dans l'ombre, il y avait quelqu'un. Quelqu'un dont il avait reconnu la voix. Le blond tourna la tête pour espérer l'apercevoir. Peut-être se trompait-il, peut-être était-ce une autre personne que... lui. Cependant, ce fut bien Yeonjun qu'il identifia du coin de l'œil. L'atmosphère se tendit d'un coup.

― Vous êtes un monstre.

Sa voix était rauque, sa gorge asséchée, et c'est tout ce qu'il trouva à répliquer. Yeonjun était un criminel, il avait tué ses collègues avant d'amasser leurs cadavres dans un recoin de son bâtiment comme s'ils n'étaient que de simples ordures ménagères. Il l'avait jeté dans une horrible prison. Et, de surcroit, il devait sûrement encore détenir Soobin malgré leur petit marché – un marché qu'il ne se souvenait pas avoir clairement complété, par ailleurs.

― Ce sont les gens qui ont décimé mon peuple, les monstres.

Un silence s'installa. Un silence pesant qui dura jusqu'à ce que à ce que Yeonjun quitte son coin d'ombre pour se planter debout devant Taehyun. Le blond le fixa un instant dans les yeux. Et il s'y perdit. Dans ces deux diamants à l'éclat envoutant, il lisait une peine immense, une peine qu'il n'aurait jamais pu imaginer dans les yeux du rebelle. Yeonjun était rongé par un tourment considérable, par les regrets, la culpabilité, la haine. Mais aussi par le sentiment d'avoir tout perdu. C'est ce que le jeune homme comprit dans ce regard : Yeonjun avait tout perdu.

ʟᴇ ᴠᴇɴɢᴇᴜʀ ᴅᴇ ғʀᴇʏʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant