Un soupçon de magie

06 Décembre

La rue commerçante de Pré-au-Lard était certes, moins animée que le Chemin de Traverse, mais on y trouvait toujours son bonheur, peu importe ce qu'on était venu y chercher.

Lorsque sa meilleure amie était venue la retrouver pour un petit moment shopping entre filles, Hermione avait tout d'abord été surprise. Après tout, on ne peut pas dire que la jeune femme avait véritablement pris sa défense la dernière fois qu'elles avaient eu l'occasion de se voir.

Mais aujourd'hui, les désaccords semblaient avoir été mis de côté et la seule préoccupation était de se détendre et de se changer les idées au fil des boutiques dans lesquelles elles entraient.

Même si l'objectif premier était de passer du temps avec Hermione, Ginny était heureuse de pouvoir passer ces instants en dehors de chez elle ou de son travail. Elle avait l'impression de revenir dans le passé, à une époque où justement, sa seule préoccupation était de s'amuser avec ses amis.

L'ambiance entre elles était légère et la rouquine en profita pour amener délicatement le sujet de sa relation avec Severus Snape. Elle savait qu'il serait abordé tôt ou tard, alors autant s'en défaire tout de suite.

« Du coup, est-ce que tu ressens encore quelque chose pour Snape ?

-Je ne sais pas vraiment.

-Comment ça ?

-Il y a quelques jours, j'ai dû retourner chez lui parce que j'y avais oublié un livre.

-Et il était hors de question que tu le lui laisses, j'imagine bien la scène.

-Sauf que j'avais espéré ne pas le croiser. Tout se passait bien, j'avais récupérer le livre et j'allais partir quand il est subitement rentré.

-Et ? Comment a-t-il réagi en te voyant ?

-Je crois qu'on peut dire qu'on s'est disputés et après ... Après la situation nous a échappé. »

Elle n'avait pas besoin d'en entendre plus pour savoir de quelle manière tout ceci avait fini. Son amie lui avait déjà expliqué leurs réconciliations à chaque fois qu'elles avaient eu lieu. A l'époque, elle n'avait pas vraiment été certaine qu'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose et aujourd'hui, elle était tout aussi perdue.

Mais alors, devait-elle considérer qu'ils étaient à nouveau ensemble ? Non, certainement pas vu la réponse qui avait été donné quand elle avait été interrogée sur ses sentiments.

De toute façon, pour le moment, la conversation allait devoir en rester là puisqu'elles entraient dans une boutique de vêtements. Hermione avait dit vouloir se trouver quelques tenues pour affronter cet hiver qui s'annonçait plutôt rude et Ginny comptait bien épier discrètement ses moindres faits et gestes. Elle ne pensait pas que Snape puisse mentir en laissant entendre qu'elle se laissait draguer sous son nez, mais elle avait besoin de le voir de ses propres yeux. Après tout, s'il était d'un naturel jaloux et plutôt taciturne, il pourrait très bien s'énerver pour un banal compliment innocent.

L'occasion se présenta bien rapidement en la personne d'un vendeur. Il semblait avoir leur âge, ou quelques années de plus mais elle n'avait pas l'impression de l'avoir déjà croisé à Poudlard. Pendant qu'elle essayait de deviner à quelle maison il aurait pu appartenir, il s'était approché d'Hermione, lui proposant de l'aide pour porter ses futurs achats.

Elle avait accepté avec un grand sourire, heureuse d'avoir quelqu'un pour lui venir en aide puisque Ginny semblait s'être évaporée.

Ils marchaient entre les tringles de vêtements et elle ne savait pas où donner de la tête, se sentant presque engloutie par tout ce tissu. Le jeune homme sembla remarquer son malaise et se mit à la conseiller gentiment. Il lui montrait des pulls, des robes ou des blouses, argumentant qu'ils lui tiendraient chaud, qu'ils mettraient son teint en valeur ou qu'ils iraient à merveille avec ses yeux.

Elle se laissait faire, sachant pertinemment qu'il essayait certainement de se faire remarquer positivement en la complimentant de la sorte.

A ce moment-là, seulement, elle parvenait à s'aimer à nouveau. Elle avait l'impression de se voir à travers les yeux des autres et elle pouvait se sentir belle, se sentir désirable. La guerre lui avait enlevé tant de personnes mais elle avait également transformé sa vision du monde.

Elle avait marqué son esprit, mais aussi son corps, le transformant en un amas de cellule qu'elle détestait. Devant le miroir, certains jours, elle s'autoflagellait, s'infligeant cette vision d'horreur. Les cicatrices rugueuses et parfois douloureuses, les marques de coups et de morsures qui la renvoyaient dans le passé. Elle n'avait jamais particulièrement aimé son corps, mais depuis la guerre, elle se détestait.

Aujourd'hui, une nouvelle fois, à travers les yeux d'un homme, elle se trouvait belle et elle pouvait oublier ce qu'elle avait vécu. Elle n'éprouvait rien pour ce garçon, c'était certain. Mais pour quelques minutes, il lui offrait ce qu'elle désirait : une image d'elle-même qu'elle parvenait à supporter et même à apprécier.

Alors qu'elle passait à la caisse avec ses articles, elle remarqua que le jeune homme notait quelque chose sur un parchemin qu'il glissa dans son sac. En voyant que ce petit geste ne lui avait pas échappé, il ajouta, un sourire charmeur sur le visage :

« Si un jour, vous avez à nouveau besoin d'aide. »

Elle le remercia, lui offrant le même sourire avant de se retourner pour trouver son amie. La rouquine n'avait rien raté du manège et avait maintenant rejoint son amie pour ressortir.

Elle n'avait jamais connue Hermione de cette manière. Jamais, auparavant, elle n'aurait répondu aux avances d'un inconnu en pleine rue. Au contraire, elle était plutôt du genre à rabrouer la personne, lui faisant connaître le fond de sa pensée, avant de partir rageusement.

Pourquoi donc agissait-elle de la sorte maintenant ?

Cette mission semblait si simple hier, quand ils en parlaient, Minerva, Harry et elle. Mais aujourd'hui, elle se prit à douter. Peut-être se seraient-ils pas assez pour gérer cette situation. Elle ne savait pas si Minerva était finalement retournée voir le professeur, mais pour ce qui était d'Hermione, elle comptait bien en parler à Harry pour en discuter avec lui.