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Jeudi 24 août 1944 :
17h30

— Vient.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— Pourquoi donc ?

— Je ne suis pas friand des photos.

— Offre-moi cette faveur. Je t'en prie.

Je veux une photo de nous, une où nous sommes réunis, tous les deux, pour que je n'oublie jamais son visage et me remémore nos moments passés à n'importe quel moment.

Namjoon finit par abdiquer, sûrement fatigué de se battre pour ce genre de chose. Il me suit alors dans les rues parisiennes lumineuses jusqu'à ce que nous arrivions à ce petit commerce d'appareil photo. Le gérant me connaît, c'est un ami de ma mère et il accepte rapidement ma requête.

Je désire une photo de nous deux, en format moyen. Le décor m'est imposé, il n'est pas très luxueux, il s'agit simplement d'une table sur laquelle est posé des coupes de vin ainsi que de la nourriture fictive, des fleurs et un instrument. Namjoon regarde le décor d'un œil froid, mais ça m'amuse malgré tout. Le décor me fait penser à ces tableaux de grand buffet de nourriture pendant la mythologie antique, que j'ai étudié durant mon enfance.

L'homme nous indique nos places respectives. Namjoon est positionné devant, accoudé contre la table, assis sur une chaise dans un ensemble gris à carreaux qu'il s'est acheté récemment. Moi, je suis légèrement derrière, je me dresse dans un costume beige que j'ai repris pour l'occasion.

C'est sans sourire que nous prenons la pose, tous les deux, le visage fermé, mais pourtant dégageant cette émotion qui fait que nous ne regretterons pas cette photo, mais surtout ce sentiment qui montre que nous passons un bon moment.

Le photographe capture finalement ce moment en plusieurs prises avec un flash très lumineux, tout en nous complimentant sur nos physiques soi-disant « photogénique ». Je ne sais pas réellement ce que cela veut dire, je ne suis pas vraiment calé dans le domaine de la photographie.

Je finis par payer cette séance, mais au moment où l'homme me demande combien d'exemplaires, je veux, je ne sais comment répondre. Je me tourne vers lui et demande :

— Tu en voudras une ?

J'espère de tout mon cœur qu'il me dira oui, que lui aussi désire une photo de moi, de nous deux, pendant son long voyage de demain vers son pays natal.

— Oui, pourquoi pas.

Un léger sourire ce grave sur mes lèvres alors que je sors mes billets pour payer le photographe très doué. Je lui demande d'ailleurs entre deux transactions :

— Pour quand seront-elles prêtes ?

— Je les ferais développer pour mardi prochain.

C'est dans longtemps, Namjoon sera partie avant cela. Je me tourne une nouvelle fois vers lui, légèrement dépité par la nouvelle.

— Ce n'est pas grave. Tu me la donneras quand je reviendrai.

C'est avec un cœur légèrement briser que j'acquiesce ces propos. Quand il reviendra... C'est-à-dire dans un très long moment.

Nous partons finalement de la petite boutique, le cœur un peu lourd, mais tout de même comblé à l'idée que j'aurais cette photo pour toujours.

— Tu es satisfait alors ?

— Oui. Ça me tenait à cœur d'avoir une photo de toi.

Il ne répond pas à ma dernière phrase, il continue simplement sa marche et c'est alors que je lui demande :

Délivrance ✿ NᥲmgιOù les histoires vivent. Découvrez maintenant