Le dimanche fut calme, paisible. Un jour d'hiver où des petites averses ont ponctuées la journée. On attend de la neige dans la semaine qui débute. Je suis en cours de mathématiques, un cours que je ne comprends absolument pas. Ma voisine dort sur sa table, comme le reste de la classe. Je tente de rester attentive et souris à la vue de Mason, au premier rang, affalé sur sa table. Quand je pense que le professeur continue son cours comme si tout allait bien. J'ai pitié de lui et note tout de même des choses sur ma feuille. La sonnerie me libère de ces deux longues heures, je pars en pause. Je me mets sur un banc et ouvre un roman que j'ai emprunté à la bibliothèque.
Je lis une page et parcours la deuxième avant de me désintéresser, la foule de lycéens est très bruyante aujourd'hui. J'observe autour de moi et remarque un attroupement vers le fond du terrain. Je m'y dirige, curieuse. J'entends aux cris de certains que c'est une bagarre. Mon ventre se tord. Je joue des coudes pour pouvoir m'approcher. Mon sang ne fait qu'un tour. Mason est à terre, Royce est sur lui, et lui assène un coup de poing dans les côtes.
Je bouscule les gens sans m'excuser pour arriver dans le centre du cercle. Ni une, ni deux, je me jette sur Royce et le plaque à terre grâce à l'effet de surprise.
—Olympe ! s'exclame Mason, choqué.
Libéré de l'emprise de Royce, il se lève. Je me relève vite et me place devant lui, m'interposant entre les deux. Royce s'avance le regard noir et visiblement furieux.
—Bah voilà la pute que tu défendais ! Tu veux pas dire à ton chien de garde de me foutre la paix ? me demande-t-il ironiquement en se tournant vers moi, les yeux furibonds.
Je demande un peu désorientée:
—Quoi ?
Mason évite mon regard. Mon cœur s'accélère. Mason se tait et garde la tête baissée et détourné de nous, comme un enfant ayant été pris en flagrant délit
—Pourquoi vous vous battiez ? dis-je à Royce d'un ton froid.
Il ricane et déballe en fixant Mason.
—Ton abruti de petit-copain s'est jeté sur moi.
—Ça ne répond pas à ma question.
Je comprends qu'il ne connaît pas la raison et me tourne vers le brun.
—Mason ?
Mon ton est similaire à celui qu'aurait une mère essayant de faire avouer à son enfant une bêtise. Un long silence suivit, je soupire. Les élèves se sont dispersés et la cloche a retentit.
—Excuse-le Royce dis-je simplement, ne cherchant pas plus de justifications.
—L'excuser ? il rit. Déjà que tu m'as bien fait chier, alors là c'est le pompon, tu me demandes de l'excuser ? Et si je veux pas ?
—Je suis-
Je tombe à terre. Son poing a heurté ma joue, je sens du sang couler. Le coup résonne dans mon crâne, je mets quelques secondes à recouvrer mes esprits. Mason s'est accroupi vers moi.
—Oly ! Ça va ?
Je me redresse et vois le blond remettre sa bague correctement, celle-ci est tâchée de sang, probablement le mien.
—Tes dettes sont payées, Olympe McFarner, pour l'instant. Quant à toi Mason, on se reverra.
—T'es qu'un enfoiré !
Il s'apprête à se lever mais j'attrape son bras et le retient.
Je souffle:
—Ça suffit.
Royce part, satisfait, avec quelques hématomes qui vont sûrement apparaître d'ici demain, et je reste assise, dans l'herbe, avec Mason à côté de moi qui bout.
—Allons nous-en, dis-je.
Il me regarde. Ses yeux verts me fascinent toujours autant, mais il coupe court à ma contemplation en disant:
—Il ne t'a pas trop fait mal ?
Je touche ma tempe, et observe mes doigts rouges. Mason confirme:
—Oui tu as une petite plaie.
Il pose sa main sur ma joue et passe son pouce dessus, je grimace.
—Allons soigner ça, déclare-t-il en se levant.
Je m'apprête à faire de même lorsqu'il me prend et me porte en princesse, une main dans le dos et une sous les genoux.
—Qu'est-ce-que tu fais ?
—J'emmène la princesse loin du méchant dragon, ça se voit pas ?
Je rigole, et pose ma tête contre son torse. Je reprends un rythme cardiaque normal et me calme peu à peu. Je garde tout de même à l'esprit qu'il me doit des explications. Pour une fois que c'est lui qui m'en doit... Nous passons devant le banc sur lequel j'ai laissé mes affaires.
—Faut que je récupère mon sac.
Il me dépose doucement et j'attrape donc mon livre et le fourre dans mon sac à dos. Nous quittons ensuite le lycée et allons vers sa voiture.
—Où va-t-on ?
Il déverrouille celle-ci et monte dedans, je fais de même.
—Chez moi, il n'y aura personne.
—Pourquoi je te fais honte ? dis-je la voix teintée de sarcasme.
—Non, mais j'ai pas envie qu'on nous dérange et qu'on nous voit dans cet état.
J'hoche la tête et il met le contact. Sur la route j'ose demander:
—Pourquoi vous vous êtes battus ?
—Il t'a menacé, Vincent m'a tout dit.
Un soupir m'échappe. Pourquoi il s'en mêle ? Ça n'aurait jamais déraper jusque là tout de même. Si ? Et puis je ne vois pas pourquoi Vincent a ressenti le besoin d'en parler à Mason. Lui et moi sommes amis, pourquoi tout le monde s'entête à le prévenir dès qu'il m'arrive quelque chose ? Je réponds agacée:
—Tu n'aurais pas dû te battre pour ça, ça ne te regarde pas.
C'est à son tour de soupirer. Il passe une main dans ses cheveux.
—J'ai besoin... de te protéger.
Sur cette phrase, le silence s'installe. Je la repasse dans ma tête. C'est une sorte de déclaration ça ?
Avec Paul ça avait été simple: il m'avait embrassé, on était ensemble. Mais j'ai embrassé Mason pour faire fuir mon ex, mais on en a jamais reparler, puis on s'est embrassé puis ignoré et rebelotte... Tout est compliqué. Avec les autres garçons, j'arrive à discerner les actions et leurs intentions. Mais avec Mason, tout est trouble. Je ne sais pas si c'est de l'amitié, pourquoi il m'a embrassé, est-ce un jeu pour lui ? Même si pour Kessy tout est clair, je me méfie. Car elle a tendance à s'imaginer une histoire d'amour avec le premier garçon qu'elle croise. Mon jugement est flou et je peine à voir les signes qui pourraient me montrer que je ne rêve pas. Comme si mes sentiments pour lui me cachaient les yeux. Mes sentiments pour lui...
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Grab My Hand (Auto-Publié)
Teen FictionBeaucoup disent que l'adolescence est la naissance de l'adulte que deviendra l'enfant. Autrement dit, la période la plus compliquée. Et pour Olympe, c'est une véritable bataille entre elle-même et le monde qui se livre. Après l'été qui a bouleversé...