Nous arrivons devant l'hôpital. La peinture est vieille et s'écaille sur la façade, bien qu'elle soit refaite à l'intérieur. Mason n'a pas posé de question, il est resté silencieux et attend que je lui explique la raison de notre venue ici. Je vais à l'accueil, demandant la chambre de mon frère (même si je la connais déjà) et demande au passage si je peux lui rendre visite dans l'immédiat. La femme de l'accueil me demande simplement d'informer l'infirmière de la chambre. J'hoche la tête et intime à Mason de me suivre.
Dans le couloir désert je soupire et annonce:
—On va voir mon frère, il a eu un accident cet été et il est ici depuis.
—Je suis désolé... Il va bien ?
—Tu vas le voir par toi-même...
J'essaye de ne pas me montrer agressive et de refouler mon envie de me refermer totalement sur moi-même. Je dois lui faire confiance. Depuis qu'il est dans ma vie, il fait tout pour me rendre heureuse -même si ça m'a apporté quelques sautes d'humeur- et je crois au fond de moi que je commence à m'attacher à lui... Malheureusement ?
Bref, nous arrivons devant la porte. Mason a remarqué que nous étions entrés dans la section de l'hôpital réservée aux soins intensifs. Jeremy y a été mis il y a deux jours à cause de son état qui se dégradait. Je lance un regard à Mason qui me regarde avec des yeux remplis de tendresse. Il semble presque protecteur. Je pose ma main droite sur la poignée et avant que je ne puisse l'actionner, ma main gauche se retrouve dans celle de Mason. Il émet une pression rassurante. Je sers sa main et entre, lui à ma suite. Nous ne nous lâchons pas la main et je le sens sursauter à la vue de mon petit frère, allongé, pâle avec un appareil le faisant respirer artificiellement. Je me suis habituée à le voir ainsi, même si ça ne me fait pas plaisir.
Je ne parle pas, je m'avance simplement, lâchant la main de mon 'ami' pour m'asseoir au chevet de mon frère. Mason reste en retrait, je sens son regard sur moi mais n'y prête pas attention. Je caresse la tête de mon petit frère et lâche un soupir. Cela fait bien longtemps que je ne pleure plus, mais le voir comme ça m'oppresse et me fend le cœur. Je remarque le cadre avec notre photo de famille sur une commode: les infirmiers ont pris le temps de le déplacer, c'est une très gentille attention. Les cheveux blonds de mon frère s'allongent de plus en plus et je me dis que la première chose que l'on fera quand il sera de nouveau avec nous sera de l'emmener chez le coiffeur sous ordre de maman. Nous irons aussi probablement manger une glace après car Jeremy ne supporte pas qu'on touche à sa coiffure, ni à son visage d'ailleurs. Je soupire à la pensée de ma mère dans le salon et lui sur une chaise, elle bataille pour le faire tenir en place et lui retirer quelques centimètres. La nostalgie me serre le cœur et je souffle un grand coup pour éviter de laisser la boule dans ma gorge grossir.
Soudain je sens deux bras enlacer mes épaules. Mason, a pris le second tabouret et s'est mis derrière moi pour me prendre dans ses bras. Je me laisse aller en arrière, contre son torse. Ma tête vient se reposer sur son épaule.
—Si tu veux te lâcher, vas-y, je ne te jugerai pas.
J'entends son souffle et son pouce caresse mon épaule. Il me tient avec force et tendresse, comme un parachute qui attend de se déployer dans ma chute. Il pose sa tête sur la mienne et nous restons ainsi quelque temps, hors de nos frontières respectives, dans la faiblesse de l'instant.
***
Nous sommes, Mason et moi, au parc, où nos amis nous ont rejoint. Kessy m'a posé des questions que j'ai esquivé, et nous voilà donc, Joshua, Dynn, Ayden, Mason, Kessy et moi assis dans l'herbe, en train de profiter d'une journée plus chaude de novembre. Kessy parle activement de sa soirée de Noël avec Joshua et Ayden. Dynn et Mason parlent entre eux aussi et moi, je fais ma meilleure sieste sur le tapis de pique-nique apporté par ma meilleure amie. Je profite de la sensation du soleil qui réchauffe ma peau lorsque quelqu'un décide de me faire de l'ombre, j'ouvre alors les yeux.
—Ça va ? Tu dors bien petite ?
—Pour la énième fois Dynn, je ne suis pas petite et dégage, tu me fais de l'ombre.
—Lève ta tête, tu vas avoir des crampes aux bras à force de t'en servir comme oreiller.
—Je vais surtout avoir des crampes à la langue à force de te parler.
—Sale petite peste !
Je n'ai pas le temps de réagir qu'il me soulève et me met sur son épaule en mode 'sac à patate' et se met à courir.
—Lâche-moi ! Dynn ! Bordel, pose moi par terre !
Lui, rit aux éclats et lance à ses amis visiblement amusé par la situation:
—Le premier qui sauve la demoiselle à le droit de lui donner un gage !
—Quoi ?! T'es sérieux ! Je te préviens protège tes partis parce que ce soir tu seras stérile !
—Haha ! Mais bien sûr ! Voyons voir lequel de tes chevaliers va m'attraper !
Ni une ni deux je vois Mason et Ayden s'élancer vers Dynn et donc vers moi. Ce crétin se remet à courir dans le sens inverse. Les passants nous dévisagent, mais semblent s'en foutre totalement ! Mason et Ayden bloquent alors Dynn dans un coin du parc. Dynn lève les mains, se rendant, j'en profite pour balancer mon pied qu'il tenait précédemment, dans son entre jambe. Il se plie en deux et je tombe en arrière. Deux bras essayent de m'attraper au vol mais je sens qu'ils lâchent rapidement. Je tombe alors sur quelqu'un.
Je me retrouve allongée sur le dos, sur quelqu'un. Je vois Ayden 'se battre' avec Dynn. J'en déduis que je suis sur Mason. Je me retourne et me retrouve à quatre pattes, au-dessus de Mason. Ni une ni deux, je me relève et enlève la terre de mes vêtements. Il se relève aussi.
—Désolé je ne voulais pas... C'est ce crétin de Dynn...
—J'ai le gage ! Dit-il avec un sourd narquois.
—Non, c'est Dynn, j'ai jamais approuvé ça moi !
Il me fait les yeux du chiot triste, mon dieu je peux pas résister ! Heu, je peux pas résister au chiot hein, pas à Mason... bref...
—D'accord... Que veux tu ?
—Hmm, laisse moi y réfléchir et quand je saurai je te dirai.
—Ok. Il faudrait peut-être aller séparer les deux zigotos là-bas !
—Allons-y.
Après les avoir séparés, nous passâmes une après-midi joyeuse, qui me fait vraiment du bien après la visite à l'hôpital. Je n'y ai pas repensé mais note de rendre visite à Lily et Hélène. Ça fait longtemps que nous ne leur avons pas fait de coucou avec Kessy. En plus, Lily doit attendre que je revienne lui donner des nouvelles de Jeremy. Dynn s'est remis de mon coup dans ses parties, même si j'ai dû tout de même m'excuser car il était visiblement blessé dans son égo. Nous avons passé le reste de notre sortie à discuter et à nous pourchasser mutuellement, comme des enfants.
Mason me ramena chez moi et avant que je ne sorte, il me dit:
—J'ai trouvé ce que je veux pour ton gage.
—Dis-moi.
—Je peux demander tout ce que je veux ?
—Dans la limite du légal, oui.
Il hoche la tête et me tend sa joue, je souris et lui fais un bisou sur celle-ci.
—Bonne nuit, Mason.
Je rentre chez moi, le cœur léger et l'esprit occupé par un homme.
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Grab My Hand (Auto-Publié)
Dla nastolatkówBeaucoup disent que l'adolescence est la naissance de l'adulte que deviendra l'enfant. Autrement dit, la période la plus compliquée. Et pour Olympe, c'est une véritable bataille entre elle-même et le monde qui se livre. Après l'été qui a bouleversé...