Chapitre 6

6 1 2
                                    


     Quand les remparts de Drys se dessinèrent au loin, Pard ouvrit de grands yeux étonnés. On était loin du château austère de Tiana et de ses lignes grossières ! Cette construction-là était l'œuvre des elfes, délicate, lumineuse et pourtant, faite pour durer des siècles. Une forêt se dressait tout près et la jeune fille se sentit presque comme chez elle. À ses côtés, la princesse demeurait silencieuse, happée elle aussi par le spectacle. Elle se reprit la première :

— Encore un petit effort, nous somme presque arrivées ! dit-elle. Tu viens Pard ?

La métamorphe lui sourit avec douceur.

— Une fois que nous aurons atteint cette cité, nous devrons nous dire adieu toi et moi, fit-elle observer.

— Ah, tu m'aimes bien finalement ! fit Tiana en riant. Ne t'inquiète pas, même si j'étudie à l'académie, je n'ai pas l'intention d'y dormir. Mon père aura sûrement fait le nécessaire pour qu'un logement soit prêt pour moi et tu pourras y rester aussi longtemps que tu le souhaites.

— Hum... On verra ça ! marmonna Pard.

Elles pénétrèrent dans la ville en même temps qu'un flot de marchands, agriculteurs et bourgeois se rendant au marché. Il y avait un brouhaha ambiant terrible pour les oreilles sensibles de la métamorphe, mais pas aussi terrible que les odeurs diverses et variées qui flottaient dans l'air, des plus répugnantes au plus alléchantes.

— Est-ce que ça va ? demanda Tiana la voyant pâlir.

—Pas très bien, avoua la jeune fille. Trouvons un endroit plus tranquille, il faut que je change de forme.

Elles s'engagèrent dans de petite ruelles, mais il y avait du monde partout. Il leur fallut s'engager loin dans la ville pour trouver un coin désert. Pard s'y transforma en chat.

— Tu sens moins les odeurs ainsi ? interrogea son amie surprise.

— Non, mais au moins, je vais pouvoir prendre de la hauteur, répondit Pard en bondissant sur un mur. En route pour l'académie ! Je t'attendrai sagement dehors, même si ça te prend des heures, d'accord ?

L'académie fut facile à trouver. Il suffisait de suivre les apprentis en robes grises qui convergeaient tous vers elle.

— Pouah ! s'écria Tiana. Dire que je vais devoir porter une de ces horreurs sans forme... et cette couleur !

— Ne te plains pas, elles ont l'air d'être bien chaudes... Tu pourras crapahuter dans la forêt avec moi sans attraper la mort !

— Tu parles de la forêt de Drys ? Elle n'a pas très bonne réputation... Évite d'y mettre les pieds. On la dit dangereuse.

— Pour un humain peut-être... mais j'ai senti que de nombreux animaux vivaient là. Elle est donc sans danger pour moi. Tant pis, j'irai seule !

— Tu es impossible, tu sais ! Promet-moi au moins que tu seras prudente...

— C'est promis... Allez princesse, tu es arrivée, tu dois y aller maintenant ! Bonne chance !

— Je ne vois pas ce que la chance vient faire là-dedans ! Tout va bien se passer, je n'ai aucun doute.

Pard avisa un grand chêne dont les branches l'appelaient. Elle y grimpa et découvrit que cet arbre lui donnait une vue imprenable sur presque toute la ville.

— Hé ! Le chat ! Descend de là, maudite bestiole ! cria une voix en bas.

Un homme vêtu d'une livrée, sans doute un valet, agitait les bras pour tenter de lui faire peur. La jeune fille monta jusqu'à la cime où les cris lui parvenaient de manière étouffée. Qu'il était amusant ce petit bonhomme ! Puis soudain, il commença à lui jeter des cailloux. Pard manqua de tomber de son perchoir en en évitant un. Toute hérissée, elle allait l'attaquer quand une merveilleuse jeune femme interrompit le serviteur. La fille chat redescendit quelques branches pour entendre ce qu'elle disait :

PardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant