Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]

Chapitre 9.

Le lendemain, l'expédition et tout ce qui y était relié de près ou de loin occupaient toutes les pensées, et étaient dans toutes les bouches. Levi avait congédié Naho pour la journée, prétextant qu'elle devait se reposer. En plus de ne pas comprendre pourquoi il lui sortait une excuse aussi ridicule, Naho n'était pas habituée à ce genre de faveurs de la part de son supérieur. Elle se doutait bien que Levi devait avoir beaucoup de choses à gérer, en prévision de cette future expédition. Hanji, qu'elle avait vaguement croisé dans les couloirs, avait daigné l'informer du nombre incalculable de réunions de préparation qui se tiendraient aujourd'hui. La jeune assistante eut un petit pincement au cœur lorsqu'elle comprit que Levi l'avait simplement volontairement écartée de tout ceci. Il ne lui faisait plus confiance. Elle n'était plus assez digne, selon lui, pour prendre part aux affaires du Bataillon, et le lui avait bien fait comprendre.

Dans l'après-midi, entre deux réunions, Naho l'avait aperçu au loin s'entraîner aux côtés de son escouade tactique. Cela lui avait paru étrange, car Levi lui avait toujours répété que ses hommes n'avaient aucunement besoin de lui pour s'entraîner, qu'ils connaissaient leur valeur et qu'ils était plus des coéquipiers que des élèves. Serait-il entrain de douter ?

Et puis au beau milieu de tout ce tohu-bohu, il y avait elle. Il y avait Naho. Au milieu de la peur des autres, de leurs angoisses, elle se tenait là, impuissante, à les regarder faire sans pouvoir agir.

***

Ce soir-là, les cuisiniers avaient mis les petits plats dans les grands, sur ordre du Major, afin d'offrir un véritable festin à toutes les divisions d'entraînement. Les soldats qui, d'habitude, voyaient rarement la couleur de la viande, avaient pu en manger bien plus que ce que la raison permettait. L'alcool coulait à flots, de quoi motiver les troupes.

Le jeune Caporal-chef n'avait pas la tête à la fête, et n'avait que faire de l'entente de groupe qu'il fallait instaurer. En tout cas pour ce soir. Il était assis à la table des vétérans, aux côtés d'Erwin, d'Hanji, de Georg et de Zita. Les deux derniers se bécotaient par-dessus la table sous les effets de l'alcool, de quoi le dégoûter. Et Hanji...venait de lui renverser son demi-litre de bière sur ses vêtements. Son pull était fichu pour la soirée, et son pantalon était lui aussi mouillé par endroits.

« Tch. Hanji, je te jure que je vais t'étrangler. »

Levi s'était levé, prêt à en découdre avec son amie qui ne tenait même plus assise droite sur sa chaise. Il alla pour enjamber le banc sur lequel il était assis, lorsqu'il sentit une main le retenir fermement par le poignet. Il tomba dans le regard d'Erwin, un regard calme, serein. Comme si rien ne les attendait le lendemain. Comment faisait-il pour être aussi tranquille, un soir pareil ?

« Levi, laisse. Tu vois bien qu'elle ne se rend plus compte de ce qu'elle fait. »

Le brun ne cacha pas son agacement, même s'il se sentait assez triste pour sa compagnon d'arme. Cette-dernière portait beaucoup sur ses épaules, autant que tous les autres soldats présents dans cette pièce. Certains avaient une femme, un mari, parfois même des enfants. Et comme à chaque fois, les envoyer se battre alors qu'il y avait si peu de certitudes leur arrachait un pincement au cœur. Levi savait qu'Hanji n'avait ni homme ni enfants. Il ne connaissait pas les raisons d'une telle absence, même si parfois il se demandait si son amie n'était pas simplement comme lui. Cela lui paraissait pourtant inconcevable. Il savait que sa mère les avait quittés il y a quelques années maintenant. Hanji n'avait plus que son père, qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Levi le savait, car il ne se passait pas un week-end sans qu'elle ne s'enferme au QG, au laboratoire ou dans la bibliothèque. Peut-être qu'il se passait quelque chose, que ça l'affectait au point où elle avait besoin de boire pour faire semblant. Le Caporal n'avait jamais été très bon pour détecter les mensonges de la cheffe d'escouade.