15 Décembre

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Au coucher du soleil, cette pièce était systématiquement baignée d'une lumière d'un rouge éclatant. Si son apparence avait pu changer en fonction des directeurs qui avaient été en fonction à Poudlard, cette multitude de fenêtres avait toujours permis d'inonder la pièce d'une lumière toute particulière.

Le bureau du directeur de Poudlard avait toujours eu un mot de passe pour le moins particulier, du temps de Dumbledore. Comme pour honorer la mémoire de son ami, Minerva n'avait pas dérogé à la règle. Cette année, elle avait choisi « Caramel enchanté ».

Elle attendait, presque impatiemment, tapotant nerveusement sur son bureau. Un peu plus tôt dans la journée, elle avait convoqué Severus et Hermione et depuis, elle redoutait quelque peu cette entrevue.

Toute la journée, elle avait essayé de réfléchir aux mots à employer, sachant qu'elle allait devoir les utiliser avec soin pour ruser contre ces deux têtes de mules. Mais depuis que cette idée avait germé dans son esprit, elle avait presque occupé toutes ses pensées. Il fallait qu'ils puissent travailler ensemble, c'était la seule solution.

Il n'était pas encore 16h quand les premiers coups retentirent contre la porte du bureau. Sans aucun doute, il devait s'agir d'Hermione. Elle l'invita à entrer sans attendre, devinant aisément l'anxiété qui devait habiter la jeune femme. Malgré la fin de ses études, elle était toujours autant stressée à l'idée d'être appelée dans le bureau de la directrice.

« Hermione, je vous en prie, installez-vous. Nous n'attendons que le professeur Snape pour commencer.

-J'ignorais qu'il avait été appelé également.

-Je ne vous l'avais pas fait savoir, effectivement. »

De nouveaux coups se firent entendre. Cette fois, ils étaient plus secs et plus forts que ceux de la jeune femme. A ces deux simples coups, Minerva put discerner l'énervement de l'homme. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, elle avait appris à remarquer ces petits détails, ces petits riens qui lui permettaient pourtant de se préparer à la tornade Snape qu'elle allait affronter.

Il n'avait pas vraiment attendu d'invitation pour rentrer, faisant presque irruption dans le bureau pour venir rejoindre les deux femmes. Il se tenait droit, derrière le siège, la mine sévère et le regard noir. Il n'avait pas apprécié être dérangé et il le faisait bien comprendre.

« Severus, asseyez-vous, voyons.

-Sans façon, Minerva. Si vous pouviez vous dépêcher, j'ai du travail qui m'attend.

-Je ne le sais que trop bien et c'est d'ailleurs à ce propos que je vous ai fait venir tous les deux. »

Finalement, il reconsidéra l'idée de s'asseoir. Si Minerva voulait lui parler de son travail et si Hermione était là, ça allait certainement être plus long que prévu. Il ne laissa pourtant rien paraître de ses hésitations, restant stoïque.

« Je vous ai fait venir tous les deux pour que nous puissions discuter des potions nécessaires à l'infirmerie. Avant que vous ne disiez quoique ce soit, je sais, Severus, que vous vous en êtes toujours chargés et que vous vous en chargez à nouveau cette fois.

Néanmoins, et n'y voyez pas une critique directe contre vous, refaire une telle quantité pour un tel nombre de potions différentes prend beaucoup de temps. Beaucoup trop de temps, pour une personne seule qui doit également s'assurer de donner des cours.

J'ai pris la décision de vous faire travailler avec Miss Granger. Elle pourra vous venir en aide pour la confection des potions et, donc rendre opérationnelle notre infirmerie plus rapidement. Maintenant, j'écoute vos objections. »

Elle avait parlé d'une voix très calme et posée mais y avait ce brin d'autorité qui ne laissait en réalité place à aucun commentaire. Il le savait, mais c'était bien mal le connaître que de penser qu'il allait se laisser marcher sur les pieds de la sorte sans rien dire.

« Je n'ai pas besoin d'aide, je m'en sors déjà très bien. De nombreuses potions ont déjà été réalisées et livrées à Madame Pomfresh. Miss Granger est donc inutile.

-Moi, je suis inutile ? Cette infirmerie renferme des dizaines de préparations qui doivent être en nombre suffisant. Il faudrait être un surhomme pour réussir à tout refaire, seul, avant la fin du mois. »

En disant qu'elle était inutile, il l'avait évidemment cherchée. Lui qui pensait qu'elle se serait écrasée devant son ancienne directrice de maison, voilà qu'elle sortait immédiatement les griffes contre lui. Minerva semblait tout aussi étonnée que lui de la hargne de la jeune femme. Mais lorsqu'elle esquissa un petit sourire, il eut subitement un mauvais pressentiment.

« Severus, je pense que je n'ai rien à ajouter aux dires de Miss Granger. Dans tous les cas, j'espère que vous savez que votre avis n'était demandé que pas pure courtoisie.

-Vous n'avez donc rien d'autre à faire que de manigancer de petits stratagèmes puériles ? Vous manquez à ce point de distraction.

-La seule chose qui me préoccupe ici, c'est l'école et la santé des élèves qui sont sous ma responsabilité. Que ferons-nous s'il y a des blessés et que vous n'avez pas terminé certaines potions essentielles ?

-Je les aurai terminée.

-Et bien je préfère mettre toutes les chances de notre côté et vous faire travailler avec Miss Granger. Vous commencerez dès la fin des cours, demain. De cette manière, vous pourrez enseigner ou travailler sur votre thèse et suite, vous occuper de la préparation des potions. »

La conversation était terminée, cela ne faisait de doutes pour personnes, pourtant, aucun d'eux ne bougeaient. Ils étaient comme cloués sur place par un sortilège.

Si Hermione n'avait pas véritablement pris la parole contre la décision de Minerva, elle n'en pensait pas moins. Comment pourraient-ils travailler ensemble ? De plus, elle n'avait jamais mis les pieds dans son laboratoire.

Ce dernier point attisait plus sa curiosité qu'autre chose, elle devait bien l'avouer. Comment était cette pièce ? Était-ce spacieux ? Rempli d'ingrédients en tous genre ? De quel matériel disposait-il, sachant qu'il s'agissait d'une pièce personnelle ?

Oui, progressivement, la curiosité et la soif de connaissances prenaient le pas sur les incertitudes. Alors qu'ils quittaient tous les deux le bureau sans une seule parole, elle se surprit à avoir hâte d'être le lendemain.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant