Les couloirs étaient vides et silencieux, seul le vent qui s'engouffrait par endroit émettait un petit sifflement. La pierre était déjà froide en ce début de décembre et l'atmosphère était piquante. Tous les personnages des tableaux s'étaient regroupés dans les pièces les mieux chauffées du château.
Les portes de tous les appartements étaient clos, dissimulant de nombreux secrets. Une professeur dégustant des biscuits au citron en pensant à un ancien ami, un autre lisant un ouvrage que l'on pourrait qualifier de plaisir coupable ou encore un concierge qui écoute une ancienne émission sur son poste de radio. Mais derrière certains tableaux, une scène plus douloureuse peut également se jouer.
Au milieu des coussins et des feuilles de parchemins éparpillées sur le sol, des cris qui raisonnent, trahissant la douleur ressentie par chacun. Une dispute a éclaté, une nouvelle dispute pour ce couple pourtant assez frais.
« Mais c'est tout le temps la même chose avec toi ! Quand vas-tu comprendre que je me fiches des autres. Tu es jaloux et tu n'arrêteras jamais d'être jaloux.
-Ne fais pas comme si ça ne te plaisait pas ces compliments à tour de bras et ces regards presque ébahis face à toi.
-Mais bien sûr que ça me plaît, à partir du moment où la personne qui est sensé partager ma vie n'est pas capable de me faire le moindre compliment ou même de me regarder avec cet air ébahis comme tu le dis si bien.
-Tu te comportes comme une enfant qui a besoin de l'attention du monde en permanence.
-Et toi comme un vieil ermite renfrogné.
-C'est à se demander ce que tu me trouvais dans ce cas.
-Je peux dire la même chose pour toi. A t'entendre, je suis une gamine capricieuse !
-Je n'ai jamais dit que tu étais capricieuse.
-Mais tu me regardes comme une enfant.
-Ca suffit !
-Et sinon, quoi ? Tu vas encore partir, comme les autres fois ? Et bien, pars ! Quitte cette pièce si c'est vraiment ce que tu veux et je peux te jurer que plus jamais tu n'auras la gamine qui te sert de pseudo compagne dans les pattes. »
Sans un mot, il enfila sa cape et tourna les talons, claquant le tableau aussi fort que possible en partant. Une fois seule au milieu de ce chaos, elle s'écroula, en pleurs.
Chaque fois qu'ils sortaient, c'était la même sérénade qui se répétait. Chaque fois, il devait se montrer jaloux et presque possessif. Il n'y avait que dans ces moments-là qu'elle avait l'impression qu'il ressentait réellement quelque chose pour elle.
Mais ce qu'elle cherchait, plus que tout, c'était de l'amour. Elle avait besoin de se sentir en sécurité dans ses bras, besoin de sentir son souffle sur sa peau. Elle avait besoin de se sentir rassurée, d'être mise en confiance par cet homme qu'elle aurait pu suivre au bout du monde s'il s'avérait être ce rock solide sur qui elle pourrait s'appuyer pour avancer. Elle avait cru qu'il serait cet homme-là. Celui qu'elle épouserait un jour, et avec qui elle aurait des enfants.
Mais, définitivement, ce soir, ses espérances avaient volé en éclats.
Essuyant rageusement les larmes qui coulaient encore abondamment sur ses joues, elle se redressa décidée à faire ses affaires pour quitter les lieux le plus rapidement possible. Elle ne voulait plus le revoir, c'était hors de question.
De son côté, il avait préféré partir, au vu de ce qui avait été dit. Il sentait la rage courir dans ses veines et s'emparer de son corps. Il avait déjà envoyé valser pas mal de chose dans ses appartements, mais il savait pertinemment qu'il allait disjoncter s'il restait dans la pièce.
Elle avait le don de le rendre fou et de faire ressortir tant de choses en lui. C'était déconcertant et surtout, c'était devenu ingérable. Constamment regardée, épiée, adulée même, par les sorciers de ce monde, il avait rapidement remarqué qu'elle était loin d'être insensible à cette attention. Il ne supportait pas l'idée de ces hommes qui bavaient sur elle. Était-ce si difficile à comprendre ?
De toute façon, elle semblait bien loin de prendre en compte ce qu'il pensait pour agir. Elle était égoïste, se préoccupant de ses besoins, mais avait pensé à ce qu'il pouvait ressentir, de son côté ?
Quand, des années après la guerre, il avait appris qu'elle était toujours à Poudlard pour préparer une thèse, il avait été surpris. Elle aurait pu faire tout ce qu'elle voulait, aller dans l'école de son choix, dans n'importe quel pays, mais elle avait choisi de rester dans le fin fond de l'Ecosse, de rester à Poudlard.
Au fil des semaines, ils avaient été amenés à se parler, et finalement, ils s'étaient naturellement rapprochés. En fermant les yeux, il se souvenait encore de la douceur de sa peau, la première fois qu'il avait découvert son corps.
Malgré l'aspect magique de cette rencontre, ils étaient loin de la romance parfaite. Très rapidement, les disputes s'était immiscées entre eux.
Elle ne le comprenait pas, et chaque fois, les même sujets devenaient presque des excuses pour se battre. Parce que si, au début, ils ne faisaient qu'élever le ton, très vite, les cris et les larmes s'en mêlaient. Il leur était déjà arrivé de casser de la vaisselles, des vases, d'envoyer voler coussin et documents.
A la fin, son appartement était systématiquement transformé en un véritable champ de bataille. Mais d'ordinaire, leurs disputes n'avaient pas cette même fin. D'ordinaire, ils parvenaient toujours à se réconcilier. D'ordinaire, l'un d'eux craquait systématiquement et c'est une toute autre bataille qui se jouait, dans leur chambre.
Ils laissaient tous leurs ressentiments exploser, possédant l'autre avec force, luttant véritablement pour dominer et s'imposer. Et c'est généralement bien après, épuisés mais également comblés qu'ils avaient l'impression de pouvoir se retrouver comme au premier jour.
Mais aujourd'hui, c'était la dispute de trop, celle qui avait été trop loin, trop destructrice. Cette fois, elle lui avait lancé ce qui avait sonné comme une menace. Combien de fois n'avait-il pas déjà quitté ses appartements pour ensuite revenir lui prouver, avec force, ce qu'il pouvait ressentir pour elle ?
Mais aujourd'hui, non.
Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'il était parti, mais maintenant, même sa cape ne parvenait plus à le réchauffer. Il reprenait lentement le chemin de ses appartement, hésitant sur la suite la plus favorable pour les évènements.
En entrant, il vit rapidement que les affaires d'Hermione avaient disparus. Tout allait pouvoir redevenir comme avant.
VOUS LISEZ
Un soupçon de magie
FanfictionPartons à la découverte de la relation compliquée que vivent Severus et Hermione. Parfois, même dans le monde sorcier, une petite pointe de magie est nécessaire pour tout arranger. À une période où les téléfilms de Noël ont du succès et où les calen...