Reviens-moi [Levi Ackerman x OC] [Double Jeu TOME 2]

Chapitre 2.

Un cri déchirant de désespoir le sortit brusquement de son sommeil. Le brun resta immobile, dans la même position que précédemment, et seuls ses paupières à présent ouvertes indiquaient qu'il s'était réveillé. Soudain, cela lui monta jusqu'au cerveau : il s'était endormi. Le jeune homme plia ses genoux et appuya ses coudes sur ces-derniers, pour maintenir sa tête qui semblait résolument trop lourde. Levi venait de faire un cauchemar. Cela lui rappelait pourquoi il dormait si peu. Une heure de trop, et c'en était fini.

Deux semaines étaient passées. Deux semaines au cours desquelles le Caporal n'avait pas eu le loisir de se morfondre sur le départ de Naho. Ils étaient plus qu'occupés ces temps-ci, à recruter de nouveaux membres, redonner un certain niveau de combat aux blessés, entraîner ceux qui s'en étaient sortis indemnes. Levi s'efforçait de se donner du travail pour s'empêcher de penser. Il savait bien où ses idées l'emmèneraient, et il n'était pas certain d'avoir envie d'aboutir à cette finalité. Maintenant qu'il se retrouvait seul, volontairement isolé des autres, c'était comme s'il laissait la place à ses pensées de vagabonder librement autour et en lui.

Son âme toute entière brûlait d'envie d'aller la chercher. Il ne lui manquait que le maigre accord de sa conscience pour sauter sur son cheval, et partir fendre l'air vers Sina. Il voulait la revoir, et cette perspective le fit froncer les sourcils. Qu'était donc ce curieux sentiment ? Il se surprit à regretter ces moments qu'ils partageaient en silence, elle assise contre un arbre ou simplement allongée dans l'herbe, lui adossé contre un autre tronc.

« Pourquoi tu t'isoles ? » lui avait-elle un jour demandé.

Il n'avait bien entendu pas manqué une occasion de râler et d'exprimer son exaspération, mais avait fini par lui répondre que, de là où il venait, ce n'était rien de plus qu'un quotidien. Il avait grandi seul, si l'on exclut la raclure d'oncle qui n'avait pas été foutu de s'occuper de lui plus de trois ans. Il évoluait seul, dépendait de lui-même, et tenait à crever seul, comme il l'avait toujours été. Il s'attachait à cette solitude, car c'était un terrain connu, familier. Elle lui avait demandé d'où il venait, et il n'avait pas répondu.

Mais au fond, il savait bien que ce refus n'était que partie remise, et qu'elle finirait par lui tirer les vers du nez jusqu'à en retirer quelque chose. Cette femme était un démon. Elle jouait avec lui sans même en être consciente, le torturait alors qu'elle ne se trouvait même pas physiquement présente.

Et ça lui plaisait. Beaucoup trop pour qu'il y renonce.

***

La nuit était noire. Dans le réfectoire, le bruit et la bonne humeur régnaient. Levi, qui trouvait cela tout bonnement insupportable, s'était volatilisé de la table des vétérans sans toucher à son repas. Il s'était réfugié dans les jardins, juste à côté. Assis sur un banc en pierre aussi lourd que son mal-être, le jeune homme soupira.
Son incartade avec le Major datait d'il y a quelques semaines déjà, les cadets commençaient à oublier Naho peu à peu. On parlait moins d'elle, pour le plus grand bonheur du brun. Il détestait les bruits qui courent et les on-dit.

Des pas se firent entendre sur le chemin de promenade caillouteux. Levi ne releva pas la tête. Il était pensif, mais surtout perdu. Il aimerait pouvoir faire quelque chose, mais il ne savait même pas quelle était la cause qu'il devait plaider. Non. Il savait exactement ce qu'il avait envie de faire. Mais il se persuadait encore que son statut hiérarchique et ses supérieurs ne lui permettaient pas d'assouvir ses envies.

« Tu réfléchis trop, Caporal. »

Erwin s'était assis à ses côtés, se penchant en arrière pour ouvrir ses poumons à l'air frais de la nuit. Ses mains retenaient son buste, et lui donnaient une allure fière.