Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]

Chapitre 8.

Naho commençait peu à peu à s'habituer aux regards incessants des cadets sur sa personne. Elle n'était plus la bienvenue parmi eux, et le souvenir de ceux qui l'adulaient pour sa première apparition au réfectoire paraissait très lointain. Personne n'avait encore osé franchir la barrière de la parole avec elle. La seule avec qui Naho avait pu échanger quelques mots était Sara. Et encore. Depuis, celle-ci semblait avoir disparu de la circulation.

Tous feignaient simplement l'indifférence, et ils le faisaient très mal. D'un côté, la jeune femme était soulagée de ne pas avoir à supporter cinq-cents paires d'yeux et le double de racontars sur sa personne à chaque repas. Ceux du personnel lui suffisaient amplement. Malgré cela, la brune tentait en vain de satisfaire les exigences du Caporal-chef, qui devenait tous les jours un peu plus aigri, tous les jours un peu plus insatisfait, tous les jours un peu plus détestable. Mais surtout, plus le temps passait, et moins elle parvenait à le comprendre. Il agissait de façon étrange, la plupart du temps inappropriée, et bien sûr inopinément. Cela travaillait son cerveau, tant qu'elle en avait des difficultés à trouver le sommeil le soir. Pourquoi avoir fait la route à cheval, l'avoir convaincue de rester ? Que lui apportait-elle de plus en étant ici dans son bureau ? Elle voulait comprendre ce qu'il avait contre elle, ou plutôt ce qui l'avait poussé à de tels actes, bien qu'elle se doute de la nature de ses contrariétés.

Simplement, elle voulait qu'il lui parle, comme avant. Qu'il se confie. Qu'il lui lance des piques auxquelles elle puisse répondre sans être touchée dans son for intérieur. Qu'il l'attaque gratuitement, mais qu'elle puisse lire dans ses yeux que ce n'est jamais méchamment. Depuis son retour, elle ne parvenait plus à comprendre ce que les yeux du jeune homme lui hurlaient certainement. Parfois, il ressemblait à celui qu'elle connaissait depuis son arrivée ici. Mais souvent, quelqu'un d'autre prenait sa place. Ce quelqu'un était rustre, impassible, éteint. Vide de l'intérieur. Levi était contradictoire.

La brune s'était dirigée vers le bureau qui hantait à présent ses nuits autant que ses journées, vers sa pile de livres poussiéreux qui l'attendait sans bouger depuis que son supérieur l'avait congédiée ce matin-même. Là, elle le trouva assis à son bureau, comme à chaque fois qu'elle frappait et qu'il acceptait qu'elle entre. Elle ne savait pas si c'était l'annonce de l'expédition, mais Naho avait le sentiment que Levi était plus concentré encore que d'habitude. Ses sourcils étaient froncés, comme si la lecture du document qu'il avait dans les mains lui demandait un effort surhumain. Certainement que ses pensées s'entrechoquaient trop pour lui laisser de la place pour amasser toutes ces informations.

« Caporal. »

Silence. Le brun ne lui adressa même pas un regard, et se contentait de parcourir des yeux les papiers qu'il avait devant lui. La scène de tout à l'heure était encore bien ancrée dans leurs têtes, et bien qu'ils ne cherchent pas à se l'expliquer, cela restait perturbant. Leurs regards respectifs fuyaient.

« Est-ce qu'on peut se parler ? » tenta quand même la jeune femme, consciente que la conversation s'annonçait mal.

« Qu'est-ce-que tu veux ? » souffla-t-il finalement en relevant les yeux.

Il avait l'air exaspéré. Cela devait être pour plusieurs raisons. Peut-être même qu'elle faisait partie intégrante de ces raisons-là. Elle n'avait pas la prétention de dire qu'elle hantait les pensées de son Caporal, mais l'idée qu'il soit obsédé par elle au point d'agir comme il l'a fait ce matin, avec inadéquation entre ses gestes et ses réflexions internes, la satisfaisait. Même quand elle n'était pas là physiquement, elle parvenait à l'emmerder. Peut-être même qu'elle l'emmerdait dans son sommeil. Peut-être qu'il n'en dormait pas, à cause d'elle ? Apprendre ça la réjouirait comme jamais elle ne s'était réjouie pour quelque chose.