Chapitre 20

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     Le démon poussa un cri de dépit en découvrant la magicienne. Il ne s'en dressa pas moins pour la combattre. Pard sentit des picotements désagréables parcourir son corps.

— Saloperie de magie, marmonna-t-elle.

— Cette saloperie va te sauver la vie fillette, dit la femme blonde sans la regarder. Reste tranquille pendant que je m'occupe de cet invité indésirable !

Elle leva son sabre à deux mains et le tenant haut au-dessus de sa tête commença une incantation. Un éclair zébra le ciel et vint frapper la lame qui devint incandescente. Le démon s'était figé, non parce qu'il avait peur, ni même par surprise, mais parce qu'il venait de poser les pattes sur un pentacle tracé au sol qui le retenait prisonnier. Il se contorsionna tentant d'échapper à l'emprise magique, mais rien n'y fit. Le sort était solide. Lentement, la magicienne s'approcha de la répugnante créature et apposa la lame du sabre sur son épaule. Une odeur de chair brûlée et un grésillement s'élevèrent. La chose commença à se ratatiner. La pression de l'arme se fit plus forte. Une langue noirâtre sortit de la bouche de Tiana. Elle se tortilla comme un long tentacule, fouettant l'air avec colère. Des humeurs visqueuses s'écoulaient des oreilles et du nez de la jeune fille. Pard étouffa un hoquet d'horreur. Elle avait beau savoir que son amie n'était plus là, voir son visage dans cet état la bouleversait.

La magicienne leva de nouveau le sabre et l'abattit avec force sur le démon qui se fendit en deux de la tête aux pieds. Les deux morceaux continuèrent à bouger grotesquement jusqu'à ce qu'un feu magique vint les envelopper et les consumer. Un dernier hurlement se fit entendre, long, strident... puis le calme revint. Dans le pentacle ne subsistait qu'un tas de cendres fumantes que la femme blonde ramassa en un petit sac en toile. Elle s'intéressa ensuite à Pard :

— Alors ? Que penses-tu de ma "saloperie" de magie ? demanda-t-elle. Je suis Rielka, magicienne du palais. Heureusement pour vous que Séléné m'a prévenue ! Ce démon n'aurait fait qu'une bouchée de vous. Rare et coriace... je me demande bien comment il a pu arriver là !

— Il a été invoqué... par la jeune fille que vous venez de réduire en cendres, répondit la métamorphe.

— Il aurait fallu venir me trouver au tout début de la possession, dit Rielka. J'aurais pu la désenvoûter.

— Elle a été désenvoûtée, mais cette chose a réussi à se cramponner à elle malgré tout.

— Qui est le mage qui a pratiqué cet exorcisme catastrophique ? fit la magicienne. J'aurais deux mots à lui dire...

— Elle n'était pas mage et elle n'est plus de ce monde... elle s'appelait Ti Anh.

— Ti Anh... s'étrangla Rielka. Ma Tia Anh ? demanda-t-elle à Séléné.

Celle-ci acquiesça.

— Pard est la métamorphe dont je vous ai parlé, ajouta-t-elle.

— Ah, fit la magicienne. Beaucoup de capacités et aucune idée de la manière dont elle doit les utiliser... Je me souviens ! Tu n'aimes pas ce que je dis, n'est-ce pas ? dit-elle à la jeune fille. Pourtant, tu sais que c'est vrai. Tu dois absolument apprendre à maîtriser tes pouvoirs et je ne parle pas de ta capacité à changer de forme, ni de ta manière de communiquer avec les animaux et les végétaux.

— Je ne parle pas avec les végétaux...

— Bien sûr que si ! soupira Rielka. Tu ne t'en es pas encore rendu compte alors ? Je suppose que tu n'as pas non plus remarqué que la magie coulait en toi ?

— Je ne suis pas mage !

— Voilà une chose évidente... mais ce n'est pas ce que j'ai dit : la magie coule en toi. Elle est puissante et elle doit être canalisée si tu ne veux pas qu'elle finisse par te dévorer !

PardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant