Chapitre 11.

1.3K 96 52
                                    

Ses yeux ne quittaient pas l'entrée du QG derrière la vitre. La pluie troublait sa vision, mais Naho demeurait impassible, immobile. Elle attendait. Le crépuscule du jour montrait le bout de son nez, et les torches commençaient à éclairer les quatre coins de la cour en une constellation enflammée. Au loin, la ville se dessinait grâce aux différentes lueurs éclairant les chaumières. Le paysage était d'une rare beauté, et la brune l'aurait sans doute admis sans peine si l'angoisse n'était pas en train de la ronger jusqu'aux os. Depuis la veille, elle n'avait pas réussi à penser à quoi que ce soit d'autre. La paperasse à trier que lui avait laissé son supérieur n'avait pas suffi à occuper son esprit, et la journée lui avait semblé être la plus longue de toute sa vie.

« Le temps passera moins vite si tu t'inquiètes. »

Jeanne l'avait rejointe dans la bibliothèque. C'était là que la vue était là plus directe sur les grilles ouvertes. De son point d'observation, Naho pouvait voir les escouades à la cape verte arriver de très loin. Elle ne cessait de guetter le moindre mouvement à l'horizon, qui lui signifierait leur retour.

« Je ne m'inquiète pas. » répondit Naho sans décoller ses yeux de la vitre.

La remarque arracha un léger rire à l'infirmière.

« À d'autres. » elle lui déposa une tasse de thé fumant sur la table juste à côté avant de reprendre, « Tu ne penses qu'à ça depuis ce matin. »

Naho la remercia pour le thé et attrapa la tasse. Elle constata qu'il avait déjà eu le temps de refroidir, et qu'il était certainement moins bon que celui que lui préparait Levi pendant sa convalescence, mais l'attention la touchait.

« Tu sais, ils ne devraient plus tarder maintenant. » ajouta la rousse pour la rassurer.

« Combien de fois les as-tu déjà vus partir ? Tu n'as plus peur qu'ils ne reviennent pas ? »

Jeanne sourit. Cette remarque devait certainement lui rappeler des souvenirs enfouis loin dans sa mémoire. Elle s'accouda à la fenêtre aux côtés de Naho. Cette-dernière remarqua qu'elle portait toujours sa blouse blanche. Elle osa se demander si, comme elle, c'étaient les seuls vêtements décents qu'elle possédait.

« Tu sais, j'étais comme toi, la première fois. Avec le temps, tu sais avec certitude qu'il y en a certains que tu ne reverras plus jamais. Et on s'y fait, malheureusement. Il ne faut pas oublier que mon rôle n'est pas de ramener les morts à la vie, mais de sauver ceux encore vivants. »

Sauver les morts n'aidera pas les vivants. Jeanne n'avait pas tout à fait tord.

« Regarde, je les vois arriver. La nuit risque d'être longue pour moi, j'ai le temps d'avaler un ou deux cafés avant de les voir passer les grilles. »

Sur ces mots, la jolie rousse quitta la bibliothèque, laissant Naho seule avec son thé froid. Elle fixait la vitre, comme pour se convaincre que ce qu'elle voyait n'était pas une simple image. Le point positif, c'est qu'ils n'étaient pas tous morts. Restait à savoir combien d'entre eux étaient vivants.

La brune s'apprêtait à rejoindre la cour mais se stoppa en se demandant si elle y avait sa place. À quoi servirait-elle là-bas ? Naho n'était pas sûre de pouvoir se permettre une telle apparition. Avait-elle assez d'audace et de prétention pour ça ? La jeune femme reprit son chemin d'un pas bien moins assuré que précédemment. Elle n'était plus si sûre de vouloir y aller. Elle n'était plus si sûre de vouloir faire face à ce qui l'attendait.

Et si Levi n'était pas parmi eux ?

Elle s'était à peine posé la question, ne voulant pas se contenter de cette possibilité. Pourtant, cela restait une éventualité. Naho fut coupée dans ses intenses réflexions par la grille qui grinça sous la force du gardien, l'agitation du personnel des cuisines un peu plus loin, et le rythme lent des sabots des chevaux qui martelaient le sol. Autant de sons qui, mélangés, aboutissaient à une étrange cacophonie difficilement supportable.

Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant