𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7

𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟭 : le geai.

Ce soir, Kayla avait décidé d'oublier tous ses principes pour sauver la vie de sa mère adoptive. Elle était prête à se sacrifier pour lui payer l'opération onéreuse dont elle avait besoin. Comment allait-elle lui justifier tout cela quand celle-ci aurait repris connaissance ? En cet instant, un combat intérieur se jouait en elle, tandis qu'elle laissait avec coquetterie un faux sourire animer ses traits délicats.

Parmi, tous ces mâles aux visages déformés par un désir répugnant, personne ne pouvait se douter qu'elle n'aurait jamais atterri dans ce lieu de perdition en d'autres circonstances, et personne, à commencer par son meilleur ami Barry qui la connaissait mieux que quiconque, n'aurait pu imaginer qu'elle pouvait s'abaisser à ce point même pour une cause aussi noble. Il fallait dire que Kayla était plutôt une femme de nature réservée, et n'avait jamais voulu se libérer autant sur le plan sexuel, avant ce soir. Pressée par le temps, le seul moyen qu'elle avait trouvé pour empocher la somme nécessaire le plus rapidement possible, c'était la prostitution.

À partir de maintenant, elle ne serait plus la même femme. Elle ne lui resterait pas une gamme de fierté ou de respect de soi. Ce qui augmentait sa honte, par-dessus le marché, c'était la manière assez agressive dont cette nuée de charognards en chaleur voulait s'abattre sur elle alors qu'elle était involontairement exhibée à leurs regards concupiscents dans cet ensemble de soutien-gorge pigeonnant, string minimaliste, bas de soie et porte-jarretelles en dentelle rose corail. Kayla avait un corps à damner les saints, qui attirait d'habitude tous les regards masculins. Toutefois, elle ne l'avait jamais dévoilé à ce point, même pas à la plage. Dans un mélange d'horreur et d'incrédulité, Gabin l'avait suppliée à genoux de ne pas se rendre ici, et l'avait même enfermée dans la maison pendant quatre heures. Ce richissime, l'un des plus convoités à Amsterdam, la poursuivait de ses assiduités sans relâche malgré ses constantes rebuffades.

La brève liaison qu'il avait eue avec Raya l'avait obligée à refuser ses avances, car sa voisine était toujours aussi détruite émotionnellement à cause de lui. Celle-ci l'avait rencontré dans le cadre de son travail d'ouvrière dans la grande société viticole des Visser. Ce jour-là, Gabin était venu sur place pour suivre de près le progrès des vendanges. Raya n'avait pas tardé à attirer son attention : une vraie beauté à la chevelure flamboyante, grande avec des formes ravissantes, et très souriante, Gabin n'avait pas pu résister très longtemps à son charme si singulier. Elle avait sauté de joie quand il lui avait demandé de le rejoindre dans son hôtel de luxe deux jours plus tard. Envahie d'excitation, elle s'était retrouvée dans son lit la même nuit, comme tant d'autres femmes avant elle. Elle s'était offerte totalement à lui, lui donnant bien plus que son corps et son cœur : sa confiance. C'était la pire erreur de sa vie, car Gabin n'avait pas hésité à la larguer sans état d'âme le lendemain matin. Le riche héritier des Visser n'avait pas besoin d'une simple campagnarde insignifiante dans sa vie, de toute évidence !

Kayla avait toujours affiché une façade de dure à cuire avec lui, et cela avait attisé davantage son désir de la posséder. Sans doute avait-il du mal à digérer qu'une simple femme comme elle ose lui dire NON. Né avec une cuillère d'or dans la bouche, il était habitué à obtenir tout ce qu'il désirait. Toutes les belles femmes du monde lui tombaient dans les bras. Mais elle n'avait aucune envie de faire partie de son long tableau de chasse, pas après ce qu'elle avait fait à Raya. Sérieusement, il s'était comporté comme le pire des salauds avec elle, et il le savait.