18 Décembre

319 11 0
                                    

La lune était bien haute dans le ciel mais il ne parvenait pourtant pas à fermer les yeux. Allongé dans son lit, il s'était persuadé de quitter son laboratoire et d'arrêter ses préparations il y a près de deux heures, mais il n'avait pas su trouver le sommeil.

Il était obnubilé par sa dernière entrevue avec Hermione et les aveux qu'elle lui avait faits. Il ne passa la main sur la visage, comme si ce geste pourrait le débarrasser de ses pensées.

Il repensait à son dos, sa peau marbrée de cicatrises et transposait cette image sur le reste de son corps. Jamais il n'y avait fait attention et jamais il n'aurait pu la soupçonner d'utiliser un sortilège de dissimulation. Mais elle était visiblement prête à tout pour garder son secret.

Pourtant, elle s'était finalement dévoilée devant lui. Elle lui avait montré la vérité, elle lui avait fait confiance, malgré tout ce qu'il y avait déjà pu avoir entre eux.

Il ne lui cherchait pas d'excuses, mais il pouvait comprendre son avide recherche de compliments et d'attention. Elle était en détresse et ne semblait pas vouloir appeler au secours. Elle aurait pu suivre sa raison, mais ses peurs étaient décidément bien trop fortes.

Et lui dans tout cela ? Lui, il ne connaissait que trop bien ce sentiment. La culpabilité passée, il lui était resté l'envie d'agir, l'envie de faire quelque chose.

Il décida de se redresser, puisque de toute façon, sa nuit semblait bien mal entamée. En attendant que la bouilloire ne chauffe, il ralluma le feu dans l'âtre, le regard perdu dans ses flammes qui prenaient lentement de la force.

Lorsqu'il prit la première gorgée de thé, il savoura cette sensation d'un liquide chaud dans sa gorge. Les couloirs du château ne s'était pas réchauffé, les températures tombant chaque jours un peu plus bas sous la barre fatidique du 0°.

En tournant la tête vers sa bibliothèque, il examina quelques ouvrages. Peut-être allait-il pouvoir trouver une lecture assez captivante que pour le tenir éloigné d'Hermione. Mais chaque livre semblait le ramener à un souvenir avec elle. Il faut dire qu'ils en avaient passé des moments dans cette pièce, installés dans le divan, une tasse de thé fumante posée à proximité, plongés dans l'un de ses précieux ouvrages.

Alors qu'il parcourrait d'un regard le contenu de l'une des étagères, il se stoppa net sur la tranche d'un livre. Quelques secondes s'écoulèrent alors qu'il restait immobile. Son corps semblait pétrifié mais son cerveau fonctionnait à plein régime.

Il voyait de nombreux flashs se succéder dans son esprit, des souvenirs, de ceux qui pouvaient parfois dater de plusieurs années. Il revoyait des moments de son enfance, dans la demeure de ses grands-parents. Il revoyait les centaines de potions qu'il avait pu réaliser à l'époque. Alors que toutes ces images auraient pu le déstabiliser, il avait l'impression d'y voir plus claire.

Il redéposa rapidement sa tasse de thé, retournant dans son laboratoire. Après avoir préparé tout son nécessaire sur son plan de travail, il se tourna vers sa réserve personnelle d'ingrédients à la recherche de ce dont il avait besoin.

Il se saisit de plusieurs fioles avant de revenir face à son chaudron pour réfléchir. Il ne savait pas si la potion qu'il recherchait existait mais il avait une idée précise de ce qu'il voulait faire. Il allait avoir du travail, mais il devait réussir. Le week-end commençait à peine et il était bien décidé à trouver la solution de cette énigme avant lundi.

Minerva était à peine étonnée de ne pas avoir vu le Maître des potions durant les repas du samedi. Lorsque le dimanche, elle ne l'avait pas vu arriver au matin, elle avait tout d'abord espéré qu'il soit en train de dormir. Mais en ne le voyant pas non plus à midi, elle avait eu besoin de se rassurer.

Elle accélérait le pas jusqu'au cachot, un plateau de nourriture lévitant juste à côté d'elle. Elle essayait de se persuader que tout allait bien, mais au fond, elle n'en était pas si certaine.

Peut-être était-il malade. Peut-être avait-il eu envie de profiter d'un week-end seul dans ses appartements. Ou peut-être était-il encore plongé dans son travail, comme embourbé dans des sables mouvants.

Parfois, elle le comprenait d'une certaine façon. Elle-même, plus jeune, avait été passionnée par la métamorphose et elle se souvenait encore trop bien des dégâts de cette passion pour son travail sur sa vie personnelle. Elle avait, à l'époque, perdu celui qui était certainement son véritable amour. Si aujourd'hui, elle avait fait son deuil de cette relation passée, elle ne voulait pas que Severus puisse faire les mêmes erreurs qu'elle.

Elle entra directement dans la laboratoire de Severus, sans même frapper. Elle fut accueillie par des volutes de fumées dont la couleur oscillait entre le bleu et le vert. Quelque peut surprise, elle toussa, battant des mains pour essayer de se frayer un chemin, de mémoire, jusqu'au plan de travail.

« Severus ! Ne pourriez-vous pas aérer cette pièce de temps en temps quand vous travaillez sur autant de potions en même temps ?

-Cessez de vous plaindre Minerva, je travaille comme bon me semble.

-Depuis quand n'avez-vous pas mangé, dormi ou même pris une douche.

-En quoi cela vous regarde ?

-Severus ! »

Elle avait haussé le ton, le faisant presque sursauter. Il avait enfin daigné relever les yeux, lui dévoilant son visage. Elle eut presque peur en découvrant sa mine. Pâle, les traits tirés, la joue marquée par une sorte de purée d'elle ne savait quoi. Ses cheveux étaient maintenus en arrière, dévoilant son front où la sueur perlait.

« Vous avez travaillé tout le week-end pour l'infirmerie, il suffit maintenant. Vous allez me faire le plaisir de sortir de cette pièce, d'aller pendre une douche et de manger quelque chose avant de vous mettre au lit. Je vous excuserai pour la matinée de demain afin que vous puissiez dormir.

-Je n'ai pas besoin que vous me materniez. D'autant plus que je ne travaille pas pour l'infirmerie.

-Qu'y a-t-il de si important pour vous occuper tout un week-end ?

-Rien. »

Elle voyait bien qu'il s'était complètement braqué mais cette fois, elle ne voulait pas le laisser se dérober. Elle avait besoin de savoir ce qu'il se passait au sein de l'école, surtout quand il s'agissait de la santé de ses professeurs.

De son côté, il n'avait pas envie de discuter de la situation avec elle. Ce qu'il faisait ne regardait que lui et il n'avait pas besoin qu'elle vienne fourrer son nez là-dedans. Il n'avait pas besoin de son avis, il n'avait pas besoin qu'elle sache.

« Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus, Minerva. Ca ne vous regarde pas, c'est tout ce que vous devez savoir. Maintenant, si vous me le permettez, j'aimerais pouvoir mettre en pot cette préparation et ensuite, aller me coucher. »

Il afficha un rictus presque victorieux sur le visage, sachant pertinemment qu'il avait gagné. Alors qu'elle quittait la pièce, quelque peu déçue, il fit pourtant ce qu'il lui avait dit précédemment.

Il avait terminé son travail et ces heures sans sommeil n'avaient pas été vaines. Alors qu'il fermait le pot en verre hermétiquement, il soupira de satisfaction. Maintenant, il allait pouvoir trouver le sommeil, il le savait et il comptait bien profiter de ces heures supplémentaires que la directrice elle-même lui avait accordées.

Un soupçon de magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant