16.

57 7 5
                                    


Mardi 1 juin 1944 :
16h12

— Que voulais-tu me dire alors ?

En face de mon petit frère, sur le pont des Arts, j'attends qu'il me fasse part de cette information si important et urgent. Ce dernier m'a appelé plutôt dans la matinée me disant qu'il devait me parler au plus vite, alors me voilà. Sa mine attristée ne me donne aucun présage rassurant, bien au contraire.

— Je partirai demain.

La nouvelle est prononcée d'une voix sèche et confiante, pour autant, je remarque dans son timbre de voix qu'il est légèrement déstabilisé.

— Tu pars ?

— Oui, en Normandie, avec le réseau.

Pourquoi ne suis-je pas au courant ? Je suis pourtant un membre haut placer et étroitement lié avec le chef ? Serait-ce une idée de Taehyung de me le cacher, pour m'empêcher de l'arrêter ?

— Des soldats américains vont débarquer sur les côtes de France dans quelques jours. Et ils ont besoin de soutient à terre pour combattre l'armée allemande.

Ma tête fait aussitôt « non » dans plusieurs gestes répétitifs. Je refuse qu'il aille sur le terrain, il est loin d'être prêt pour ça.

— Non, c'est hors de question.

— Tu n'as pas ton mot à dire. C'est moi qui me suis porté volontaire et ma décision est prise.

— Est-ce que tu te rends compte des risques que tu prends ?

— N'est-ce pas le but même de notre réseau ? Prendre des risques, braver les dangers pour nos libertés ?

Si, bien sûr, mais je ne veux pas que mon petit frère fasse de même. Je tiens à lui et je refuse de le savoir en danger d'une quelconque manière.

— Pas ainsi, pas quand c'est ta première mission.

— Je reviendrai, ne t'en fais pas. Je veux juste agir, faire davantage que cacher des messages dans mon vélo. Je veux me battre contre ces Bosch et libérer mon pays. Alors, je t'en prie, ne m'en veux pas Yoongi.

Je ne lui en veux pas, je le comprends même dans un sens et même si je suis convaincu que cette mission n'est pas une bonne idée, je le laisse partir. Je n'ai pas vraiment le choix après tout.

— Qu'as-tu dit à Papa et Maman ?

— Que je pars chez un ami, le lycée est terminé alors, je mérite sans doute des vacances, tu ne crois pas ?

Mais sa mission n'a pas l'air de rimer avec le mot « vacance », loin de là.

— Je pourrais venir te dire au revoir demain ?

— Je ne pense pas. C'est pour ça que je voulais te voir aujourd'hui, avant de m'en aller.

Suite à cette information, je m'empresse de le serrer contre moi de toutes mes forces, je suis tétanisé, la peur au ventre face à l'annonce de sa première mission loin de moi.

— Sois prudent surtout, ne tente pas l'impossible.

— Je ferai attention, je te le promets.

Sa main fait des mouvements circulaires sur mon dos pour tenter de calmer mon inquiétude. Je ne veux pas le laisser partir, mais je ne peux rien changer, il est déterminé à partir et le réseau ne me laissera pas interférer contre son volontariat.

Il s'écarte finalement de moi pour me regarder dans les yeux et me dire d'un ton bienveillant :

— Fait attention à toi aussi.

Délivrance ✿ NᥲmgιOù les histoires vivent. Découvrez maintenant