17 Décembre

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Elle se déroba, fuyant son emprise comme s'il venait de percer à jour son plus horrible secret.

Elle ne pouvait pas lui parler de ses blessures, elle en était incapable. Et puis, il se moquerait très certainement d'elle. Que pouvait-il comprendre de cette douleur face à son corps que l'on voit marqué et déformé par la guerre ?

Pourtant, il semblait insister, refusant de baisser les armes maintenant. Il voulait des réponses et elle ne savait pas comment sortir de ce mauvais pas.

« Si tu as été blessée, il faut te soigner.

-Je ne l'ai pas été ! Arrête maintenant, s'il te plait. »

La fin de sa phrase mourut presque dans un souffle, lui laissant voir toute la douleur que cette conversation lui causait. En ramenant les bras autour de son propre corps, elle essayait de se donner du courage, lui tournant le dos pour éviter son regard inquisiteur.

Il voyait sa détresse. Elle se montrait plus vulnérable qu'elle ne l'avait jamais été auparavant et indéniablement, il en était touché. Qu'avait-elle donc pour se sentir si blessée face à lui ?

Délicatement, il posa la main dans son dos, le caressant presque avec tendresse. Il sentait des bosses et des rugosités à travers le tissu. Il n'y en avait pas qu'une, il y en avait plusieurs, de nombreuses marques qui semblaient être gravées dans la chaire de son dos. A cet instant, il repensa à la guerre et à ce qu'il avait déjà pu entendre lors des réunions.

Certains Mangemorts étaient fiers d'annoncer le nombre de victimes qu'ils avaient pu torturer. Faisait-elle partie de ces personnes ? Si oui, ça n'avait jamais été divulgué. Personne n'était au courant de ce qu'elle avait pu endurer face à ces personnages horribles.

Lentement, comme pour lui laisser le temps d'appréhender sa présence, il se rapprocha d'elle, l'entourant d'une chaleur qui se voulait rassurant. En le sentant dans son dos, elle aurait voulu pouvoir fuir, mais c'était pourtant si délicieux de le sentir proche d'elle. Aucun mot n'était échangé entre eux et c'était un moment bien rare.

Les mains de l'hommes glissèrent doucement jusqu'au bord de sa blouse, la faisant remonter pour la lui enlever. Elle se laissait faire, presque engourdie par la douceur dont il faisait preuve.

Elle le laissa dévoiler son dos à sa vue, lui confirmant ses précédentes pensées. Son dos étaient couvert de marques rouges, certainement mal cicatrisées par manque de soins. Pourquoi n'avait-elle pas été suivie par un médecin ? A l'hôpital, on aurait pu l'aider, la soigner.

Tout ce qu'il pouvait ressentir contre elle semblait s'être évaporé et il était presque triste de voir l'état de son corps. Comment avait-il fait pour passer à côté de ça ?

En se repassant le fil de leur histoire dans son esprit, il prit soudainement conscience de ces petits détails qui auraient pu être des indices. Ces petites choses insignifiantes qui auraient pu la trahir si seulement il avait bien voulu faire attention à elle.

Une sorte de déclic se fit dans son esprit, et il sentit une vague de culpabilité l'envahir. Elle avait souffert, juste devant ses yeux, et il n'avait rien vu.

« Tu en as d'autres ?

-Sur tout le corps.

-Comment ?

-Si je sais que l'on pourra apercevoir mes marques, j'utilise un sort pour les camoufler. »

C'était donc cela ... Depuis le début, elle jouait la comédie, elle dissimulait volontairement son état. Mais pourquoi refuser de se faire soigner ? Il ne parvenait toujours pas à comprendre. Elle n'aurait jamais dû avoir honte de ses blessures. Après tout, son corps à lui était bien loin des standards de perfection, même pour le monde sorcier.

Il garda ses mains le long des bras de la jeune femme, la soutenant presque pour ne pas qu'elle se dérobe. Il n'avait presque pas bougé, se rapprochant uniquement pour qu'elle puisse s'appuyer contre son torse. Ils restaient dans cette position et le temps s'était presque arrêté.

Elle gardait les yeux fermés, savourant ce moment. Elle sentait sa respiration chaude contre son épaule et ce simple détail la rassurait. Il avait vu ce qu'elle cachait à tout le monde depuis des années maintenant, et il n'avait pas faibli.

« Pourquoi tu n'as pas vu un médecin ?

-Personne ne dois voir ça, personne ne doit savoir.

-Hermione ...

-Ose me dire que tout le monde sait ce que tu as vécu. Ose me dire que tu n'as pas gardé pour toi certaines choses pour que personne n'apprenne ce que tu avais vécu.

-Si, je l'ai fait. Et tu crois vraiment que c'est une bonne idée de suivre mon exemple ? »

Elle se tourna pour se retrouver enfin face à lui. Son regard était protecteur et bienveillant, un regard qu'elle ne lui connaissait pas. Depuis quand est-ce qu'une telle chaleur pouvait se dégager de lui ?

Elle se blotti presque contre lui, le laissant passer ses bras tout autour d'elle. Le visage enfoui contre lui, elle ne voulait pas que ce moment s'arrête. Elle voulait reste là, contre lui, et ne plus jamais quitter ces bras si réconfortants.

Pourquoi n'avaient-ils pas passés plus de moments comme celui-ci, par le passé ? Pourquoi n'avaient-ils pas eu de discussion aussi franche avant ? Pourquoi étaient-ils restés murés dans leur silence respectif ?

Ils avaient été idiots et cette évidence semblait leur exploser au visage pour la toute première fois. Ils allaient certainement être bien trop fiers pour l'avouer mais pour tous les deux, cette vérité était claire et impossible à nier.

Elle sentait son parfum à travers ses vêtements et elle avait presque oublié cette odeur si particulière. Autrefois, elle aimait se blottir contre lui mais avec le temps, ces moments de bonheur s'étaient faits de plus en plus rares. Aujourd'hui, elle avait l'impression de retrouver un peu de ce paradis perdu.

Après de longues minutes, il prit son menton délicatement entre son index et son pouce, la forçant à relever les yeux.

« Retourne dans ta chambre, je vais terminer de ranger le laboratoire.

-Ce n'est pas nécessaire, je peux rester. S'il te plait, ne te mets pas à me ménager comme si j'étais une poupée de porcelaine.

-Tu n'as pas besoin d'être forte en permanence, et ça, tu dois l'apprendre. »

Sa voix était rassurante et elle baissa les armes bien rapidement. Elle savait qu'il avait raison, au fond d'elle-même. Mais se battre contre soi était si difficile... Plier sous le poids de ses craintes et ses démons était bien plus aisé.

Presque timidement, elle se mit sur la pointe des pieds, ne le quittant pas des yeux une seconde. En posant la main sur sa joue, elle rechercha une forme d'approbation sur son regard. Il ne disait rien, la laissant faire. Avec toujours autant de timidité, elle déposa lentement ses lèvres sur les siennes.

Ce contact était chaud et électrisant, bien que chaste, les laissant tous les deux à bout de souffle. Comme si une tempête avait soufflé à l'intérieur d'eux, ils étaient complètement chamboulés par ce baiser, autant l'un que l'autre.

Elle quitta rapidement le laboratoire ensuite, trouvant refuge dans sa chambre pour essayer de se remettre de ses émotions. Allongée dans son lit, une seule chose occupait pourtant ses pensées : les lèvres de l'homme.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant