Chapitre 11

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Mon huitième mois de grossesse est bien entamé maintenant. Je devrais être joyeuse et impatiente de rencontrer Eden, mais ça fait trois jours que je ne l'ai pas senti bouger. Je m'inquiète vraiment. Je sens qu'il est à l'étroit dans mon ventre, car, en temps normal, il me donne un coup au moins toutes les quatres heures. Hors, ça fait trois jours qu'aucuns de ses mouvements n'a déformé mon ventre. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Puis, très vite, je le vois arriver dans le salon, toujours vêtu de son manteau. Il me regarde, inquiet.

«- Il a bougé ? »

Je secoue la tête négativement, la peur au ventre.

«- On y va alors. »

On s'est donné jusque ce soir avant d'aller à l'hôpital si Eden ne bougeait pas. J'enfile mon manteau, et sous le froid de ce vendredi onze octobre 2024, nous montons dans la voiture. Le trajet me paraît être une éternité. Je laisse couler quelques larmes dans la voiture accompagnées de quelques mots réconfortants de Florian. Il me répète que c'est un survivant, que tout va bien. En arrivant, j'explique ma situation et je suis directement prise en charge. Une sage-femme m'explique ce qu'elle va faire.

«- On va faire un monitoring. Ça va permettre de contrôler les battements de cœur de votre bébé., m'explique tendrement la femme. C'est un garçon ou un fille ?
- Un garçon., répond Florian en attrapant ma main.
- Vous avez choisi son prénom ?
- Eden. »

Florian est froid avec la sage-femme. Il a peur. Elle lui sourit, compréhensive. Puis, elle dépose une sonde sur lequel elle a déposé le même gel que durant les échographies. Je laisse tomber ma tête contre la lit, fatiguée. Je sens la professionnelle de santé chercher et tâter mon ventre.

«- Je reviens., dit-elle en souriant. »

Et elle part. Je regarde Florian, apeurée. Il embrasse mon front. Je vois dans son regard qu'il a la même que moi, de peur. Il serre fort ma main. Je sens que ce geste nous rassure tous les deux. Puis, la sage-femme revient accompagnée d'un homme et d'un échographe sur roulettes. L'homme se présente comme un gynécologue, ce qui ne me rassure guère. Il m'explique que nous allons faire une échographie de contrôle. Puis, après une dizaine de minutes, où j'ai vu mon bébé sur l'écran, le médecin nous regarde un air sérieux. J'ai peur de ce qu'il va nous annoncer. Je n'ai vu aucuns mouvements, alors qu'il y en avait toujours lors des échographies précédentes.

«- Écoutez..., dit le médecin d'un voix calme. »

Mon cœur s'emballe. Je serre encore plus fort la main de Florian.

«- Le cordon ombilical de votre bébé s'est noué. Votre bébé n'a plus les apports nécessaires. »

J'ai compris. J'explose en sanglots. La sage-femme pose sa main sur ma jambe, l'air désolée.

«- Je suis désolé., dit le médecin. »

Florian lâche ma main et recule. Ses yeux s'écarquillent. Les miens sont irrigués de larmes.

«- C'est pas possible., dis-je faiblement. Tout allait bien il y a deux semaines... »

Ma voix est tremblante. Tout allait bien, lors de la dernière échographie, il y a deux semaines.

«- Désolé Madame... »

Il marque une pause.

«- Il va falloir déclancher votre accouchement. On va vous laisser un peu. »

Puis ils sortent. Je tourne la tête vers Florian. Il est abasourdi. Puis, il passe ses mains derrière son cou et fait un tour de pièce. Ses larmes coulent en silence, comme moi.

Il Fait Mon BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant