Un mois est passé.
Quatre semaines que je discute avec Didier.
Trente jours que monsieur le patron qui n'est pas vraiment mon patron m'ignore, m'évite.
Tout a commencé avec un «ne me dérange pas et hors de ma vue» plein d'exaspération de la part de l'autre tonton. J'aurais préféré qu'il me crie dessus même, au moins là c'est notre manière de fonctionner car je sais qu'il blague – en fait il ne blague pas mais on s'en fout – mais ce ton là, je ne l'ai pas reconnu. Juste parce que je devais aller en ville et remettre le blazer de Didier, bah il me parle comme ça. Ce n'était même pas drôle. Et puis le même soir il a commencé à prendre ses distances – déjà qu'il n'était pas vraiment proche –, à rester dans sa chambre H24. Même les descentes inutiles en bas, rien, finies. Tout se passe à travers sa porte. Comme au début. Et ça sans que je ne comprenne le pourquoi. Merde on s'était même embrassé dans mon rêve quoi? Bon mes rêves, j'avais rêvé de lui une seconde fois, ishhh!
J'ai essayé d'avoir des informations du côté de maman Maggy, au début je voulais faire genre j'essaye de poser des questions sans les poser mais elle m'a grillée. Cette femme c'est trop un baobab quoi! J'ai dû lui dire que l'entente était cordiale mais après c'est devenu le néant. Elle a été surprise comme jamais quand je lui ai dit qu'il sortait même un peu de sa chambre, limite elle pleurait, j'ai même failli verser quelques larmes là, mais bon je suis une thug, les thug ne pleurent pas – loooooolllll –. Bref, elle m'a dit que son cher fils ne s'était pas plaint depuis sa petite crise d'adulte donc je n'ai à me reprocher de rien.
Ok mais c'est alors où le problème ?
J'ai beaucoup réfléchi dessus, je réfléchis beaucoup dessus. J'en ai même parlé à mon couple préféré. Obligée hein, je ne suis pas le grenier ou bien le magasin. Bien évidemment Paul a rigolé, juste un peu parce que Léticia l'a cogné d'une façon....je n'ai même pas eu pitié. J'étais là comme la petite qui a eu son premier chagrin d'amour et qu'on consolait. En fait oui, c'est même mon premier chagrin, le reste là c'était le brouillon frère, les bêtises. Paul m'a aussi un peu parlé du monsieur.
Apparemment il a 30 ans – j'aime alors les vieux hein – et est designer d'intérieur, en parallèle trader. Je n'ai pas osé demander ce que «trader» veut dire sinon on allait voir ma bêtise, et ce n'est pas le moment. Aussi il a été en couple mais c'est fini depuis, genre avant son accident je crois. De son accident on en parle pas. Par respect. Aussi j'ai parlé de Didier, Paul m'a demandé de foncer....vers le mur parce que ce Didier là aussi il ne m'a pas fait d'avance proprement parlé. Mais Léticia quant à elle m'a demandé d'essayer de fouiller du côté de monsieur Bell, qu'elle avait un certain pressentiment.
Hormis ça c'est la rigolade avec eux. Toujours entrain de se taquiner ou de faire les amoureux devant moi – alors que je suis l'enfant....qui rêve de mauvaises choses –. Aussi il y a Didier qui est toujours partant pour m'accompagner en ville ....avec la complicité de Paul parce que notons le, le grand manitou avait exigé que je ne sorte plus seule quand Paul est là. Enfin bref, avec Didier ce sont de supers bons bails,il est mignon et sympa. Mais bon, cette saleté qu'on appelle mon cœur refuse de crusher sur lui. Au moins lui si il me nique – parce que depuis c'est comme si je ne suis dans aucune zone – ça sera dans la paix du Christ. Je n'aurai pas à le revoir chaque jour comme avec l'autre.
Bref, le quotidien ces derniers jours n'est pas évident. Quand je discute avec mes personnes, c'est la joie. Mais dès que ça finit même mes cheveux s'applattissent. Une réelle oscillation entre joie et déprime.
Je fais pitié.
Le comble!
Je dis bien le comble!
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Aim at you
RomanceYaoundé, Cameroun Perdue, sans le sou, Audrey ne sait que faire pour s'en sortir. Cependant, la chance toque à sa porte, chance qui emmène avec elle un homme: Yowan. Blessé, tourmenté, renfermé, il se cache de tout le monde et a pour seul compagnon...