Blue Story - Tome 1 [1ER JET]

Chapitre 50

[ Point de vue : Dylan / Like A Drug - BRKN LOVE ]

J'ai du mal à comprendre l'intérêt soudain de Gabi pour ma vie sentimentale. Je trouve ça carrément déplacé son petit numéro d'entremetteur alors que je me doute que Sora l'aime, lui. En plus, il est rarement sympa pour être sympa. Sa sympathie cache toujours quelque chose.

Il utilisait déjà quelque fois les gens pour servir ses intérêts et c'est un comportement qui a évolué depuis qu'on est là. Pour ce qui est de Sora, je peux peut-être la faire changer d'avis... Si je lui montre que je suis mieux que lui, j'ai peut-être une chance. Le souci, c'est que Gabi est le genre de gars qui a déjà tout fait dans sa vie. Il est bon partout.

Même en cours, il a la meilleure moyenne sans bouger le petit doigt. Moi, je dois bosser comme un dingue. Quand je suis motivé, c'est vrai, sinon je préfère regarder par la fenêtre ou gribouiller sur mon cahier. Mais quand même, lui et moi, c'est un niveau complètement différent. En plus, ses pouvoirs sont bien plus cool que les miens. Il est plus beau que moi et je suis une crevette, je donne l'impression qu'on peut m'écraser en me faisant un câlin.

Ça me fait penser à Eskild. Lui aussi est à un niveau stratosphérique du mien. Et encore, il n'a jamais montré ses pouvoirs, ça le rend encore plus mystérieux et tout le reste. Qu'est-ce que j'ai, moi ? Un pouvoir peu stable, je suis roux, j'ai une face de délinquant, pas particulièrement de style et je sais me battre de façon approximative. Bref, les gens d'ici, je n'aurai jamais leur niveau.

Et Sora, je la regarde de loin, même quand je suis à côté d'elle, j'ai l'impression de ne jamais pouvoir l'atteindre. Son sourire me réchauffe le cœur, pourtant. Et quand elle m'a aidé avec Eric, que mes pouvoirs se sont réveillés, elle était là.

A la fête, j'ai eu la sensation qu'il y avait un truc entre nous, mais j'ai dû rêver. Ensuite, elle passait tout son temps avec Gabi, Ettoh ou Mia. D'ailleurs, avec Mia, c'est bien mais je...

— Dylan ? Eh oh !

Mia se redresse et place son visage au-dessus du mien. Elle est torse-nu et c'est une bombe. Malgré ça, j'arrive quand même à penser à autre chose. Ça me rend mal.

— Ouais ?

— Dis le si je t'ennuie, hein.

— Non, non, c'est juste...

Je m'arrête, me demandant quelle excuse je vais pouvoir inventer. Après l'épisode « En fait, Emma est morte » à la fête, j'ai rejoint Mia, je l'ai ramené chez elle, on a pris une bière puis il est arrivé ce qui est arrivé. C'était génial et elle semblait contente. Ma tête était vidée par l'alcool et les évènements alors, ça allait. Mais là... Le soldat ne pointe même plus le bout de son nez.

Je n'arrive même pas à la regarder dans les yeux ; tout ce que je vois, c'est le plafond. Elle me caresse le torse doucement, comme pour me rassurer et affiche un air compatissant. J'ai envie de me taper la tête contre un mur.

— Excuse, j'ai super mal au crâne, ça veut pas passer, je fais en exagérant mon ton.

Vraiment ? Eh bien, si je lui disais à quoi je pense, elle me foutrait à la porte.

— Je vois, susurre-t-elle à mon oreille. C'est diabolique de ta part de me laisser comme ça, je suis trempée.

Je rougis tout en frissonnant. Il faut que je m'y remette, c'est trop difficile de résister à des mots pareils. Je l'attrape par la taille et passe au-dessus d'elle pour l'embrasser sur le ventre.

— C'est bizarre, mon mal de tête vient de passer, je fais en souriant.

****

En revenant, je passe devant l'appartement d'Emma. Deux hommes costauds sortent, cartons en main. Seeds n'a pas tardé avant d'organiser son déménagement. L'un d'eux tient un skate : le fameux dont a parlé Gabi pour la réserve. Tout ça me rappelle cette soirée et ma main se pose instinctivement sur mon cou. La douleur était horrible, j'ai cru que j'allais y passer.