PROLOGUE | La symphonie des regrets

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- Prologue -


LA SYMPHONIE DES REGRETS


Aussi loin qu'il s'en souvienne, Levi Ackerman avait toujours respecté les décisions d'Erwin Smith. Lorsqu'il lui avait proposé de rejoindre le Bataillon, il avait accepté.

Lorsqu'il lui avait demandé de continuer les expéditions après avoir perdu ses deux amis, il l'avait fait. Lorsqu'il lui avait ordonné de rester en retrait pour guérir, il avait écouté.

Levi avait toujours écouté Erwin, mais cela n'avait jamais été l'inverse. Lorsqu'il avait menacé le Major de lui faire perdre l'usage de ses jambes, le haut gradé n'avait pas cédé.

Ce grand homme aux cheveux blonds avait vaincu le puissant caporal d'une façon totalement insoupçonnée. Alors oui. Levi pouvait le penser sans honte :

Erwin Smith avait été le seul capable de le rendre plus doux, moins sauvage et nerveux. Cela n'avait pas été une faiblesse pour le noiraud. Il lui en avait même été reconnaissant.

Tous les ordres auxquels il avait dû obéir lui avaient permis de vivre sans aucun regret. Du moins, il se l'était toujours imaginé.

Il n'en avait jamais parlé, mais il avait bien eu un regret. L'ennui avec celui-ci, c'était qu'il l'avait rongé de l'intérieur pendant très longtemps.


***


C'était le jour où le Bataillon avait entrepris de reconquérir Shiganshina. Ce jour-ci, sa vie avait pris un tout autre tournant. Une nouvelle page de son destin s'était tournée.

La chute avait été brutale ; Levi n'avait pas eu le temps de pleurer les morts, de ramener les corps déchiquetés au bercail... de tenir sa promesse.

Erwin Smith et une escouade entière avaient été tués par le Bestial avant qu'il ne prenne la fuite. La première partie du plan avait été un succès.

Levi, lui, avait échoué. Mais ce n'était pas son grand regret. Avoir échoué lui avait donné la force de poursuivre le combat.


Non.


Il avait toujours regretté de ne pas avoir révélé à Erwin ce qu'il cachait dans son cœur, ce cœur que le Bataillon offrait depuis des décennies.

Bien sûr, Levi avait tenté de ne pas mêler travail et vie privée. Les sorties, les baisers, les plaisirs d'une vie sentimentale... Il n'y connaissait rien.

Le caporal ne s'était jamais senti libre d'aimer non plus, car il avait toujours essayé de survivre. C'était « un putain de boulot à plein temps ».

Levi avait d'avantage été habitué à l'obscurité des bas-fonds qu'à l'amour. À cause de tout cela, il avait regretté de ne pas avoir dit plus à cet Erwin qu'un franc :

Les Vestiges du Passé [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant