𝘾𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 𝟭𝟭 : le perdrix.

207 20 18
                                    

Gabin l'avait convaincue de s'envoler au-dessus du canal

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Gabin l'avait convaincue de s'envoler au-dessus du canal. Le trajet jusqu'ici s'était fait en voiture, et elle savait qu'ils en auraient au moins pour une heure. Elle s'était jurée tant de fois de garder ses distances pour éviter toute forme d'implication émotionnelle avec lui, qui risquerait de lui faire perdre son amie. Mais Gabin avait trop insisté qu'elle avait fini par capituler. Une reddition saugrenue, et maintenant, il était trop tard pour faire marche arrière et refuser…

Après avoir troqué leurs chaussures contre des baskets, ils se tenaient désormais debout sur une plate-forme flottante, sanglés de partout. Ils étaient parés tous les deux de gilets de sauvetage, de lunettes de protection et de genouillères. Leurs doigts étaient boudinés dans des gants en cuir blanc. 

Alors qu'il l'aidait à vérifier son baudrier pour la énième fois pour s'assurer que tout était bien fixé, elle remarqua que le harnais en tandem était rembourré, réglable et attaché à l'aide d'un long câble à un treuil sur le puissant hors-bord flambant neuf qui allait bientôt les tracter. Bien qu'il soit un aventurier dans l'âme, qui éprouvait une infreinable passion pour la prise de risque dans les sports extrêmes à sensations fortes, Gabin respectait toutes les consignes de sécurité. 

— Sérieux, j'aurais préféré que tu m'emmènes regarder une pièce de théâtre…

— Je préfère t'emmener au septième ciel !

Sa réponse ajouta à son stress. Elle jeta un regard inquiet autour d'elle et se mit à transpirer…

— Je sais que c'est ta première fois, mais crois-moi, tu vas adorer, ajouta-t-il avec un sourire à fossettes.

Elle détestait ce médiocre jeu de mots. 

Mais, comment lui dire qu'un autre salaud lui avait déjà fait explorer tout le ciel ?

— Cessons ce jeu, Gabin. 

— Nous ne faisons que commencer ma jolie ! 

Un jeunot, plein de vitalité et au visage constellé de taches de rousseur, leur fit signe de courir et démarra aussitôt le moteur de deux cents chevaux. Au bout de quelques instants, ils se hissèrent dans un mouvement de balancier. Leurs jambes étaient désormais ballottées dans le vide. La gigantesque voilure en forme d'aile, bariolée et gonflée d'air, prenait de plus en plus de la vitesse, les entraînant progressivement vers le ciel. Elle put profiter d'un panorama spectaculaire sur le pont de Python jeté sur le canal, qui était comme une sorte de reptile pédestre de couleur rouge, les bateaux-mouches remplis de touristes qui sillonnaient l'eau tourbillonnante, la jolie rangée d'immeubles derrière les ormes et les tilleuls… 

Elle serra de toutes ses forces la ceinture ventrale. Elle se sentit à la fois émerveillée et apeurée par le spectacle d'en bas. À présent, elle avait une vue plongeante sur quasiment toute la ville. Les monuments emblématiques s'étaient rapetissés. À cette altitude d'environ une centaine de mètres, l'oxygène s'était raréfié considérablement et la terre lui paraissait affreusement loin. Le soleil, sur le point de se coucher, était caché derrière un nuage gris, mais fort heureusement, il ne pleuvait pas. Pour l'instant, cette distraction nautique n'était qu'un calvaire pour sa petite personne. Elle refusait d'admettre que, tout au fond d'elle, elle avait accepté la proposition de Gabin pour rendre l'inconnu terriblement jaloux, choisissant de se convaincre qu'elle l'avait fait pour Raya. Son cœur battait avec force ! De toutes les folies qu'elle avait faites jusqu'à présent, cette activité dans laquelle elle défiait la gravité était de loin la plus dangereuse… 

𝗥𝗘𝗗 𝗟𝗜𝗚𝗛𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗧𝗥𝗜𝗖𝗧 || Vitrine 🄽 ° 7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant