03 Décembre

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Il avait immédiatement compris, au ton de Minerva, qu'il n'avait pas intérêt à émettre la moindre objection. Hermione lui avait certainement parlé, étant donné qu'elle lui venait en aide pour poursuivre sa thèse.

Allait-elle continuer son travail d'ailleurs ? Si oui, ils allaient devoir se côtoyer et se voir encore pour un petit bout de temps.

Au fond, évidemment qu'elle ne le laissait pas indifférent. Sinon, pourquoi faire preuve d'autant de jalousie ? Mais la vie quotidienne avec elle, entre ses craintes et ses insécurités, était devenue impossible. Comment pourrait-il gérer tout ceci ?

Il avait cru au début qu'elle était celle qui pourrait le comprendre, celle qui finalement, pourrait lui correspondre. Lui qui n'avait plus espéré trouver l'amour après Lily, il avait finalement été forcé de changer d'avis, au fil des instants passés en sa compagnie.

Il avait découvert une jeune femme très intelligente et cultivée, une personne avec qui il pouvait échanger sur différents sujets, une personne qui partageait son quotidien et l'embellissait.

Du moins, c'était à ça que le début de leur relation avait ressemblé. Ensuite, ils avaient fait leurs premières sorties en public et très vite, tout avait changé. Les journaux s'en étaient mêlés et il avait découvert une toute nouvelle facette de sa personnalité.

Elle avait constamment besoin d'être rassurée, constamment besoin de preuves d'amour. Elle passait de moins en moins de temps seule, exigeant qu'ils passent un peu plus de temps ensemble encore chaque jours. Elle était d'humeur changeante, pouvant passer du rire aux larmes en un instant.

Les hommes la regardaient déjà, au début de leur relation, et il en était évidemment jaloux. Mais maintenant, il voyait très nettement qu'elle aimait cette attention qu'on lui donnait, pire, il avait l'impression qu'elle la cherchait.

Dans les magasins, dans les restaurants, dans les lieux publics, peu importe où ils allaient, il remarquait de plus en plus qu'elle répondait aux regards, qu'elle se retournait sur certains autres hommes, qu'elle souriait à leurs compliments. Chaque fois qu'il la confrontait, elle niait, et ça l'énervait d'autant plus.

Alors qu'il marchait dans les couloirs de l'école, le bruit de ses pas se répercutaient sur les pierres. Il avait presque oublié ce que cela faisait de marcher en entendant le seul écho de ses pas. Dans un sens, c'était réconfortant, mais ça le ramenait à un passé qu'il croyait révolu depuis longtemps.

Il ne frappa même pas à la porte du bureau de Minerva, sachant pertinemment qu'il était attendu. Face à lui, la directrice se tenait, droite comme un « i », la mine sévère, appuyée contre son bureau.

Allait-elle seulement essayer de le comprendre ou allait-elle immédiatement prendre la défense de son ancienne élève ? Elle avait toujours été sa petite protégée.

« Severus, nous devons absolument parler.

-J'avais cru comprendre. Elle est venue vous voir ?

-Non, mais elle m'a écrit. Elle me dit qu'elle est malade et qu'elle a décidé de s'installer à l'auberge de Pré-au-Lard pour essayer de s'éloigner un peu du travail. Nous savons tous les deux qu'elle n'est pas souffrante.

-Et pourquoi suis-je ici ?

-Parce que cela ne peut plus durer. Vous vous détruisez, tous les deux.

-L'affaire est déjà réglée.

-L'affaire ? J'espère que vous vous fichez de moi. Cela n'a rien d'une 'affaire', vous devez vous reprendre.

-Et pourquoi le devrais-je ? Parce que je suis un homme ? Parce qu'elle est votre préférée ? Au cas où vous l'auriez oublié, je ne suis pas un monstre dénué de sentiments. Il ne vous viendrait pas à l'esprit qu'elle puisse avoir ses tords ?

-Vous avez tous les deux vos tords ! Mais ces comportements ne peuvent pas continuer, d'autant plus s'ils interfèrent avec votre travail.

-C'est elle qui a un problème avec son travail, pas moi. C'est à elle que vous devez parler. »

Il n'avait pas attendu plus longtemps et était sorti en trombe du bureau.

A quoi s'attendait-il ? Au fond, à rien d'exceptionnel, à son sens. Il avait secrètement espéré que l'une de ses plus anciennes amies prenne sa défense. Il avait crû que depuis toutes ces années, elle avait appris à le comprendre, qu'elle avait appris à le connaître, allant au-delà de cette façade qu'il montrait au monde entier.

A nouveau, il avait l'impression que la rage prenait possession de son corps et qu'il parvenait à peine à se contrôler. Profitant d'être seul dans ce couloir, il envoya son poing s'écraser contre la pierre dans un geste violent.

Cette douleur allait pouvoir le distraire quelques temps de ses pensées tumultueuses et c'était tout ce qu'il cherchait. Il se fichait du sang qui coulait sur sa peau, il se fichait des traces qu'il avait laissé sur le mur ou qu'il laisserait sur le sol. Qu'une seule personne ose venir lui rendre des comptes et il s'en occuperait personnellement.

En rentrant, il remarqua pour la première fois un livre, sur le sol, au pied de la bibliothèque. Il avait à peine dû s'approcher pour le reconnaître. C'était un livre à elle, qu'elle avait certainement oublié ou laissé tomber dans sa fuite.

Il aurait bien voulu le laisser là, mais ilavait horreur des personnes qui manquait de respect aux ouvrages. Il s'en saisiten veillant précautionneusement à ne pas le tâcher pour le déposer sur la tablebasse du salon. Si elle se rendait compte de son oubli, elle viendrait bien lechercher, si pas, il improviserait, le donnant certainement à Minerva.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant