Un soupçon de magie

02 Décembre

La tasse fumante de café juste devant elle parvenait à peine à la réchauffer. Elle la fixait, quelque peu dépitée, sous le regard soucieux de ses amis. Elle avait trouvé refuge chez Harry et Ginny, comme souvent quand elle se sentait mal.

Ils étaient mariés depuis plusieurs années maintenant et avaient déjà agrandi leur famille en accueillant trois magnifiques enfants. Evidemment, ils étaient tous les deux au courant pour sa relation avec Severus Snape.

Heureusement qu'elle ne leur cachait rien parce que très rapidement, les journaux avaient fait leurs titres avec ce nouveau couple que l'on jugeait soit merveilleux, soit dégouttant. Non, elle avait fait les choses de manière convenable en les mettant au courant en premier.

Ils n'avaient pas vraiment accueilli la nouvelle de la meilleure des manières, mais avec du temps, ils avaient quelque peu été forcés de constater que, quand ils parvenaient à communiquer, ce couple les rendait heureux.

S'ils avaient été les témoins de magnifiques instants, ils avaient également été au courant des disputes parfois très vigoureuses entre eux. Ils s'étaient souvent inquiétés de l'avenir qui se dessinaient devant eux. Quand ils avaient vu la jeune femme arriver ce matin, ils avaient immédiatement su qu'une dispute avait à nouveau éclaté.

Ils regardaient leur amie, un peu perplexe. Même s'ils ne portaient pas vraiment Snape dans leur cœur, ils n'étaient pas aveugles non plus. Ils avaient remarqué à quel point la guerre avait affecté Hermione et ils avaient assisté à sa chute, d'une certaine manière.

« Bon, que s'est-il passé ?

-Comme d'habitude : nous avions décidé de sortir en ville et il a fait une crise de jalousie monumentale.

-Qui était en cause, cette fois ?

-Un serveur. »

Ginny regardait sa meilleure amie, l'air désolé mais cette fois, Harry semblait plus critique, restant irrémédiablement silencieux. Cela n'échappait pas aux deux femmes qui le regardaient, semblant attendre une intervention.

Hermione fixait toujours sa boisson, cherchant dans le regard de son ami, un signe d'encouragement.

« Harry ?

-Je pense que tu devrais essayer de te mettre à sa place également.

-Comment ? En jalousant chaque femme qui croise son regard ?

-Non, en comprenant que ça peut être désagréable pour lui de voir les hommes pavaner devant toi et essayer d'attirer ton attention alors qu'il est juste à côté. Je n'apprécierai pas que quelqu'un agisse de la sorte avec Ginny. »

Elle essayait d'y penser, mais tout ce qu'elle ressentait, c'était un immense sentiment d'incompréhension. Comment son ami pouvait-il dire cela au lieu de prendre sa défense ? Ne voyait-il pas à quel point elle souffrait de cette situation ?

En retournant le regard vers la jeune femme, elle compris immédiatement qu'elle se rangeait finalement du côté de son époux.

Hermione se sentait complètement perdue, comme abandonnée par ses plus anciens amis. Ils prenaient la défense de Severus alors qu'elle savait pertinemment qu'ils ne l'appréciaient pas vraiment.

Ils continuèrent encore à discuter pendant de longues minutes. Elle essayait de les convaincre, de leur faire comprendre sa détresse et le mal-être qu'elle pouvait ressentir.

Ils vivaient ensemble depuis plusieurs années déjà, ils se soutenaient, peu importe les remarques des médias et les articles à scandale. Ils élevaient leurs enfants, trouvant le parfait équilibre. Ils avaient tout ce dont elle rêvait d'avoir, elle avait cru pouvoir avoir ceci avec Severus. Elle n'était pas vraiment jalouse d'eux d'ordinaire, mais aujourd'hui, elle sentait la colère monter en elle face à leur réaction.

Si elle n'avait pas le soutient de son compagnon, ni le soutient de ses plus proches amis, sur qui pouvait-elle compter ? Elle n'avait plus ses parents auprès d'elle, elle n'avait plus personne.

Subitement, elle se redressa, renversant sa tasse encore pleine qui n'avait pas quitté la table. Attrapant son manteau, elle ne prit même pas la peine de l'enfiler avant de prendre la fuite.

Elle voulait quitter toute cette atmosphère. A quoi bon être entourée de tout le monde si c'est pour tout de même se sentir seule ? Elle prit donc la direction de Pré-au-Lard, bien décidée à oublier ces derniers jours. Elle voulait tout mettre dans un tiroir, au fond de son esprit et l'enfouir encore plus secrètement.

En retrouvant cette chambre vide dans l'auberge, elle avait le sentiment de retrouver un peu de sérénité. Ici, elle pouvait occulter toutes ses pensées les plus sombres et essayer de se concentrer uniquement sur elle.

En s'écroulant sur le lit, elle eu la douloureuse pensée qu'il était loin du matelas moelleux qu'elle avait à Poudlard. En repensant à l'école, elle eut l'impression de se souvenir pour la première fois du travail qui lui incombait auprès du professeur McGonagall.

Un peu précipitamment, elle griffonna quelques mots sur un bout de parchemin avant de l'envoyer à la Directrice grâce à un hibou de l'établissement.

Ce dernier s'envola majestueusement et arriva bien vite à destination, se faisant remarquer en tapant du bec sur la vitre du bureau directorial. La sorcière encore installée à son bureau se redressa, quelque peu surprise, et s'empressa de récupérer la lettre.

En la lisant en diagonale, elle comprit immédiatement ce qu'il se cachait derrière cette excuses rapidement élaborée. Un soupir sonore lui échappa et elle se tourna vers la cheminette, bien décidé à intervenir.

Elle contacta immédiatement les appartements de Severus Snape, lui faisant savoir qu'elle l'attendait dans son bureau, sur le champs, et qu'il était hors de question de négocier.