𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟴 : la linotte.

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Quelques heures plus tôt

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Quelques heures plus tôt.

Les insultes blessantes et humiliantes que sa mère avait prononcées à son égard avant de la chasser comme une indésirable, une paria, lui revinrent en mémoire. En réalité, elle ne l'avait jamais traitée avec une telle cruauté, un tel dédain, comme si elle était quelqu'un de mauvais. Mais elle n'était pas quelqu'un de mauvais. Sans avoir rien fait, elle se retrouvait sur le banc des salopes. Un tsunami d'émotions pénibles l'envahit et son cœur se serra douloureusement. Certes, elle avait choisi une solution un peu extrême. Mais bon sang, elle voulait uniquement lui sauver la vie. Elle était désespérée, et le malheur avait voulu qu'elle fasse un bref saut dans le quartier rouge. Elle avait en plus commis un crime maintenant, pensa-t-elle en se forçant de ne pas céder à la panique. Pourtant, le souvenir de la vitrine numéro 7 s'étoilant et dégringolant dans un immense fracas lui réchauffa les sangs. Le couchage en plastique fut aspergé d'éclats de verre. La cabine avait été complètement dévastée et serait certainement clôturée pour quelques jours. Avec la même satisfaction, elle se remémora la litanie d'imprécations qu'avait hurlées Nicolas malgré les efforts de sa pute pour le calmer. Cet imbécile au crâne blême avait sûrement pressé le bouton d'alarme pour prévenir la police. La simple idée qu'on la pourchasse encore lui donna la chair de poule et créa autour d'elle une ambiance de thriller.

— Elle est dans sa chambre !

Elle avait accepté la proposition de Barry qui lui avait demandé de coucher dans la chambre de sa sœur…

En proie à un désarroi grandissant, elle traversa le hall pavé en marbre crème en serrant fermement ses affaires contre elle. Elle gravit l'étroit escalier et atteignit finalement le deuxième étage. Elle ralentit le pas lorsqu'elle croisa Lisa, un plateau dans la main. Celle-ci la gratifia d'un sourire tendre et l'informa que sa fille était en train de prendre une douche.

— Je m'excuse pour le dérangement !

— Tu es chez toi !

Effectivement, le bruit d'un puissant jet qui s'ouvrait et se fermait par intermittence indiquait qu'elle était réfugiée dans la salle de bain. D'un regard circulaire, elle examina la pièce où elle était entrée. Elle était exiguë, basse de plafond, et donnait sur le canal par une porte-fenêtre coulissante avec un adorable petit balcon, qui accueillait une table et deux chaises. Les murs étaient couleur lilas et le lit aux draps désordonnés en coton était garni de deux oreillers et d'une légère couette d'un blanc immaculé. Les fins rideaux qui couvraient la fenêtre se gonflaient délicatement sous la brise fraîche. De nombreux objets étaient disposés çà et là, parmi lesquels bon nombre de trottinettes électriques, le moyen de transport favori d'Amélia.

Elle pivota sur elle-même et son regard se posa sur la grande armoire de métal beige et sur la commode en ébène aux lignes épurées sur laquelle était posé un ordinateur portable allumé. L'écran affichait le site Chaturbate avec son interface stellaire et attrayante. C'était la fameuse plate-forme de camming érotique, très connue pour son contenu explicitement sexuel et qui cumulait des milliers d'utilisateurs actifs. Une liste de modèles amatrices, libertines, de tous âges, de toutes formes et de toutes ethnies, classées par catégories, exhibaient dans un éclairage tantôt tamisé, tantôt criard leur charme en diffusant en direct des shows de striptease dans l'espoir de générer l'excitation d'une clientèle prête à débourser des sommes, parfois exorbitantes, pour en voir plus. En fait, c'était comme une sorte de quartier rouge virtuel où le visiteur devait verser un pourboire : des jetons pour passer aux shows privés et exclusifs. Les hôtesses avaient toutes des pseudonymes accrocheurs et faciles à retenir. Quelques bombasses, les plus chaudes, se livraient carrément à des jeux épicés de masturbation avec ou sans sex toy tout en engageant la communication via des fenêtres de chat avec leurs spectateurs fréquents. Certains studios sponsorisaient leurs équipements et leur permettaient de gagner ainsi en visibilité. Mal revenue de sa surprise, elle se demanda pourquoi Amélia pouvait bien ouvrir un tel site. Elle s'approcha de l'appareil ; une introduction chaude écrite sur une page de profil anonyme attira particulièrement son attention.

𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant