𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟱 : le colibris.

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2 heures plus tôt

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2 heures plus tôt.

Sans plus tarder, elle s'élança dans le couloir presque en courant. Incapable d'endiguer sa crise de larmes plus longtemps, elle pleurait. Jamais elle ne s'était sentie aussi humiliée de sa vie. Elle déglutit pour ravaler la boule d'amertume qui logeait dans sa gorge. Si elle ne voulait pas que cet homme la détruise, elle ne devait plus jamais le revoir, se dit-elle en tentant de chasser l'image érotique de ses mains posées avec possessivité sur son corps tremblant. Dans la salle d'attente qui était délimitée par des plantes vertes, tous les regards se braquèrent sur elle, ce qui n'était guère surprenant, compte tenu du spectacle qu'elle offrait, avec son manteau fripé, ses cheveux en désordre et ses joues cramoisies de honte. Elle nota avec perplexité la présence d'une vieille dame très élégante dans son costume de soie jaune qui mettait en valeur sa chevelure grisonnante. Elle portait un collier de perles autour de son cou. Kayla accéléra l'allure dès qu'elle lut le profond mépris qui passait sur son visage austère. En se dirigeant vers l'ascenseur à grands pas, elle ressentit néanmoins le poids de son regard sur elle, continuant de la jauger discrètement. Elle s'engouffra dans l'immense cabine de fer et appuya sur le bouton tout en serrant son sac contre sa poitrine. Seule face au miroir, elle se demanda qui était cette vieille dame, qui semblait vouloir lui adresser de cinglants reproches. Puis, consciente de l'onde de chaleur qui montait de ses reins, elle se maudit. Seigneur ! Comment pouvait-elle se sentir encore excitée ? Cet homme n'avait tout de même pas un pouvoir magique sur ses hormones ! Tout cela était insensé. Elle méprisait sa faiblesse ! Elle avait failli lui céder, et en avait maintenant la nausée du seul fait d'y penser. Ce monstre narcissique ne l'avait fait venir dans sa tanière que pour la rabaisser, et lui faire sentir son infériorité sociale face à lui. Mais, il pouvait toujours rêver, jamais elle ne lui retomberait dans les bras...

Elle s'accrocha à cette dernière résolution comme on s'accrochait à une bouée de sauvetage.

Quand l'ascenseur s'arrêta, elle fit ce qu'elle devait faire : aller retirer l'argent liquide au guichet.

Une fois dehors, elle s'aperçut qu'il pleuvait toujours. Sa course folle aboutit devant un 4×4 noir. Son cœur fit un bond quand elle vit son foulard rouge noué autour du rétroviseur extérieur du lourd véhicule. Elle traversa la rue principale pour le récupérer. Merde ! Le nœud était ferme, et en se débattant pour l'ouvrir, elle fut soudain abasourdie par la vue épouvante d'un visage très connu pour elle. Le temps s'arrêta et tout devint flou. Elle eut tout d'abord l'impression d'être victime d'une hallucination, comme si son cerveau fluctuait entre la certitude et le doute. Mais non, ce porc dégoûtant était bel et bien assis derrière le volant, vêtu d'une chemise noire. Sa joue droite était entaillée. Il avait vieilli et semblait ne pas la reconnaître, mais elle si. Grand Dieu ! C'était l'un des criminels qu'elle recherchait inlassablement depuis des années. L'un de ceux qui avaient provoqué l'accident tragique de ses parents. Les mauvais souvenirs affluèrent : le bruit des fusils, la querelle infernale de ses parents, puis leurs cadavres baignant dans le sang. La panique lui coupa la respiration et son pouls déjà chaotique s'affola. Puis voyant qu'elle l'observait avec consternation et incrédulité à travers ses pupilles larmoyantes, il eut une moue. Et avant qu'elle puisse dénouer son foulard, il redémarra en trombe. Le 4×4 s'éloigna dans un crissement de pneus ponctué de véhéments coups de klaxons, l'éclaboussant d'une gerbe d'eau glacée et la maculant de boue. Attendez ! cria-t-elle en courant désespérément, avide de le rattraper. Hélas ! C'était en vain. Le 4x4 avait filé comme une flèche. Combien de temps demeura-t-elle figée au milieu de la rue, les yeux exorbités par le choc, le souffle court, incapable de faire un mouvement ? Elle l'ignorait. Elle avait beau être trempée, elle ne sentait ni la pluie ni le tonnerre qui grondait. Sa ville lui parut soudain très étrangère dans ce décor apocalyptique. Ses dents se mirent à claquer. Lorsqu'elle retrouva sa capacité à se mouvoir après une éternité, elle résista à l'envie de démolir quelque chose et choisit d'enfourcher sa bicyclette pour se rendre à l'hôpital. Il fallait qu'elle tente de se calmer. La chose n'était pas facile tant cette rencontre tant attendue la bouleversait. Mais cela avait au moins quelque chose de positif : elle avait désormais une piste pour pourchasser ces criminels. La distance qui la séparait de sa mère lui semblait interminable. D'autant plus que la route qu'elle empruntait était parsemée de nids de poule. Malgré cela, elle pédalait à s'en enflammer les jambes, avalant les kilomètres, la bouche sèche. Paradoxalement, la douleur ressentie lui faisait oublier son malheur et lui donnait de l'énergie. Elle transpirait. Mais elle avançait sans plus penser à quoi que soit. Sinon à sauver Amanda... Elle arriva enfin à l'hôpital et se précipita à l'intérieur. Elle se dirigea vers la caisse. L'infirmière, derrière le guichet vitré, la salua. Kayla lui donna la somme nécessaire en règlement de l'opération de sa mère. Un papier marqué du mot "payé " fut signé puis lui fut remis. Libérée d'un poids énorme qui l'avait paralysée depuis une semaine, elle atteignit la chambre de sa mère après s'être égarée trois fois dans les couloirs. Elle tomba nez à nez avec le médecin qui venait de sortir et saisit l'occasion pour l'interroger.

𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant