21 Décembre

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Hermione s'étirait longuement, le corps encore engourdi de ce sommeil réparateur dont elle venait de profiter. Elle sentait le bras de Severus qui lui barrait le ventre. Plus elle prenait conscience de cette présence contre sa peau, plus les souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire.

Il n'y avait pas grand-chose à dire sur hier soir et, en même temps, elle avait l'impression que tout avait changé. Elle réalisait à peine ce qu'il avait fait pour elle. Pour lui, confectionner une potion n'était peut-être rien, mais cette dernière représentait énormément.

Elle n'avait pas pu se résoudre à partir et il avait été loin de l'inviter à rentrer chez elle. Ils avaient passé le reste de la soirée ensemble, blotti l'un contre l'autre devant le feu. Profitant de leurs chaleurs mutuelles, ils appréciaient tout simplement ce moment de calme absolu. Ils ne devaient pas parler, seul un regard suffisait pour communiquer.

La redingote et la chemise de l'homme avaient finis par rejoindre la blouse et le gilet sur le sol, les laissant apprécier le contact de la peau de l'autre.

Leurs poitrines se soulevaient à un rythme lent et ils se laissaient bercer par la dance des flammes.

Le soir, ils n'avaient pas eu besoin de plus, juste sentir la présence de l'autre. Sentir que l'on n'est pas seul, sentir qu'on peut se reposer contre quelqu'un, que l'on peut se montrer faible quelques instants. Leurs lèvres s'étaient cherchées plusieurs fois pendant que leurs mains continuaient à parcourir leurs corps respectifs avec tendresse.

Sous les draps gris de l'homme, ils avaient créé une sorte de bulle à eux seuls. Ils s'étaient isolés du monde et ce matin, ils en émergeaient à peine.

Hermione fut cependant ramenée bien rapidement à la réalité, se souvenant subitement de la date d'aujourd'hui.

« Severus ... On est le 21 ?

-Hum ... Oui, pourquoi ?

-J'ai oublié mais j'ai rendez-vous avec Ginny.

-Et quand est-ce que tu dois la retrouver ?

-A 10h, on va aller acheter nos robes pour le bal de Noël.

-Il est 10h07. Bon courage pour tes explications à venir. »

Il la regardait, les yeux à peine ouverts. Il était bien trop tôt que pour user de sarcasmes et, pour une fois, il n'en avait aucune envie. Il imaginait aisément la mine impatiente de la nouvelle madame Potter devant les appartements de son amie, se demandant la raison de son retard.

Même s'il était curieux de savoir ce qu'Hermione allait bien pouvoir dire, il ne posa pas plus de questions. Après tout, y avait-il vraiment une réponse qu'il craignait plus qu'une autre ? Cette nuit passé ensemble n'avait de sens que pour eux, alors pourquoi les autres devraient-ils s'en préoccuper ?

Alors qu'Hermione se rhabillait en vitesse, il se laissa lentement retomber dans un monde irréel. Il n'avait pas de cours à assurer ce matin, alors il pouvait bien se permettre de dormir un peu plus longtemps.

Malgré son retard, Hermione ne dû pas subir d'interrogatoire de la part de son amie. La rouquine la regardait d'un air suspicieux, mais tant qu'aucune question n'étais posée, aucune explication n'était à rechercher.

Elles se baladaient toutes les deux dans Pré-au-Lard, se laissant quelque peu porter par leur instinct. Elles voulaient se trouver une robe de bal, c'était certain mais n'avaient aucune idée particulière. Les vitrines défilaient devant leurs yeux, mais aucune ne semblait véritablement digne d'intérêt.

« Je commence à désespérer.

-Ah non Ginny, s'il te plait ! On va bien réussir à trouver quelque chose.

-Hermione, j'ai beau être pleine d'espoir ... A un moment, il faut voir l'évidence : on ne trouvera rien.

-Mais si on va trouver, j'en suis certaine !

-C'est ta nuit avec Severus qui te met d'humeur si positive ? »

Hermione crût s'étrangler à l'entente de cette question. Comment pouvait-elle dire ça avec un tel aplomb ? Comment pouvait-elle savoir que c'était avec Severus qu'elle se trouvait ?

« Comment peux-tu dire ça ?

-Oh, Hermione, pas à moi. Chaque fois que vous vous rabibochez, tu as le même visage serein le lendemain. Je ne dis pas ça pour te juger, loin de là. Si tu es heureuse et que vous avez pu parler tous les deux, j'en suis ravie ...

-J'ai l'impression qu'il y a un 'mais' qui va suivre.

-Mais, s'il te plait, fais attention à toi ... Et à lui. Ce n'est peut-être pas ce que tu veux entendre, mais je ne peux pas vous laisser vous détruire sans cesse, tous les deux. Si tu veux vraiment reprendre quelque chose avec Severus, fais le, mais je pense que vous devez avoir une véritable discussion. »

L'inquiétude dans la voix de Ginny était sincère et Hermione n'en était que plus touchée encore. Elle ne s'inquiétait pas uniquement pour son amie, mais également pour l'homme qui partageait sa vie.

Au fond, Hermione savait que ces paroles étaient justes. Ils ne pouvaient pas, une nouvelle fois, faire comme si tout allait bien maintenant. Ils allaient devoir discuter, poser des mots sur ce qu'ils pouvaient ressentir, s'avouer certains secrets et dévoiler tous les non-dits.

Mais elle avait peur, terriblement peur qu'après cette discussion, il ne veuille plus d'elle. Qui aurait voulu d'une femme brisée pour partager sa vie ? Qui saurait vivre avec une femme telle que elle, marquée par la guerre, tant dans sa chaire, que dans son esprit ?

Voyant la mine de la jeune femme se renfrogner, Ginny décida de la tirer de ses pensées noires en la tirant vers une boutique. Les robes en vitrine ne semblaient pas exceptionnelle, mais elle avait le sentiment qu'à l'intérieur, de véritables bijoux de tissus s'y trouvaient.

Le flair Weasley était absolument infaillible et une fois de plus, il ne s'était pas trompé. A l'intérieur, une femme très petite, très menue, semblait les attendre. D'origine vraisemblablement asiatique, elle affichait une mine réjouie en les voyant entrer.

Après lui avoir indiqué leurs préférences en matière de tenues à cette dame presque énigmatique, Hermione et Ginny crurent à un véritable rêve éveillé. La marchande était revenue vers elles avec peut-être une dizaine de robes dans les mains. Cette sortie allait peut-être porter ses fruits finalement.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant