𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7

𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟲 : le rossignol.

Il ôta ses lunettes de soleil et les mit dans la poche de son costume. Et une fois de plus, elle fut hypnotisée par la teinte atypique de ses iris verts aux éclats d'or, pareils à ceux de Jon Miranda, et qui trahissaient en ce moment un amusement sinistre. Comme il était beaucoup trop près, elle sentit son souffle s'accélérer en contemplant ce visage parfait dont le soleil soulignait l'aspect anguleux de ses pommettes hautes, les lignes de son menton ciselé et la droiture de son nez gracieux. Son regard troublé tomba instinctivement sur sa bouche, dont elle se rappelait la saveur inégalable et dont la tentation la fit maintenant frémir presque douloureusement. Sa lèvre inférieure était un peu plus charnue que l'autre, nota-t-elle alors que des ondes de chaleur se mettaient à se propager furieusement dans tout son corps... Mais toutes les deux étaient bien dessinées. Sa poigne d'acier qui lui saisissait cruellement l'avant-bras venait de provoquer en elle des réactions involontaires qu'elle ne comprenait pas, pas plus qu'elle ne pouvait maîtriser. Une sonnette d'alarme se déclencha dans son esprit. Comment pouvait-elle le trouver aussi magnétique alors qu'il venait de lui adresser une menace terrifiante ?

Sous toute cette beauté sauvage à damner une sainte se cachait un tigre très dangereux. Elle en était convaincue. Et surtout, elle ne devait pas l'oublier...

Le rictus narquois de l'inconnu céda la place à un léger froncement de sourcils.

— Ne laissez personne passer ici, ordonna-t-il avec sa chaude voix de baryton à ses gardes armés sans la quitter du regard.

Il l'entraîna jusqu'à une vitrine qui n'en était pas une. Il s'agissait plutôt de la façade d'un immeuble en briques flammées avec une porte blanche opaline en bois. Les géants acquiescèrent en laissant leurs regards acerbes faire un aller-retour rapide entre l'inconnu et elle. Il était évident qu'ils ne désobéiraient jamais à leur employeur. La venelle était très exiguë, et les deux autres vitrines qui existaient n'étaient pas plus grandes que des aquariums muraux et elles étaient désertées. Il y régnait un silence de mort, comme si personne n'était venu là depuis un certain temps. Quand elle voulut lutter, il la plaqua avec une douce fermeté contre un mur de pierres rousses, lui laissant à peine un peu d'espace pour respirer, et la fit s'immobiliser illico.

— Tu meurs d'envie que je te viole ! fit-il en soufflant légèrement pour écarter de son front une mèche indisciplinée de ses longs cheveux châtains qui retombait toujours.

Des particules se mirent à danser dans l'air chargées d'électricité, créant un champ magnétique entre eux.

— Vous vous prenez pour qui ? explosa-t-elle.

Après sa bagarre infernale avec Lara, elle n'était pas d'humeur à se laisser piétiner par un Français arrogant et excessivement dominateur.

L'inconnu grommela quelque chose d'indistinct et la scruta de son regard si troublant.

— Pour ton violeur, dit-il. Cela ne te convient-il plus ?

Il respirait fort. Le cœur de Kayla battait à toute allure dans sa poitrine et ses mains transpiraient abondamment.