Chapitre 34

264 13 41
                                    

Des pleurs dans le baby phone me réveille brusquement. Je soupire en voyant qu'il n'est que trois heures du matin. Je sens Florian se retourner dans mon dos. Il dépose un baiser sur ma tempe et me glisse un "J'y vais, dors un peu." avant de prendre l'objet de notre réveil et de sortir de la chambre. Je baille en m'enroulant dans la couette. Julia a trois mois, et a visiblement hérité du sommeil compliqué de son père... Nous avons beaucoup de mal à l'endormir, et elle se réveille beaucoup la nuit. Elle ne dort pas plus de deux heures de suite. Florian et moi sommes épuisés, mais nous tenons le coup.
Ces nuits compliquées et peu reposantes sont la contrepartie d'une joie immense la journée. Florian revient dans le lit une trentaine de minutes plus tard. Je me glisse dans ses bras, et le serre contre moi.

«- La prochaine fois, c'est moi., dis-je en chuchotant. Ça fait deux fois que c'est toi.
- Dors, on verra à ce moment-là.
- Elle voulait quoi ?
- Sa couche était pleine.
- Je me disais que ça sentait...
- Ta gueule et dors, Esmée. »

Je souris dans le noir, amusée, et me rendors.

Julia me regarde attentivement, en gigotant. Je lui montre un tee-shirt marinière neuf.

«- Qu'en dis-tu, ma puce ? Une joli t-shirt tout neuf que papa t'a acheté ? Ça me paraît un bon projet ! Et avec ça... Je te propose un petit legging bleu, pour aller avec les rayures. Ça ta va ? Oui ? »

Elle m'offre un grand sourire, que je lui rend. Je lui enfile sa tenue, avec difficulté. Elle bouge beaucoup. C'est une vraie pile électrique, et elle me semble inépuisable. Comme son père. Une fois prête, je dépose un bisou sur son front en remplaçant une mèche de ses petits et fins cheveux châtains, puis la prend dans mes bras. Nous descendons au rez-de-chaussée, où Florian nettoie les carreaux.

«- Regarde moi comme ton papa est un homme parfait., dis-je en souriant. »

Florian se retourne, et me sourit en posant le torchon. Il s'avance vers moi, et prend sa fille dans les bras, avec prudence.

«- Tu es belle, merveille !, s'exclame-t-il d'une voix sur-aigu.
- Qu'il est gaga, papa !, je souris en embrassant la joue de Florian.
- Elle raconte n'importe quoi... »

Je ris encore avant de bailler. Il n'est que dix heures, mais la nuit a été courte.

«- Tu veux pas aller te reposer ? Je m'occupe d'elle., dit Florian en reprenant son chiffon.
- Non... Je dois faire un saut aux bureaux, pour revoir les dernières finitions.
- Tu seras de retour pour quelle heure ?
- Je ne sais pas. Je serais là avant que nos parents arrivent. Promis. »

Je lui vole un baiser, et pars vite. Je démarre la voiture et file retrouver les bureaux à Toulouse. Car oui, après la naissance de Julia, je me suis motivée à passer le permis. Il était temps. Je l'ai donc eu en express, en trois mois, j'ai la petite carte rose tant convoitée depuis trois semaines, et ça facilite la vie de ne plus dépendre de bus. Quand j'arrive enfin à me garer, après m'être reprise plusieurs fois, j'entre dans les locaux. Florian me dit que ça ira mieux, quand je me serai garée des centaines de fois. Je retrouve rapidement Sam.

«- Comment va la jeune maman ?, me demande-t-il.
- Fatiguée, mais ça va. Et toi ?
- Ça va bien ! »

On se met vite au travail. On revoit les dernières choses avant la sortie de mon livre. Journal d'une âme rêveuse. Un condensé de mes sept dernières années de vie est dans ce livre de deux-cent pages. J'ai insisté que "journal" apparaisse dans le titre, car je ne voulais pas que le livre soit accueilli comme une autobiographie, mais plutôt comme des états d'âme posées sur la papier. Dans deux semaines, le livre sera au public. Nous reprenons la promotion la semaine prochaine, ce qui signifie un retour à Paris. Je vais devoir partir loin de Julia et de Florian pour cinq jours, ce que j'appréhende beaucoup. Mais il n'y a pas de raison que ça n'aille pas. Avec mon métier, et celui de Florian, il va falloir nous habituer à partir parfois plusieurs jours loin de Julia... Évidemment que nous avons peur qu'elle le vive mal, mais nous allons tout faire pour qu'elle se sente aimée et entourée par ses deux parents. On commence déjà à lui expliquer, même si elle n'a que trois mois. Mieux vaut trop tôt, que trop tard.

Il Fait Mon BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant