Chapitre 12.

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« Naho, va faire une pause. Je prends le relais. »

La voix de Jeanne parvint jusqu'à aux oreilles de la jeune infirmière improvisée. Naho regarda la petite rousse, qui paraissait épuisée. Avait-elle passé tout ce temps à soigner le Major Erwin ?

« Mais, et toi ? Tu devrais prendre quelques minutes aussi. »

« Si je me repose maintenant, d'autres vont mourir. Mais tu m'as bien aidée, tu mérites ta pause ! »

Elle la remercia encore une fois chaleureusement de l'avoir épaulée, avant de la forcer à sortir hors de la tente pour prendre un peu l'air. La brune s'était inquiétée pour son amie, et avait réussi à mettre de côté son angoisse grandissante pour se préoccuper de son état. Évidemment, cela n'avait pas duré longtemps. À peine avait-elle quitté la tente que son corps la dirigea vers les grilles, désespérément. Elle y accrocha ses mains et attendit en fixant l'horizon, comme le prisonnier attendrait sa sentence. Ses yeux ne quittaient pas le sentier. Il fallait qu'il se passe quelque chose, que Levi apparaisse de nulle part, peu importe comment. Il ne pouvait pas être mort. Naho refusait de le croire.

Mais rien ne venait. Alors les larmes qui menaçaient de tomber depuis tout à l'heure disparurent d'un coup. Naho avait si mal au cœur qu'elle ne sentait plus rien. Elle avait froid. C'était si douloureux qu'elle n'en pleurait même pas. Comment un homme comme lui était-il parvenu à la mettre dans cet état ? Il avait gagné, cet imbécile. Il avait réussi à la faire plier de la plus belle des façons. La plus belle étant aussi la plus douloureuse.

Naho s'en voulait terriblement de s'être attachée à lui. Parce qu'elle ne savait pas ce que tout cela voulait dire, qu'elle ne comprenait pas le sens de toutes ces émotions contradictoires. Elle se détestait d'attendre son retour alors que tous s'étaient déjà faits une raison. Qu'allait-elle faire à présent ? Le pire de tout ça, c'est que ce n'était même pas le fait de le savoir disparu qui était le plus douloureux. C'était le fait de se rendre compte qu'elle ne le détestait pas. Loin de là. C'était tout le contraire. La brune le portait dans son cœur, et l'avait dans la peau.

Ses forces l'avaient quittées, pourtant elle restait debout, immobile, ses yeux toujours à espérer l'apparition d'un point à l'horizon. Résignée, Naho décida de quitter le QG pour quelques minutes. Elle étouffait derrière ces grilles, avait besoin de respirer. Elle ne savait plus quoi penser, n'y arrivait plus. Le système était court-circuité. À présent, elle n'avait plus la grille rouillée dans son champ de vision. Rien de plus que la plaine, vaste étendue infinie, éclairée par le crépuscule du jour. Les lumières de la ville commençaient à poindre, et ce paramètre acheva de creuser la plaie qu'elle gardait dans les tréfonds de son être. C'était si beau. Ce serait plus beau encore, si Levi avait été là.

La brune se sentait perdue. Une brebis égarée au beau milieu de l'infinité du monde. À présent elle cherchait du sens à tout ce qui suivrait. Elle avait envie d'hurler, de frapper dans un mur jusqu'à ce qu'il s'écroule. Frapper à s'en ouvrir les phalanges, frapper pour avoir mal, pour que la douleur qui serait ainsi provoquée soit plus vive que celle qui agitait son cœur à l'instant T. Pouvait-on avoir mal au point d'en oublier la douleur ? Naho espérait que ce soit le cas. Pour que la souffrance l'achève, une bonne fois pour toutes. Elle avait accepté de revenir, pas de laisser Levi mourir.

Soudain, une silhouette entra dans son champ de vision. Naho dût cligner des yeux plusieurs fois, pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Elle craignait d'halluciner, de créer mentalement une situation idéale qui puisse se produire, pour satisfaire son mental écorché. Elle se pinça même, et alla presque jusqu'à se mordre. Mais elle ne rêvait pas. Il était là. C'était lui, à pieds aux côtés de son fidèle destrier. Même de loin, elle l'avait reconnu. Instinctivement, elle se précipita vers l'avant en faisant quelques pas non contrôlés. Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire, mais elle allait le faire. La jeune femme ressentait soudainement cet intense besoin de le prendre dans ses bras, peu importe comment le geste serait accueilli. Il fallait qu'elle sente, en plus de le voir, qu'il était bien vivant. Mais sa course se freina bien vite, lorsqu'au fur et à mesure qu'elle avançait, elle commença à distinguer plus franchement les traits de son visage.

Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant