Chapitre 17.

1.5K 101 53
                                    

Naho s'engouffra dans l'infirmerie, un plateau avec trois tasses fumantes dans les mains. Elle revenait des cuisines, où elle avait préparé du thé. La nuit était tombée, et Jeanne était en train de recoudre les derniers centimètres de peau qu'il lui restait à coudre lorsqu'elle était partie, après avoir annoncé qu'elle allait faire du thé. Quand elle referma la porte, et que ses yeux se furent habitués à la pénombre de la pièce, la brune constata que le travail était terminé. Jeanne nettoyait à présent ses ustensiles avec de l'alcool dans le petit évier du fond de la pièce. Elle paraissait épuisée.

Naho déposa le plateau sur le bureau, et se tourna vers Erwin, allongé dans son lit, inconscient. Sa barbe avait poussé depuis qu'ils étaient revenus d'expédition, ses cheveux aussi. Cela le rendait méconnaissable. La jeune femme se saisit d'une des tasses, et l'apporta au Caporal-chef qui n'avait pas quitté son poste d'observation depuis le début de l'après-midi. Celui-ci la remercia d'un regard, et attrapa son thé avant de se reconcentrer sur son Major. À croire que s'il le fixait, celui-ci guérirait plus vite.

« Merci pour le thé, Naho. » la remercia Jeanne après avoir fini de nettoyer la boucherie qui s'était tenue dans l'infirmerie. « Caporal, si vous le voulez bien, il faudra m'aider à relever le Major pour que je puisse changer les draps du lit. Il a perdu beaucoup de sang, et je n'aimerais pas que cela provoque une nouvelle infection. »

Le concerné acquiesça sans broncher, et continua de s'abreuver en silence. Naho s'installa elle aussi sur une chaise. Son fessier, qui n'avait pas rencontré d'assise depuis des heures, l'en remercia chaleureusement. Elle observait son supérieur. Son visage était complètement fermé, et traduisait sa colère par sa mâchoire qu'il serrait machinalement.

« Si tout va bien, il devrait se réveiller demain matin. » précisa Jeanne, en s'asseyant à son bureau, « Je vais veiller ici, vous pouvez aller vous reposer, Caporal. »

« Je reste. »

Levi ne pouvait pas se permettre de perdre Erwin. Il ne pouvait pas se permettre de laisser mourir quelqu'un d'autre, encore moins si ce quelqu'un d'autre, c'était lui. Ses poumons se comprimaient par manque d'air de façon assez régulière, ce qui expliquait largement le poids qu'il sentait au beau milieu de sa poitrine, entre ses deux pectoraux. Il paraissait calme de l'extérieur, mais tout en lui enrageait. Il s'était dit qu'en veillant à son chevet, le Major aurait peut-être plus de chance de survivre. Jeanne disait qu'il était tiré d'affaire. Et s'il ne l'était pas cette fois-là non plus ? Qu'adviendrait-il du brun si celui-ci perdait le dernier repère qu'il lui restait ?

« Sortez au moins prendre un peu l'air, allez manger quelque chose. Naho et moi restons ici. S'il-vous-plait, Caporal. »

Levi ne savait pas trop pourquoi, mais il s'était levé et avait obéi à l'infirmière. Preuve qu'il n'était pas dans son état normal. Il quitta l'infirmerie, marmonnant qu'il revenait, et la porte se refermant derrière lui laissa un léger courant d'air s'infiltrer dans la pièce. Les deux jeunes femmes buvaient leur thé en silence. Jusqu'à ce que Jeanne se décide à le briser.

« Tu es sûre que ça va ? » demanda-t-elle à Naho.

« Oui, pourquoi ? »

« Tu boitilles un peu. Comme si tu essayais de soulager une douleur. Tu veux me montrer ? »

Non, Naho ne voulait pas lui montrer quoi que ce soit. Parce que ce n'était rien du tout, et qu'il y avait bien d'autres vies en jeu que la sienne, en ce moment. Parce que le Major était entre la vie et la mort, que Jeanne n'avait pas dormi depuis plusieurs jours, et qu'elle ne pouvait décemment pas se permettre de la laisser la soigner. Mais le ton que l'aide soignante avait employé était sans appel : elle ne lui demandait pas son accord.

Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant