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Jeudi 6 septembre 1944 :

Je me souviens encore de ce moment. Il y a plusieurs jours, les chars alliés et les grandes figures de la résistance Française se sont pavanés en pleine rue de Paris. La joie se lie sur le visage du peuple et des cris résonnent de partout. Certains pleurent de soulagement, d'autre chante à tu tètes l'hymne de la résistance et de la France.

L'endroit était jovial face à la fin de cette occupation Française. Charles de Gaulle, l'emblème de cette résistance est venu faire un discours le 25 août sous les applaudissements du public et d'autre chef de résistance. Moi, j'étais dans le public, le regard livide et la boule au ventre.

Le soulagement d'être libre était présent, mais ça n'arrivait pas à camoufler les autres sentiments. Celle de la tristesse, lié au fait que je venais de perdre des êtres chers pendant cette guerre, mais surtout du dégoût, de ne pas être reconnu par le groupe dans lequel j'ai combattu durant des années et de ne pas pouvoir défiler avec eux.

On m'a boycotté, enlevé tous les honneurs que j'étais censé recevoir, mais surtout on a rayé les actes de résistance que j'ai commis durant ces années. Et pourquoi ? Pour une simple histoire d'amour avec un Bosch.

Est-ce que je regrette ce qui s'est passé ? Je n'en suis même pas sûr. Tout ce que je sais, c'est que tout se serait bien mieux passé si je ne l'avais jamais rencontré ce soir-là.

Désormais en promenade dans les rues de mon quartier après avoir été cherché le journal, je ne fais que penser à cette journée de libération, mais je vais vite me faire sortir de mes pensées. Sur le chemin, je croise Suzanne, toujours aussi jolie et rayonnante. Elle a l'air de chercher quelqu'un et quand elle me remarque, je sais d'avance que ce « quelqu'un », c'est moi.

— Yoongi, je te cherchais justement !

Elle me fait des mouvements avec ces bras pendant que je m'approche naturellement d'elle, sans comprendre.

— Salut Suzanne. Tu-

— Vite suit moi !

Je n'ai même pas le temps de lui dire plus, de lui demander ce qu'elle me veut ou bien de lui demander comment elle va, elle me prend le bras et s'empresse de courir avec moi dans les rues étroites de la capitale Française.

Je la suis sans me plaindre, essayant par tous les moyens de comprendre ce qu'elle attend de moi et où elle compte m'emmener en pleine journée.

Notre course effrénée en plein soleil s'arrête devant l'épicerie de mon ancien patron et mon journal ne peut que tomber brusquement de mes mains quand je le vois en face de nous.

Il est amaigri, faible et tacheté de marque de blessure, pourtant quand je le vois, je ne peux que sourire de bonheur et de soulagement. Les larmes aux yeux, je m'empressais de le serrer contre moi. Il ne me rejette pas et prend davantage part à l'accolade sincère et amical que je lui offre.

Mon patron est là, devant moi, vivant.
Et ça ne peut que me rassurer.
Il s'en est sorti.

****

Lundi 19 septembre 1944 :

Le souper est silencieux. La radio émet des discours politiques que mon père écoute avec assiduité sans pour autant y réagir. Ma mère et moi mangeons simplement nos soupes sans parler, comme à notre habitude.

Cela va bientôt faire un mois que je suis chez mes parents, je n'ai pas tout de suite l'envie de partir quelque part. J'ai besoin de me ressourcer auprès d'eux et je sens que ma présence apaise ma mère, surtout depuis la mort de mon frère.

Délivrance ✿ NᥲmgιOù les histoires vivent. Découvrez maintenant