Blue Story - Tome 1 [1ER JET]

Chapitre 54

[ Point de vue : Théo / Fire - PVRIS ]

Gabi se décide à utiliser son arme pour repousser les attaques mais elles cessent aussitôt. J'en profite pour secourir la femme blessée, créant une autre bulle de protection.

— Quel est votre nom ? je demande en examinant la plume qui lui transperce le bras.

— Na... Nathalie, répond-t-elle entre deux souffles, haletante.

Elle semble vraiment mal en point. Du sang recouvre sa peau et ses yeux fatigués, n'arrêtent pas de cligner.

— Ok, Nathalie. Vous avez un mari ? Des enfants ?

Pendant qu'elle tente de me répondre, je recouvre ma main de flux protecteur et la pose sur le projectile avec appréhension. Les flammes sont toujours présentes et je sens la chaleur m'attaquer, mais tant pis, il faut que je la sauve. C'est mon job et mon objectif est de sauver des vies.

Je déglutis et souffle un coup, avant de retirer la plume d'un coup sec. Le cri de Nathalie résonne dans toute la patinoire. Sa respiration s'accélère l'espace d'un instant mais revient vite à la normale. Ma main me brûle et la sensation est horrible.

J'essaye de faire abstraction, ayant connu bien pire, et appuie légèrement sur la plaie pour la soigner. En me concentrant, je peux déterminer quelles sont les zones endommagées et les réparer mais tout ça me demande beaucoup d'énergie, je commence à fatiguer.

Une fois le saignement arrêté et la plaie refermée, je recouvre la pauvre femme de mes bras et la relève pour la traîner hors de la piste le plus rapidement possible, examinant du coin de l'œil la bataille.

Rose prend une pause bien méritée, passant la relève à Sora et Dylan, prêts à en découdre. Le petit groupe rejoint Gabi et ensemble, ils font face à une attaque piquée de l'oiseau, qui fonce sur eux comme s'il voulait chasser le gibier.

Ses énormes pattes crochues ressemblent à des serres d'aigle et chacun redoute leur utilisation, se tenant en garde, prêt à se défendre. Sora prend la relève et n'hésite pas : elle saute, katana brandit au-dessus d'elle, un regard féroce sur le visage. Après un grognement d'effort, sa lame frôle de peu la patte du phénix.

Gabi tente à son tour le coup, s'élançant avec une puissance insoupçonnée vers la créature, lui entaillant la peau durcit de quelques centimètres. Pendant que tout ce petit monde fait comme il peut, je laisse Nathalie dehors, soutenue par le couple.

— Je vous laisse vous occuper d'elle, je vais aider les autres. Une ambulance devrait bientôt arriver.

Ils hochent la tête et j'en profite pour appeler Chang après être parti à l'écart. Celui-ci décroche aussitôt, visiblement près de son téléphone.

— Urgence. Une créature de niveau quatre attaque la patinoire. J'ai une blessée et trois personnes en état de choc. Les autres sont morts. A peu près sept personnes. L'équipe 7 et l'équipe 5 sont sur place.

— Bien reçu, j'envoie les secours immédiatement. Rétame-moi cet enfoiré. Bonne chance, Théo, répond-il du tac au tac avant de raccrocher.

Je retourne à l'intérieur de la patinoire en espérant que Chang ne plaisantait pas en disant « immédiatement ». Ces gens ont vu des choses qu'ils ne sont pas censés voir, il faut à tout prix leur effacer la mémoire et les prendre en charge rapidement.

La piste est parsemée de corps ensanglantés, couchés contre la glace, sur le dos ou pliés en deux, transpercés par les plumes dans la gorge, dans l'estomac ou partout à la fois. Ça me fait de la peine mais j'ai vu assez de morts dans ma vie pour passer rapidement à autre chose.