𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟴 : l'alouette.

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Le début de son premier semestre s'annonça désastreux

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Le début de son premier semestre s'annonça désastreux. Elle eut soudain froid. Si froid qu'elle se mit à grelotter. Ce n'était pas à cause de la tension qui l'animait mais parce qu'elle avait ôté la veste de Regina. Pas question de porter un seul vêtement de cette fille. Elle marcha dans une ruelle étroite, bordée d'arbres. Pas loin, un superbe fleuve canalisé, d'azur profond, s'étendait jusqu'à l'infini. Une dizaine d'embarcations y naviguaient sous le pot-pourri des étourneaux au plumage nuptial. La scène de violence à laquelle elle venait d'assister continua de tourner en boucle dans son esprit. Les agresseurs de Barry étaient impitoyables. Les déchets exécrables. Ils l'avaient tabassé sans pitié avant de le laisser sur le sol, couvert de bleus. Ses gémissements et ses cris de douleur résonnaient encore dans ses oreilles. Chaque fois qu'il hurlait, sa haine envers l'inconnu s'intensifiait. Elle le haïssait de tout son cœur. La colère l'étranglait. Elle était pleine de rage, mais aussi de culpabilité. Elle se sentait responsable de tout ce qui était arrivé à son ami. Celui-ci avait refusé qu'elle appelle des services de secours, préférant se réfugier chez un voisin pour ne pas faire paniquer sa famille. Elle essaya de ne pas pleurer, mais en vain. Une larme salée lui échappa. Puis une autre. Elle accéléra sa marche et courut en direction de l'université, comme si elle avait été poussée par une quelque force obscure. Elle ne mit pas moins d'un quart d'heure pour gagner le grand campus. Elle était donc arrivée avec dix minutes d'avance avant le début de son cours à 11h15. Elle ne s'était en revanche pas attendue à ce qu'un chapelet d'étudiants s'arrêtent sur son passage pour lui lancer des regards mauvais. Un commentaire persifleur par ici, un surnom injurieux comme la reine du quartier rouge par là. Elle n'était pas d'humeur à encaisser cela. Des clichés se jetèrent brusquement sur elle. Elle connaissait ces clichés ! Ils avaient été pris quand elle avait voulu pratiquer la prostitution en vitrine. Les mêmes clichés que les principales connasses Lara et Liliana avaient montrés à sa mère. Son ventre se noua tandis qu'elle sentait peser sur elle des regards froids, vaguement méprisants et tandis qu'elle se trouvait devenir l'objet de méchantes railleries. Ses poils se hérissèrent par la honte...

Que n'aurait-elle pas donné pour éviter cette humiliation publique ?

Elle demeura figée. Des visions de clients excités tournoyaient dans sa tête. C'était le comble...

Son sac surchargé glissa de son épaule et la fit revenir brutalement à la réalité. Sa réalité d'une présumée travailleuse de sexe, de péripatécienne. Sa réputation était souillée. Si on mettait la direction de l'université au courant de cela, elle serait probablement chassée. Seigneur, toute sa carrière d'étudiante était désormais en jeu !

Elle fixa d'un regard hagard ses affaires qui s'étaient répandus sur le sol lustré. Ses livres, son calepin, ses stylos...

Des sifflements aigus s'élevèrent de toutes parts, et la foule ne cessa de s'agrandir autour d'elle. Son existence était en train de prendre un tournant funeste. Et elle avait deux options : s'effondrer ou se défendre. Elle choisit bravement la seconde. Son pouls s'agita, et l'espace d'une seconde décisive, un courage brut naquit en elle, repoussant au loin peur et hésitation. Elle retrouva sans peine sa voix lorsqu'elle voulut crier :

𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant