Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]

Chapitre 14.

Les petites persiennes donnant sur la cour obstruaient le passage de la lumière du jour. Il faisait encore un peu sombre, mais le moindre faisceau lumineux éblouirait n'importe quel endormi. C'était ce qu'il se passa lorsque Naho ouvrit les yeux, confuse. Elle mit un moment à se souvenir qu'elle veillait au chevet de son Major, avant d'être arrachée à sa veille par Morphée. La journée d'hier l'avait certainement épuisée plus qu'elle ne le pensait, et probablement plus que de raison. La jeune femme ne savait pas combien de temps elle avait dormi exactement. Elle ne se souvenait plus de la délicieuse sensation éprouvée lorsqu'on se sent lâcher prise. Seulement de celle, plus désagréable, d'être tirée de ses songes après plusieurs heures passées dans un champ de coton.

« Tiens donc, notre marmotte est réveillée, on dirait. »

Jeanne venait d'arriver, un chariot plein de produits de soins derrière elle. L'infirmière se posta à la droite du corps de Smith, et commença à retirer les couches de couvertures qui englobaient son poitrail, toutes plus imbibées de sang et de pus l'une que l'autre. Ça ressemblait, à quelques détails près, à une scène qu'elle avait déjà vécue en étant à la place d'Erwin.

« Il va dormir encore longtemps ? » questionna-t-elle à l'intention de son amie.

« Aucune idée. Ça peut prendre quelques jours ou plusieurs mois avant qu'il ne se réveille. D'ici là, il faut faire attention à ce que son état reste stable. » expliqua la rousse tout en nettoyant le côté recousu et ensanglanté du Major à l'eau claire. « L'avantage, c'est que plus il dort, moins il souffre. Et s'il parvient à dormir, c'est qu'il ne souffre pas tant que ça. »

Naho avait les yeux fixés sur la longue cicatrice encore fraîche qui courait depuis l'épaule du blond jusque sous son aisselle. De sa vie, elle n'avait jamais rien vu d'aussi impressionnant. Le fil noir dessinait un motif régulier sur sa peau pâle, et bien que Jeanne ait fait son travail avec minutie, il en garderait sûrement des marques à vie. Des marques probablement plus présentes que l'absence de son bras.

« Et la régence du Bataillon ? »

« Il faut encore attendre. Pour voir s'il se réveille ou non. Pour le moment, c'est un peu en pause. Si d'ici la fin de la semaine son état n'a pas évolué, j'informerai les autres chefs d'escouade pour qu'ils puissent prendre leurs dispositions. Ce n'est pas une période évidente, et le fait que le Major soit blessé affecte les troupes. »

Naho acquiesça, regardant son amie s'affairer à ses côtés. Chacun de ses gestes était doux, presque effacé. On aurait dit qu'elle survolait la peau meurtrie du Major au lieu de vraiment la toucher. Jeanne avait la douceur d'une Maman. Cette image-là la frappa. La brune alla pour se relever du fauteuil, mais se stoppa lorsqu'elle prit soudain conscience qu'une couverture était dépliée sur ses genoux. Elle fronça les sourcils, persuadée que ce duvet n'était pas là le soir d'avant.

Instinctivement, elle se saisit du morceau de tissu en porta un coin à son visage, pour en humer l'odeur. C'était bien ce qu'elle pensait. Elle reconnaîtrait cette odeur entre mille, et se mentirait probablement si elle se persuadait du contraire. Ce parfum fort et à la fois musqué, cette légère once de propreté. Ce duvet ne pouvait appartenir à personne, sinon à Levi. Naho soupira. Voilà qu'elle se retrouvait à devoir lui rendre cette couverture qu'elle ne lui avait pas demandé. Le point positif à tout cela, c'était peut-être qu'il s'était finalement décidé à sortir de sa chambre. Peut-être pas quand Naho aurait aimé qu'il le fasse, mais c'était tout de même une avancée considérable. Levi se fermait seulement comme un escargot, pas comme une huître.

« Un problème ? Tu fais une drôle de tête. »

Jeanne sortit la jeune brune de ses pensées profondes.