Un soupçon de magie

12 Décembre

Le grand arbre avait été installé dans la Grande Salle par Hagrid et il était monumental.

Tous les professeurs étaient réunis, ouvrant les cartons pour en sortir leurs décorations préférées. Après plusieurs années, ils avaient établi une sorte d'accord tacite sur les rôles de chacun. Alors que certains préféraient s'occuper de placer les guirlandes lumineuses, d'autres préféraient installer les petits nœuds, les bonbons ou bien les autres petites décorations.

Chaque année, un thème particulier était choisi pour décorer l'ensemble des arbres de Noël et des pièces communes de l'école.

Une année, toute la décoration était dans des tons rouges et dorés. Une autre fois, il était question de petits animaux enchantés. Une année, ils avaient même eu un thème « givré ». Cette fois, Minerva avait choisi le thème : « Noël d'antan ».

Les plus vieilles décorations avaient été ressorties de leurs précieuses boites et certaines semblaient véritablement dater de plusieurs siècles. En verre ou en cristal, transparentes ou colorées, elles étincelaient de milles feux comme au premier jour après un petit coup de chiffon. En plus, des petits décors avaient également été préparés, mettant en scène de petits pantin, des casse-noisettes, ou encore des luges et des traineaux.

Pour le moment, Hermione se tenait un peu à l'écart de cette foule, n'ayant pas vraiment à cœur de décorer l'arbre, même si ses collègues étaient là. Au fond, il n'y avait qu'avec lui qu'elle avait espéré pouvoir décorer l'arbre cette année.

La période de Noël avait toujours été l'une de ses préférées et elle aurait aimé pouvoir partager cela avec Severus. Même si elle savait que ce n'était pas ce qu'il aimait le plus, elle était persuadée qu'il pouvait voir tout de même les bons côtés de cette fête.

Depuis plusieurs jours, elle réfléchissait énormément à ce qu'il s'était passé entre eux, mais cette fois, à tête reposée.

Elle savait qu'il avait raison, d'une certaine manière, quand il disait qu'elle cherchait l'attention des autres. Et finalement, c'était tellement vain comme réaction puisque tout ce qu'elle recherchait, c'était sa colère à lui.

Evidemment, elle aurait préféré qu'il lui montre de l'intérêt, mais puisque ce n'était pas le cas, il essayait de la trouver ailleurs. Il n'y avait que quand il s'était mis en colère, elle arrêtait son cinéma. Elle avait besoin d'attention, mais c'était après son attention qu'elle criait plus que tout. Les autres, qui étaient-ils, comparés à lui ?

Alors que cette ambiance enjouée lui donnait presque la nausée, elle allait partir quand elle l'aperçut se glissant dans la salle par une plus petite porte. Pourquoi diable essayait-il de se faire si discret ? Était-ce à ce point une épreuve pour lui d'assister à ce moment ?

Doucement, elle s'approcha de lui, prenant son courage à deux mains pour aller lui parler. Après tout, ils étaient capables de discuter calmement en public, tous les deux, non ?

« Severus ? Je suis étonnée de te voir ici. D'habitude, tu n'es pas friand de ce genre d'évènements.

-Disons que Minerva a trouvé les mots pour me convaincre de passer quelques minutes. »

Il y avait réfléchis toute la soirée, notamment après le départ de Minerva et il avait conclu que c'était la meilleure chose à faire. En arrivant assez discrètement, il se donnait l'opportunité de partir si jamais la situation devenait rapidement trop pénible.

Mais elle l'avait vu, presque immédiatement après qu'il soit entré, elle s'était avancée vers lui. Était-ce possible qu'elle l'attende depuis le début ? Dans tous les cas, elle avait fait un pas vers lui alors il pouvait se permettre d'en faire un verre elle également. C'était une danse un peu puérile, mais il ne savait pas faire autrement.

Le ton était calme et posé entre eux, presque étrange tant c'était inhabituel après de telles disputes. Peut-être qu'il fallait qu'ils s'éloignent pour pouvoir chacun réfléchir à la situation dans leur coin. Les tensions semblaient quelque peu apaisées et ils avaient décidés de rester l'un à côté de l'autre, observant leurs collègues d'assez loin.

« Tu ne veux pas le décorer ?

-Dans quel but ?

-C'est une tradition. Chaque fois que tu passeras à côté de cet arbre, un souvenir de ce moment te reviendra en mémoire. »

Elle ne savait pas vraiment quel élan l'avait portée mais délicatement, elle avait pris sa main dans la sienne, l'attirant lentement vers le sapin et les décorations. Il se laissa guider, l'observant d'un œil quelque peu suspicieux. Qu'essayait-elle donc de faire ? Voulait-elle véritablement avoir de nouveaux souvenirs avec lui ? Et lui, était-ce ce qu'il désirait ? Voulait-il vraiment pouvoir passer devant ce sapin et se souvenir d'un délicat moment passé avec elle ?

Il avait les mains froides et cela contrastait avec sa chaleur naturelle. Il avait les mains quelque peu caleuses et sentir sa douceur contre lui l'apaisait d'une certaine manière.

Délicatement, elle prit l'une des décorations en verre, sertie de pierres opalescentes. Sans se quitter des yeux, ils avancèrent jusqu'au sapin. Elle lui avait mis la décoration dans la main et lentement, le guidait pour la déposer sur l'une des branches de l'arbre.

Le temps c'était littéralement arrêté entre eux, comme si la Terre avait cessé de tourner, leur permettant de figer cet instant. Ils ne se disaient rien, et au fond, ce n'était pas nécessaire. A quoi bon discuter dans un te moment ?

Rien n'est utile dans de tels moments. A quoi bon parler quand un seul regard suffit ? A quoi bon essayer de mettre des mots quand, en un regard, on parvient à comprendre l'autre ? Les yeux portent parfois bien plus de mots que nos lèvres.

Autour d'eux, il n'y avait plus rien. Plus de collègues, plus de décorations de Noël, plus de château. Il n'y avait rien d'autre que du vide, ils étaient dans une bulle.

Elle s'accrochait à ses iris charbonneuses et c'était à croire que sa vie en dépendait. Elle cherchait quelque chose, une étincelle, une flamme, peu importe. A ce moment, elle aurait voulu pouvoir lire à travers lui, se voir à travers ses yeux, être à sa place pour ressentir tout ce qu'il ressentait.

Des applaudissements raisonnèrent tout autour d'eux, les faisant sortir de leur tourmente. Visiblement, l'arbre avait fini d'être décoré et tous se félicitèrent du travail accompli. On ne pouvait pas dire qu'ils avaient été très efficaces, mais de loin, Minerva n'avait pas raté une seconde de leur échange et souriait presque attendrie par ce qu'elle venait d'apercevoir.