Un soupçon de magie

19 Décembre

La bibliothèque de Poudlard avait été un refuge pour de nombreux élèves mais on pouvait assurer, sans se tromper, qu'elle avait été un lieu salvateur pour Hermione Granger.

Ces étagères remplies de livres lui tendant presque les bras, ce calme plat et apaisant qui y régnait. Tout ici semblait la rassurer et chaque fois qu'elle avait eu de la peine, elle était venue se réfugier ici. La bibliothécaire n'avait d'ailleurs pas été étonnée de la voir entrer pour se glisser rapidement jusqu'à une étagère pour s'isoler dans sa bulle toute une après-midi.

Aujourd'hui, encore, elle avait ouvert presque timidement la porte, s'assurant qu'il n'y avait personne dans la pièce. Les tables de travail étaient vides et même la gardienne des lieux semblait absente. C'était parfait !

Elle n'avait pas envie de se justifier concernant ses recherches. Elle avait envie d'être seule pour pouvoir se concentrer et s'isoler du monde. Elle épluchait les tranches des ouvrages sur les étagères, cherchant le titre qu'elle convoitait tant. Avant de venir ici, elle avait fait ses propres recherches dans sa chambre, mais maintenant, elle avait besoin de réponses.

« Mais où es-tu ? »

C'était peut-être la septième planche qu'elle parcourrait du regard et pourtant, elle ne parvenait pas à trouver son précieux sésame.

La dernière discussion qu'elle avait eu avec Severus lui était restée en mémoire durant de longues heures, les mots tournant presque en rond devant ses yeux. Une sorte de petit brèche avait été faite dans sa carapace et celle-ci ne cessait de s'ouvrir, devenant un peu plus grande chaque jour.

Il avait posé des mots, à haute voix, sur ce que sa raison lui soufflait depuis des années. Elle avait entendu, pour la première fois, ce qu'elle ignorait depuis longtemps et maintenant, elle ne pouvait plus faire marche arrière.

Après encore de longues minutes de recherches, elle trouva enfin son bonheur, s'asseyant au pied de l'étagère pour commencer sa lecture, sans se préoccuper de gêner le passage ou non. Pour l'instant, elle se souciait d'elle-même et c'était déjà bien assez de travail.

Elle ne savait pas vraiment combien de temps s'était écoulé entre le début de la lecture et la fin de son livre mais, en relevant la tête pour la première fois, elle remarqua que dehors, la lumière commençait progressivement à faiblir.

La pièce était baignée d'une lueur qui devenait progressivement pastel. Le soleil distillait ses derniers rayons de la journée, offrant à tous un spectacle magnifique.

Elle avait appris de nombreuses choses sur les traumas de guerre. La manière dont ils étaient soignées auparavant et les techniques plus actuelles. Dans ce livre, on détaillait de nombreuses choses, notamment des techniques pour arriver à vaincre ses traumas.

En lisant tout cela, elle s'était sentie rassurée. Peut-être qu'elle pourrait s'en sortir seule. Ces techniques ne semblaient pas difficiles à appliquer et elle avait envie d'y croire, d'essayer. Elle sorti un parchemin de son sac et une plume pour noter rapidement ce qu'elle avait pu lire.

Se sentant observée, elle releva les yeux pour découvrir Minerva, non loin, la couvant d'un regard maternel et protecteur.

« C'est donc là que vous vous cachiez ?

-Vous me cherchiez, Minerva ?

-Pas vraiment ... Disons que je m'inquiétais de ne pas vous avoir croisé de la journée.

-J'avais quelques recherches à faire et j'avoue avoir eu envie de rester un peu seule.

-C'est tout naturel ! Vous travaillez sur votre thèse ?

-Non, pour le moment, je dois me concentrer sur un autre sujet mais je ne la délaisse pas pour autant, ne vous inquiétez pas.

-Oh Hermione, il y a bien longtemps que je ne m'inquiète plus concernant vos études. »

Quelque peu curieuse, l'écossaise se pencha sur le parchemin que tenait son ancienne élève, découvrant ce qui avait bien pu retenir son attention toute la journée.

« Se regarder dans le miroir tous les jours et s'adresser un compliment, s'octroyer un moment par semaine pour se faire plaisir, apprécier sincèrement un moment passé en compagnie sans avoir de pensées négatives, donner 5 choses par semaine pour lesquelles on peut être reconnaissant, accepter ce contre quoi on ne peut se battre ... Tout ceci me semble être un très bon programme.

-J'espère qu'il pourra m'aider.

-J'en suis persuadée, Hermione. Le premier pas est déjà fait alors les autres suivront très certainement avec autant d'aisance. »

Elle n'avait pas besoin de savoir exactement pourquoi elle faisait ces recherches. Après tout, cela ne regardait qu'elle. Dans tous les cas, elle semblait avoir pris conscience des choses et elle cherchait à les résoudre par elle-même.

Peut-être que ces recherches étaient en lien avec la potion que Severus s'était évertué à réussir. Son instinct lui soufflait que ces évènements n'étaient pas sans lien. Auraient-ils trouvé, seuls, un terrain d'entente ? Auraient-ils réussi à dialoguer calmement ?

Une personne qui les aurait connu uniquement ces derniers mois aurait trouvé cela impossible. Mais, pourtant, elle qui les connaissait maintenant depuis de nombreuses années, en était persuadée.

Severus et Hermione sont maintenant deux adultes très intelligents, posés, réfléchis. Ils agissent en connaissant presque parfaitement les conséquences de leurs actes. Ils sont raisonnables, sans pour autant se montrer complètement rigides Malgré leurs différences, ils sont semblables sur de nombreux points. Leurs différences se complètent et Minerva était intimement persuadée qu'ensemble, ils pouvaient trouver le parfait équilibre.

La bibliothèque s'apprêtant à fermer, les deux femmes repartirent ensemble vers la Grande Salle pour aller prendre leur repas.

Les élèves étaient agités dans les couloirs, courant et riant ensemble ou se plaignant des cours qu'ils venaient d'avoir. Tous se ruaient vers les tables déjà chargées de victuailles. Comme à chaque fois, les repas à Poudlard étaient gargantuesques et surtout, délicieux.

Hermione retrouva sa place, juste à côté de Severus et l'ambiance entre semblait bien meilleure qu'avant. Même s'ils ne se faisaient pas la conversation, ils étaient détendus et se jetaient, par moments, quelques regards.

Elle ne l'avait pas vu au repas depuis plusieurs jours mais, après leur discussion, elle avait pensé qu'il s'était certainement remis au travail. Se sentant quelque peu coupable de l'avoir laissé travailler seul, elle se promit de venir l'aider dès le lendemain.