Chapitre 6.

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Naho fut réveillée à l'aube par le chant du coq. Elle même s'étonnait de l'entendre chaque matin, tant elle savait son sommeil profond. Ce devait être une sorte de réglage interne, un neurone qui s'activait lorsqu'il reconnaissait les hurlements significatifs et peu agréables de l'animal. Cela avait un côté rassurant aussi. En prison elle ne dormait jamais vraiment. Ici elle savait qu'elle ne risquait pas grand chose, qu'elle pouvait se risquer à fermer les yeux en continu plus de cinq minutes. Il fallait qu'elle se dépêche, car bientôt son horaire de petit-déjeuner serait dépassé. Maintenant qu'elle faisait partie du personnel qui œuvrait au quotidien au QG, elle ne déjeunait plus qu'en compagnie des cuisiniers, des palefreniers, ou encore de l'infirmière, Jeanne, qui devait sans doute être trop occupée pour les honorer de sa présence. Tout un beau monde qu'elle ne connaissait pas. Eux ne connaissaient d'elle que les rumeurs circulant à son sujet. En général, la jeune femme était accueillie au réfectoire par des paires d'yeux en tous genres, comme si, du jour au lendemain, elle s'était transformée en la plus célèbre des curiosités locales. Il fut un temps où la brune aurait eu vite fait de leur faire détourner les yeux. Mais elle avait compris la leçon. Elle ne voulait plus faire de vagues au sein du Bataillon, si cela signifiait perdre une seconde fois la chance qu'on lui avait accordée. C'était la dernière qu'elle aurait.

Alors elle se contentait de se faire minuscule, même si cela ne lui ressemblait pas, et de manger à la vitesse de la lumière. Elle n'avait jamais passé aussi peu de temps au réfectoire que depuis qu'elle était revenue. À dire vrai, elle passait depuis quelques jours plus de temps dans le bureau du Caporal qu'ailleurs. Les événements de ces dernières journées pesaient sur sa conscience, et comprimaient ses poumons, juste assez pour lui rappeler qu'ils étaient bien là. La dualité de l'humeur de son supérieur lui trottait dans la tête, mais Naho s'était décidée à laisser les caprices de Levi loin de son esprit, bien trop préoccupée par ses propres états d'âme pour prendre le temps de s'occuper de ceux des autres. D'autant plus que son supérieur semblait être un cas bien à part, pour qui le temps et une analyse poussée était nécessaire. Naho n'était pas sûre d'être prête pour ce genre de recherches. Son esprit avait besoin de se reposer.

Comme souvent, sa journée était une course, et cette dernière commençait dès qu'il s'agissait de manger, les yeux fixés sur le cadran de la montre. Naho avait à peine avalé la moitié de ce qu'elle s'était servi qu'elle dût quitter les lieux. Il ne lui avait fallu que deux jours pour se rappeler à quel point Levi était à cheval sur les horaires. Elle ne se souvenait pourtant pas que ce trait de caractère fusse prédominant, ces six derniers mois. La brune le soupçonnait d'agir ainsi principalement lorsqu'elle était impliquée dans les situations en question. Peu importait. Il ne lui restait pas beaucoup de temps.

La brune pressa le pas dans le couloir qui la mènerait à sa chambre - il fallait qu'elle termine de se rendre présentable. Le Caporal n'avait que faire de savoir si elle avait le ventre plein. Il ne se préoccupait que de sa tenue - exigée correcte - et de son apparence - qui se devait soignée et irréprochable. Dieu merci elle ne croisa pas la route de son supérieur, qui n'aurait pas manqué l'occasion d'asséner une de ses remarques habituelles sur son apparence physique - « T'as une sale gueule, gamine. » - ou sur son retard évident à venir - « T'es pas à l'hôtel ici. Va falloir apprendre à bouger ton cul plus vite si tu veux servir à quelque chose ». Elle l'entendait déjà, et ça l'exaspérait.

Cependant, lorsqu'elle aperçut Sara descendre les escaliers en face d'elle, elle se dit qu'elle aurait peut-être préféré subir le sexisme et l'ego surgonflé du Caporal. Naho savait bien que cela finirait par arriver, même si elle ne s'attendait pas à ce que cela soit aussi tôt. En même temps, elle aurait commis une grosse erreur en s'imaginant qu'elle allait pouvoir déambuler librement dans les couloirs sans y croiser personne, alors que c'était principalement là qu'on y rencontrait le plus de monde. Naho se figea un instant, dans l'attente d'une quelconque réaction de la part de sa camarade aux cheveux ébène. Cette-dernière s'était aussi immobilisée l'espace de quelques secondes ; une expression d'effroi prit place sur son visage. Elle reprit son chemin, son pas se faisant d'un seul coup plus rapide, mais se sentit retenue au niveau du poignet.

Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant