Blue Story - Tome 1 [1ER JET]

Chapitre 31

[ Point de vue : Dylan / If you say so - The Dead Love ]

— Hm, oui c'est moi. Mais là, je peux pas prendre de photos, je dois rejoindre quelqu'un.

— Allez, juste une photo, ce ne sera pas long.

La fan se tortille les cheveux en me jetant un regard de braise. Mes yeux se dirigent vers son décolleté et...

— Bien, vous pouvez entrer.

Ouf, le videur me sauve la mise avant que j'accepte cette foutue photo. Je passe les portes sous la déception évidente des deux filles et réajuste mon caleçon discrètement en me raclant la gorge.

La salle est immense et des serveurs accourent aux quatre coins. Devant moi, quelques personnes font la queue devant le maître d'hôtel pour être placés. J'en profite pour chercher le père et le fils des yeux mais ne les trouve pas. Quand vient mon tour, je présente à nouveau ma carte et demande s'il y a une autre salle. On me fait part de l'existence d'un toit et me vante la tranquillité à cette heure-ci.

Je le suis et demande une table en face de celle d'Eric et de Morel. Les deux discutent tranquillement mais la tension se sent d'ici. Qu'est-ce qu'Eric a en tête, bon sang ? Ok, je suis peut-être paranoïaque, mais mon instinct me dit qu'il a autre chose en tête qu'une discussion courtoise, surtout vu l'hypothèse émise la veille concernant son implication dans la tentative d'assassinat.

Pour l'instant, il n'y a pas grand monde, juste un autre duo qui mange plus loin. La vue sur Paris est magnifique. La terrasse surplombe toute la ville. Un serveur interrompt mes pensées pour me demander ce que je souhaite commander. Je demande un cocktail, le moins cher et envoie un message à Théo pour le tenir au courant de ce qu'il se passe.

— Alors, toi et maman, c'est fini ? lâche Eric en prenant un verre d'eau.

— Pourquoi est-ce que tu dis ça, voyons ? ricane nerveusement Morel.

— J'ai trouvé les papiers, ne mens pas.

Morel arrête de mâcher l'olive verte qu'il a dans la bouche, étonné par cette révélation. Son sourire disparaît et il s'essuie les mains.

— Ecoute, fiston...

— Ne m'appelle pas comme ça. Je pense que ton droit de jouer au père modèle n'est plus d'actualité.

— Eric ! Arrête un peu ta comédie, on est au bar, là, réplique Morel en baissant le ton tout en serrant les dents.

Je commence à siroter le cocktail qu'on m'a amené. La discussion devient croustillante, je n'en perds pas une miette, il me manque juste du popcorn.

— Donne la garde à maman, j'ai vraiment pas envie de vivre avec toi, t'es juste un abruti, crache Eric.

— A quoi tu joues ? commence à s'emporter Morel.

— Non, donne la garde à maman.

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi !

Morel attrape Eric par le col. Je me redresse à cette vision violente et pose une main instinctive sur le dossier de ma chaise, près à bondir. Eric observe son père en gardant son calme.

— Vas-y, frappe-moi, j'attends, dit-il calmement, un brin de rancœur dans la voix.

Morel lâche le col et redresse sa veste de costume en se raclant la gorge.

— Bref, ta mère ne mérite pas la garde. Elle n'a rien, elle ne peut pas s'occuper de toi.

— Elle est là, comparée à toi.