Chapitre 31

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«- Votre bébé n'a pas pu avoir les apports nécessaires pour survivre, étant donné que votre placenta ne fonctionne plus correctement. »

Mon monde entier s'écroule. Une douleur insurmontable survient du plus profond de mes entrailles. Non, pas ça. Tout. Mais pas ça. Laissez-moi mourir à sa place. Mais pas elle.

«- Je suis désolé, Madame. »

Sûrement que je crie, mais je ne m'en rend même pas compte. La seule chose dont j'ai conscience, c'est ma douleur. Violente. J'ai mal. Tellement que je la ressens physiquement.

«- Laissez-moi mourir à sa place, je vous en prie ! »

Ma gorge me brûle. Ma voix est cassée, blessée. Mes larmes coulent à flot. Il n'y a personne dans cette putain de chambre d'hôpital. Le médecin s'est volatilisé. Je suis seule, sur le lit, unique occupant de cette pièce, je m'entends crier. Crier, parce que c'est le seul moyen pour supporter cette douleur atroce.

«- Aidez moi ! »

Ma gorge est tellement douloureuse. J'ai mal. Je ne veux même plus vivre. Je ne peux pas vivre cela une deuxième fois, je n'y survivrai pas. Personne n'est là. Je suis seule. Seule, avec ma fille morte dans mon ventre. Je serre le drap blanc en criant, encore. Parce que je ne trouve que ça à faire. J'ai mal. Dieu, que j'ai mal. Qu'ai-je fait, Dieu, pour mériter ça ? Quels sont mes péchés ? Personne n'est là. Personne n'essaie de la sauver.

«- Sauvez la ! Je vous en supplie ! Faites quelque chose bordel ! Sauvez la... »

La douleur est insoutenable. Chaque seconde qui s'écoulent est pire que la précédente. Je n'ai jamais eu aussi mal. Je n'essaie même pas d'étouffer mes sanglots. Je ne vis plus. Je ne vivrai plus jamais. Je ne veux même plus essayer.

«- Esmée ! Réveille-toi ! »

Essoufflée, j'ouvre les yeux. Mon coussin est trempé de sueur, de larmes. Mon père me tient par mes épaules, comme s'il me maintenait. Mon bébé. Je pose ma main sur mon ventre. Elle n'a pas bougé. Je m'assieds et regarde l'heure sur le petit radio-réveil. Quatre heures quinze du matin. Ça fait douze heures qu'elle n'a pas bougé. Ma respiration semble se bloquer. Ma vision se trouble. Une nausée monte. C'est pas possible. Ça ne peut pas n'être qu'un simple cauchemar...

«- Calme-toi, ma fille. Ce n'est qu'un rêve.
- Elle est morte. »

Ça me brûle encore de parler, même si ma voix est à peine audible. Je sens mon cœur accélérer, et ma respiration devenir compliquée ainsi que ma gorge se serrer. Non, ce n'est pas le moment de faire une crise d'angoisse.

«- Qui ça ? Tout va bien, tu as fait un mauvais rêve. Je t'ai entendu crier, et quand je suis entré, tu te tortillais dans tous les sens... Mais tout va bien.
- Papa, il faut que j'aille à l'hôpital. »

La respiration saccadée, je me défais de son emprise et enfile un pull. Quand j'arrive devant le canapé, je suis prise d'un vertige. La pièce semble tourner, et ma vision est brouillée. Des larmes s'échappent de mes yeux, et je n'arrive plus à respirer. Je m'assieds par terre. Et je commence à subir. Subir cette crise d'angoisse, alors que mon bébé est mort. Je suis la pire des mères.

«- Esmée, calme-toi, ma fille. Respire profondément. Tout va bien. »

Florian. Où est Florian ? Il n'y a que lui qui sait gérer ces maudites crises d'angoisse. Je sens la regard de mon père sur moi, et ses mains qui maintiennent les miennes qui tremblent comme des feuilles.

«- Il faut aller à l'hôpital., je parviens à dire.
- Oui, je vais t'emmener. »

La voix de mon père n'est plus aussi assurée qu'avant. Je dois lui faire peur. J'essaie de me relever, malgré ma putain de crise.

Il Fait Mon BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant