ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ sɪx

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An 3040, 08 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill

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An 3040, 08 octobre – selon le calendrier d'Yggdrasill

          Il était de retour dans ce lieu qui le hantait : le cockpit de son vaisseau, plongé dans le noir. Il était seul. Seul avec son pire cauchemar. Une faible lumière rouge clignotante illuminait par intermittences des choses qu'il ne voulait pas voir, qu'il ne pouvait pas voir. Taehyun était entouré des corps ensanglantés et gelés des membres de son équipage. Le sol de la pièce était entièrement jonché de cadavres. Contre sa jambe, le crane de Jungwon reposait, le menton sanguinolent, la bouche crispée de douleur, les yeux révulsés. Et posés sur lui. Le gel et la glace gagnait son corps encore secoué de spasmes. Et Taehyun refusait de le regarder.

De l'autre côté de la baie vitrée, en face, dans l'immensité obscure du cosmos, les étoiles avaient disparu. Une immense masse noire les cachaient. Une immense masse noire dans laquelle un détail contrastait. A son niveau, le cockpit du vaisseau amiral ennemi se détachait dans une lueur bleu pâle. Et, sur la grande passerelle de la pièce, face à lui, il était là.

Ses oreilles pointues, ses yeux d'un bleu clair et profond. Yeonjun.

Le capitaine se réveilla en sursaut, dans un cri. Il avait à peine eu le temps de lire sur les lèvres de son ennemi le message qu'il lui adressait à chacun de ses cauchemars :

« Tu es le suivant. »

Tyr était déjà éclairée par les premiers rayons de la supergéante blanche mais, cette fois-ci, ni la lueur matinale du soleil, ni le chant des oiseaux ne parvinrent à le détendre. Les images de son mauvais rêve tournaient encore dans son esprit. Il revoyait les cadavres, le sang, la glace. Il revoyait le cosmos vide de toute étoile. Il revoyait Yeonjun. A l'instant, le blond savait que rien ne pouvait plus l'apaiser. Dans cinq heures, il devait se lever pour se préparer à partir. Et il n'avait dormi que deux heures d'un sommeil agité. Il devait se reposer afin d'être frais pour le départ en mission. Mais s'il n'arrivait pas à se rendormir, ce plan tombait à l'eau.

Minuit étaient passée selon l'horaire d'Yggdrasill, Taehyun se voyait mal contacter l'un de ses amis à cette heure, encore moins pour raconter des problèmes qu'il préférait garder secrets. La veille au soir, le Capitaine avait passé une bonne heure caché sous sa couette à s'imaginer le plan parfait pour fausser compagnie à son équipage en cours de route et disparaitre dans l'univers. Evidemment, ce projet comportait énormément de failles et il en avait conclu que, quoi qu'il fasse, la Fédération le retrouverait à chaque fois. Restait seulement l'idée de rejoindre le camp de Yeonjun mais Taehyun ne préférait pas y penser. Il était obligé de partir, de faire face à ce dangereux et redoutable ennemi, de s'en sortir avec son équipage et de revenir victorieux. S'ils échouaient... il jugeait qu'ignorer les détails des humiliations qu'ils subiraient était mieux pour lui.

Soudain, comme un miracle, un ange-gardien ayant détecté ses pensées sombres et son angoisse, Soobin lui envoya un message sur sa montre neuve. Dans la pénombre, la soudaine luminosité causée par la notification le fit presque sursauter. Il tendit le bras pour attraper le bracelet sur sa table de chevet et consulter le message. Soobin venait de rentrer chez lui et lui demandait s'il dormait. C'était simplissime, attentionné comme un frère le serait avec son cadet, mais Taehyun sourit. Il avait l'impression que le noiraud avait deviné et ressenti le besoin de prendre de ses nouvelles. Le blond tapa une rapide réponse qui déboucha sur un nouveau message de son Caporal. Il proposait un appel. Soobin n'était pas vraiment de ce genre, il était plutôt timide au téléphone et préférait donc éviter, mais il informa en toute honnêteté Taehyun qu'il sentait que quelque chose n'allait pas du côté du blond. Alors le plus jeune accepta et décrocha. De fil en aiguille, l'armurier avait compris que son Capitaine était rongé par ses peurs en cette nuit de départ. Ils en parlaient sans filtre depuis quelques minutes avant qu'un silence timide ne s'installe. Et c'est là que le blond demanda d'une petite voix :

ʟᴇ ᴠᴇɴɢᴇᴜʀ ᴅᴇ ғʀᴇʏʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant