08 Décembre

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Décembre avait à peine commencé qu'une brise glacée semblait s'être emparée de toute la région. Réchauffer ces vieilles pierres n'était pas chose aisée et la salle des professeurs, habituellement si calme et paisible, était emplie des grondements de certains.

Hermione avait été surprise la première fois qu'elle était rentrée dans cette pièce. Aucun élève ne pouvait y entrer naturellement, à tel point que certains avaient inventé une sorte de légende mystique autour de cette pièce. Peu importe l'endroit, quand on sait qu'on ne peut pas y avoir accès, il devient subitement bien plus intéressant.

Et au final, cette pièce était comme toutes les autres. En elle-même, elle n'avait rien de spécial : plusieurs tables disposées en groupe, des chaises, naturellement, des armoires et des casiers et enfin, depuis que Minerva était en fonction en tant que directrice, des fauteuils ainsi qu'une table basse et une armoire où l'on pouvait trouver de quoi grignoter et boire.

La majorité des professeurs s'étaient déjà installés autour de la table principale, près à assister à la réunion bien que frigorifiés. Le petit feu qui crépitaient dans l'âtre ne suffisaient pas pour réchauffer cette grande pièce.

Quand elle était arrivée, elle s'était naturellement installée à table pour pouvoir discuter avec les autres, mais rapidement, elle avait changé de place. Elle s'était rapprochée de la cheminée, trouvant une place dans un petit sofa juste à côté.

Severus n'était pas encore là et d'habitude, c'est lui qui s'asseyait dans l'un des sofas. Il s'agissait certainement d'une manière pour lui d'éviter au maximum le contact.

Aujourd'hui, ils devaient préparer l'organisation des évaluations de fin de quadrimestre et visiblement, Minerva commençait à s'impatienter entre les professeurs absents et ceux qui ne savaient faire que se plaindre du froid.

« Oui, nous le savons, il fait froid. Si je puis me permettre, pourquoi ne pas rejoindre Miss Granger près du feu et ainsi essayer de se réchauffer ? »

Comme s'ils avaient eu un électrochoc, tous se redressèrent, venant se joindre à elle à proximité du feu. Elle fut pourtant étonnée de voir qu'une place restait irrémédiablement vite, juste face à elle. Interrogeant du regard la directrice, celle-ci lui fit comprendre qu'elle comprendrait bientôt.

Quelques minutes plus tard, pile à l'heure de début officiel de la réunion, le tant attendu, Severus Snape entra dans la salle, dans une envolée de capes des plus théâtrale. Sans prononcer le moindre mot ou adresser le moindre regard à quelqu'un, il s'installa sur la place restée libre.

Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, amusée de remarquer pour la première fois cette petite entente qui semblait s'être glissée entre Minerva et lui. Elle savait qu'il détestait ces réunions et les évitait comme la peste, autant que possible. Serait-ce possible qu'il ait marchandé sa présence contre une place de choix qui lui serait tacitement accordée ? Venant de lui, rien ne l'aurait moins étonné.

La réunion se passa relativement dans le calme, mais puisqu'elle n'était pas tenue d'intervenir, elle put se permettre d'accorder moins d'attention aux discussions. Une seule chose retenait toute son attention : l'homme face à elle.

Lui ne faisait même pas l'effort d'avoir l'air intéressé, le regard perdu dans les flammes. L'ambiance était bien moins pesant que la dernière fois, au repas. Mais elle avait la nette impression qu'il évitait de la regarder.

Le voir, tourné de cette manière vers le feu lui rappela les soirées qu'ils pouvaient passer ensemble, au début de leur relation. Ils pouvaient passer des soirées entières, le nez plongé dans un livre ou profitant simplement du calme les entourant. Parfois, en tendant l'oreille, on pouvait discerner le bruit de l'eau, une douce vague qui évolue lentement.

Oui, l'atmosphère de cet endroit était particulière et lui manquait, dans un sens. Elle avait envie de pouvoir y retourner, pouvoir à nouveau se blottir contre lui, sentir sa chaleur contre sa peau, être bercée par le rythme de ses respirations. Elle avait envie de sentir son regard posé sur elle et savoir pertinemment qu'une flamme de désir brûlait dans ses iris charbonneuses. Elle avait envie de pouvoir à nouveau soupirer et se sentir presque trembler sous ses coups de rein.

Alors qu'il esquiva un rapide coup d'œil dans sa direction, il remarqua immédiatement qu'elle était distraite. Elle semblait fixer un point lointain dans l'âtre et il pouvait voir les flammes se refléter dans ses iris brumées.

A quoi pouvait-elle bien penser pour avoir un tel regard ?

Ces yeux le ramenaient plusieurs semaines en arrière, une nuit où ils avaient très peu dormi. Immédiatement, après s'en être souvenu, des flashs apparurent devant ses yeux, comme une ancienne bobine de film que l'on faisait défiler.

Il la revoyait, le corps nu, allongée sur son lit. Il se souvenait de la douceur de sa peau, encore moite de plaisir. Il se souvenait du goût salé de ses lèvres quand il l'embrassait. Il se souvenait de la chaleur de ses doigts qui effleuraient son dos. Il se souvenait du parfum de ses cheveux quand il les avait dégagé de son front. Il se souvenait de sa voix, un peu cassée, qui lui susurrait des mots semblables à du miel tant ils arrivaient à adoucir son âme.

« Severus, qu'en pensez-vous ? »

La voix de Minerva le sortit de ses pensées un peu trop durement à son goût. D'un grognement lointain, il lui fit clairement comprendre qu'il se fichait de ce qui avait pu être dit. Qu'aurait-il pu dire d'autre ? Il n'avait aucune idée du sujet sur lequel on lui demandait son avis.

En relevant les yeux, cette fois, il croisa son regard. Elle avait la bouche légèrement entrouverte et après ses dernières pensées, il n'avait qu'une envie : la capturer.

Il voulait à nouveau pouvoir se saisir de ses lèvres, les mordiller. Il voulait à nouveau faire courir ses mains sur ce corps qu'il connaissait par cœur et qu'il découvrait pourtant chaque fois comme au premier jour. Décidément, ce qu'il s'était joué l'autre jour chez lui avait un goût de trop peu. Il aurait voulu avoir la nuit entière à ses côtés.

Il fallait que cette réunion se termine, absolument. Cela devenait primordial. Maintenir ce masque impassible à ce stade relevait presque du miracle. Mais elle ne devait pas savoir, il ne lui ferait pas le plaisir.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant