Chapitre 19

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Je regarde le bâtiment face à moi ainsi que l'écriteau "Maternité". J'étais toute pressée et heureuse à l'idée de voir Marion dans le métro, mais la vue de ce bâtiment me rappelle de trop mauvais souvenirs. Je jette un regard à Florian, qui fixe le bâtiment lui aussi, et suppose qu'il a vécu le même ascenseur émotionnel.

«- Aller., finissais-je par dire. C'est un évènement heureux.
- Ouais. On y va ? »

Je souris à mon compagnon, et attrape sa main pour me donner du courage.

Après un oui prononcé par la voix de Marion, j'ouvre la porte. Marion est allongée dans un lit, je vais vite vers elle et la prend dans mes bras.

«- Comme je suis contente de te revoir.
- Moi aussi !
- Ça va ?, dis-je en la regardant.
- Je suis fatiguée, mais ça va. Flo ! »

Je me recule et regarde les deux amis se retrouver. Mon regard se pose sur le berceau. Pendant quelques secondes, je ne peux pas m'empêcher de me souvenir qu'il n'était pas dans ma chambre. Mais, je reviens vite à ma réalité, et m'approche de ce petit lit. Je vois, enfin, ce petit bout de chou. Il est endormi et emmitouflé dans son pyjama et couvert d'une couverture blanche. À sa droite est posé un petit lapin. J'observe sa petite main posée près de sa tête, toute paisible. Il est beau, ce petit Jules.

«- Esmée, on te parle ! »

Je me retourne en riant doucement à la remarque de Florian. Marion aussi.

«- Je te disais que tu pouvais le prendre. »

Je souris, et me penche vers le berceau. J'attrape, avec le plus de douceur, le petit. Je cale bien sa tête au creux de mon bras, et le regarde avec attention.

«- Salut mon chou. Ça va ? »

Je souris, seule, face à sa réaction inexistante. Il dort.

«- Alex n'est pas là ?, demande Flo.
- Il est parti récupéré Esteban chez ses parents, ils vont pas tarder.
- Comment s'est passé l'accouchement ?, demandais-je.
- C'était rapide, mais pas trop pour qu'on ait le temps d'avoir la péridurale. Ça s'est super bien passé. »

Je m'assois dans le fauteuil, près de Marion et continue d'observer cette petite boule d'amour.

«- Je te sens stressée., déclare Florian.
- J'ai un peu peur de la rencontre avec Esteban, même si en vrai j'attends que ça. »

Lentement, j'entends les voix s'estomper. Je plonge dans une bulle. Jules ouvre doucement les yeux. Je l'observe en caressant doucement le haut de son crâne. Ses yeux sont bleus, et maintenant tout ouverts. Je lui souris. À ce moment précis, je me sens bien. Je lui chuchote quelques petits mots. J'attrape sa petite main, et lui m'attrape et serre mon doigt. Je sens une larme glissée sur ma joue, je pleure pour un rien en ce moment... C'est vraiment impressionnant.

«- Esmée ? »

Violemment, je sors de ma bulle et relève la tête. Florian rit doucement.

«- Et voilà qu'elle pleure !
- Tu veux quoi ?, dis-je en ignorant sa remarque et voulant savoir ce qu'il voulait.
- Le cadeau est dans ton sac ?
- Oui. »

Il fouille à l'intérieur de celui-ci et sort le petit paquet qu'il tend à Marion qui nous remercie gênée. Elle déballe la peluche koala que Florian avait trouvé il y a quelques semaines déjà.

«- Oh regarde Jules !, s'exclame Marion d'une petite voix alors que je me lève. Un koala ! »

Le nourrisson agité doucement ses bras, nous faisant doucement rire.

«- J'irai lui acheter une gourmette avec son prénom, maintenant que je le sais., souriais-je.
- Non, t'as pas besoin !
- Devoir de marraine., dis-je pour me défendre.
- On fera ça en sortant., dit Florian en s'asseyant près de son amie. Beaucoup de visites prévues là ?
- Esteban, les parents d'Alex et je crois que Sarah et les mecs vont passer aussi. Mes parents prennent un train aujourd'hui.
- Ils montent à Paris ?, demandais-je sans quitter les grands yeux de Jules.
- Oui, ils veulent venir. Vivement qu'on retourne à Toulouse. Ça me manque trop.
- Tu manques sur Toulouse, j'avoue., dit Florian.
- Tout le monde est redescendu vivre là bas, et puis j'ai envie que mes enfants grandissent là bas.
- Au moins, ils diront chocolatine !
- Purée j'avoue ! Pas comme l'autre là. »

Il Fait Mon BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant