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𝘌𝘤𝘩𝘰 ; 𝘔𝘰𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦́𝘤𝘪𝘴𝘪𝘧
Il observa la cigarette avec un air circonspect. Ses siècles de vie l'avaient habitué aux lubies étranges des Hommes et à leur volonté intense d'autodestruction : quand bien même ils avaient désormais conscience du danger que représentait le tabac pour leurs poumons, ils continuaient de fumer. Il ignorait si la complexité du raisonnement humain lui échappait, ou s'il n'y en avait tout simplement aucune à trouver.
Quoiqu'il en soit, il l'observait avec perplexité tandis qu'elle naviguait entre les lèvres de son « propriétaire » et le vide autour d'eux. La fumée qu'il exalait était grisâtre, et le jeune homme aux cheveux flamboyants pouvait presque voir la mort se dessiner entre les nuages de fumée.
Mais sans doute extrapolait-il trop, à force de savoir à quel point cette simple fumée pouvait tuer.
Il s'adossa au mur auprès duquel il s'était installé et surveilla les environs. Il avait beau être invisible, on pouvait toujours le heurter s'il ne faisait pas attention à son environnement et ne se décalait pas à temps. Il lui fallait aussi guetter le moment fatidique, celui où sa cible, qui fumait tranquillement en amont au bord de l'eau, verrait sa dernière heure arriver.
Il y avait des jours où leur planning était trop serré pour qu'ils puissent ménager les nouveaux défunts.
Alors qu'il apercevait enfin la cause de la mort ― un homme masqué sous une capuche qui s'avançait à pas de loup dans la direction de l'autre homme, perdu dans la contemplation de l'eau ―, une ombre passa soudainement de l'autre côté de lui, et il se tourna dans sa direction pour observer qui était à l'origine de celle-ci. Ses yeux jaillirent ensuite de leurs orbites quand il reconnut la personne en question.
Cet abruti ne va quand même pas...
Sous son air ébahi, le brun qu'il détestait tant s'avança sur la promenade, marchant d'un pas rapide dans la direction de celui qui allait causer la mort de la tierce personne qui ne regardait aucun des deux individus qui avançaient dans son dos. Et puis, soudainement, le brun heurta la personne cachée sous sa capuche, faisant alors valdinguer le couteau qu'elle dissimulait dans son sweat à capuche.
Et le temps sembla se suspendre, lentement.
L'homme sous la capuche abandonna toutes ses envies de meurtre, se contentant de jeter un regard paniqué au brun qui avait tout vu et de fuir. Celui-ci l'observa faire avec un air satisfait avant de récupérer le couteau et de le ranger sans sa poche à son tour. Le troisième homme, lui, avait tourné la tête en entendant le bruit du métal sur le sol, mais avait raté l'essentiel de la scène. Il continua de tirer sur sa cigarette après les avoir regardés quelques secondes.
Une fois qu'il eut la confirmation que tout danger avait été écarté, le jeune homme aux cheveux flamboyants se dirigea vers le brun qui s'était éloigné de la route pour le rejoindre ― enfin, à proprement parler il ne pouvait pas le voir, il s'était juste dirigé vers le mur. Le jeune homme en profita donc pour lui faire un croche-pattes, avant de retirer son chapeau pour le toiser du regard.
« A quoi joues-tu ?
― Je sauve quelqu'un de bien. » rétorqua le brun. Au moins avait-il conscience de ce qu'il venait de faire.
« Il devait mourir. L'Ecrivain avait prévu cela.
― Et il mourra bientôt. » répondit posément son interlocuteur. Il l'observa avec intensité en ajoutant : « Mais pas de façon aussi atroce, tué par l'amant de son épouse qui est trop lâche pour divorcer.
― Tu en sais beaucoup sur la situation. » Lui-même n'était pas en possession de tous ces détails. On ne leur disait pas qui étaient les hommes et les femmes qui mouraient. On leur disait juste qui ils étaient, et comment cela finirait.
« C'est mon ami. »
La réponse, sobre, laissa le jeune homme aux cheveux flamboyants songeur. C'est mon ami. Tout semblait si simple, dit ainsi. Il avait voulu le sauver, parce qu'ils étaient amis. C'était d'une simplicité enfantine, presque banale en comparaison.
On appelait cela l'imprévisibilité des immortels, dans leur jargon de messagers de la mort.
Peut-être qu'en fin de compte, ce n'était que du bon sens et de la bienveillance.
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― Je commence à croire que tu vas nous trahir.
― Cela n'aurait aucun sens.
― Ravi de voir que tu t'en souviens.
― Je ne suis pas un traître.
― Tes actes ne penchent pas dans cette direction.
― Qui êtes-vous pour en juger ?
― Celui qui t'a vu apparaître. Celui qui te formera.
― ...
― Tu es promis à un grand destin. Ne le gâche pas.
― Un destin construit en piétinant celui des autres.
― Ils ne sont que des humains.
― « Que » des humains ? Je ne crois pas qu'ils soient si médiocres.
― Le futur te prouvera le contraire.
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NOS NOMS ÉCRITS À LA CRAIE - 𝘀𝗼𝘂𝗸𝗼𝗸𝘂, 𝘀𝗵𝗶𝗻 𝘀𝗼𝘂𝗸𝗼𝗸𝘂
Hayran Kurgu─ (🌠) ❝ J'AIMERAIS VOUS POSER UNE QUESTION, MONSIEUR NATSUME. CROYEZ-VOUS RÉELLEMENT À LA MASCARADE QU'EST CET ENTERREMENT ? ❞ Atsushi redoute la mort. Son enfance, il l'a passée dans une cage invisible, dont les barreaux l'ont protégé au point de...